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L'artiste a mis en vente une série de billets sur lesquels figurent son portrait. L'ambition de la « Hamoney », au-delà de sa valeur artistique, est de déployer un réel projet monétaire : chaque billet sera enregistré dans la blockchain et bénéficiera d'une valeur en cryptomonnaie.
Vous avez probablement déjà croisé ce visage, peut-être sans vous en rendre compte. L'artiste John Hamon est connu depuis une vingtaine d'années pour afficher son portrait – une photo d'identité prise lorsqu'il avait 17 ans - dans les rues de Paris et d'autres grandes villes du monde. Évoluant dans le monde du street-art, il a d'abord réalisé des collages avant de s'attaquer à des projections pirates sur les plus célèbres monuments dont le Louvre, la Tour Eiffel ou Notre-Dame. Son travail, qu'il considère devoir être toujours « en mouvement », prend une nouvelle dimension avec la production de billets à son effigie : la « Hamoney ». L'artiste vient d'en faire imprimer 5000, chacun disposant de toutes les caractéristiques d'une véritable monnaie : filigrane, microtextes, hologramme... Leur valeur, 0 euro, fait écho à sa devise : « C'est la promotion qui fait l'artiste ou le degré zéro de l'art ». Sur les 5000 billets imprimés, les 100 premiers sont vendus numérotés et signés. Les numéros 101 à 1000 sont réservés pour être regroupés dans des planches ou des liasses. Les numéros 1001 à 2500 sont en vente depuis le 4 décembre, tandis que les numéros suivants, de 2501 à 5000, seront disponibles plus tard au moment du lancement officiel de la crypto-monnaie. Selon Guillaume Horen, fondateur de la galerie Achetez de l'Art qui accompagne John Hamon dans ce projet, « John est le chantre de l'art promotionnel, tous les supports sont bons. Il a projeté et affiché sur un grand nombre de monuments. Le billet est un excellent moyen pour que son art soit diffusé ou arrive entre les mains des collectionneurs ». Rencontre avec l'artiste.
John Hamon. - Mon travail est lié à ce que j'appelle « la promotion ». Il y a donc plusieurs lectures dans cette phrase. D'un côté, il y a les excès du marketing et de la marchandisation, deux notions que je critique et que j'associe à l'art, car parfois les œuvres et les artistes sont considérés comme « des produits comme les autres ». Mais la démarche n'est pas que critique, il faut y voir un aspect philosophique. L'intérêt du mot « promotion » est son étymologie. Il faut y entendre « faire avancer », « mettre en mouvement ». Tout est en mouvement, c'est quelque chose d'essentiel à l'existence. C'est cette ambivalence qui est intéressante.
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John Hamon. - J'aime me positionner par rapport à de grands symboles ou des institutions. C'est par exemple le cas lorsque j'organise une projection pirate sur l'Assemblée nationale, ou que je me positionne de façon critique face aux institutions culturelles. Pour le projet de la Hamoney, je pars d'un domaine qui n'est pas le mien à la base : l'économie. Dans la monnaie, je vois un symbole comme un autre, et le billet est un support promotionnel. Ce billet a une « valeur zéro », ce qui n'est pas une valeur monétaire en soi. 1500 ont été mis en vente à partir de 3 euros, afin qu'ils soient accessibles à tous. Le prix augmente de 1 euro tous les 100 billets vendus. Il y a dans cet acte de promotion l'idée d'arriver à donner une valeur monétaire à un billet qui n'en a pas. L'objectif symbolique de la démarche est que la valeur artistique dépasse la valeur monétaire maximum des billets en euros. Le pied de nez aux institutions arriverait alors à son apogée.
John Hamon. - L'ambition du projet est aussi de mettre en place un réel projet monétaire lié à l'art, en donnant une valeur en cryptomonnaie aux billets. Il s'agirait de l'une des premières cryptomonnaies d'artiste, lancée pour accompagner la mouvance des monnaies virtuelles, qui me semble être porteuse de symboles en matière de liberté et de décentralisation. Les billets et les pièces sont des outils de propagande pour les détenteurs du pouvoir depuis au moins l'Antiquité. Comme lorsque je projette sur des monuments qui nous écrasent, quand j'appose mon portrait sur ce billet, c'est pour reprendre le pouvoir. C'est pour reprendre cette importance en tant qu'artiste, en tant qu'humain. Les institutions ont tendance à nous écraser, lorsque l'on s'y confronte, on voit que l'on est finalement peu de chose. C'est le rôle des artistes de s'affirmer pour pouvoir exister. Faire mouvoir, c'est exister.
Un projet qui rencontre un succès fulgurant Une dizaine de jours après le lancement du projet, il ne reste plus qu'une centaine de billets à vendre sur le site d'Achetez de l'Art. Les 30 planches à billets, imprimées sur du papier japonais par l'atelier Clot, sont d'ores et déjà entre les mains de collectionneurs ainsi que les 100 premiers billets signés.
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