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L'action Bouygues soutenue par Equans et les carnets de commandes, mais la rentabilité reste à reconstruire

Avec une progression de plus de 30 % depuis le début de l’année, l’action Bouygues a surpris par sa vigueur boursière, portée par la transformation d’Equans et la solidité des activités construction. Mais le profil bénéficiaire reste fragile à court terme, avec un résultat net négatif au T1 2025. Le titre mérite-t-il encore d’être renforcé ?

L'action Bouygues soutenue par Equans et les carnets de commandes, mais la rentabilité reste à reconstruire
Temps de lecture : 4 minute(s) - Par | Publié le 18-06-2025 06:30

Des fondamentaux opérationnels en amélioration, mais un résultat net toujours en berne

Le chiffre d’affaires consolidé du groupe Bouygues au premier trimestre 2025 s’élève à 12,6 milliards d’euros, en hausse de 2,2 % par rapport à l’an passé. Cette progression est tirée par Colas, Bouygues Construction et Bouygues Telecom, qui bénéficiait pour la première fois d’un trimestre complet avec La Poste Telecom.

Plus significatif encore : le résultat opérationnel courant des activités (ROCA) progresse fortement pour atteindre 69 millions d’euros, contre seulement 26 millions un an plus tôt. Cette amélioration est attribuable principalement à Equans, dont le ROCA grimpe de 44 millions d’euros sur la période pour s’établir à 177 millions, avec une marge de 3,8 %. Une progression qui reflète une bonne exécution du plan Perform, élément stratégique du recentrage du groupe sur les services à forte valeur ajoutée énergétique et industrielle.

Cependant, l’amélioration opérationnelle ne suffit pas à compenser les effets non courants et la fiscalité accrue. Le résultat net part du groupe reste négatif à -156 millions d’euros. Hors contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises en France (impact de 33 millions), il se redresse à -123 millions d’euros, soit une amélioration de 23 millions d’euros. L’élément fiscal a un effet très pénalisant en ce début d’année : la charge d’impôt s’élève à 63 millions d’euros, contre 7 millions un an auparavant.

Par métier, les contrastes demeurent forts. Les activités de construction enregistrent un ROCA négatif de -240 millions, notamment du fait de la saisonnalité de Colas. En revanche, Bouygues Construction affiche une marge d’activités de 2,9 %, en amélioration sur un an. Bouygues Immobilier limite ses pertes avec un ROCA de -7 millions contre -26 millions un an plus tôt, soutenu par une légère reprise des réservations logements. Quant à Bouygues Telecom, il voit son ROCA reculer de 29 millions, pénalisé par la hausse de la taxe IFER, l’augmentation des coûts d’énergie et l’effet dilutif de La Poste Telecom.

La structure financière reste solide avec une liquidité élevée (14,8 milliards d’euros) et un endettement financier net à 7,1 milliards, en amélioration de 645 millions sur un an malgré 1,2 milliard d’euros d’acquisitions.

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Une visibilité portée par des carnets record, mais quelques fragilités dans l’immobilier et les télécoms

Le principal point d’appui pour Bouygues reste la qualité exceptionnelle de ses carnets de commandes dans les métiers historiques. Fin mars 2025, les activités de construction cumulent 34,2 milliards d’euros de commandes, en hausse de 12 % sur un an, offrant une visibilité importante sur les flux futurs. Le carnet de Bouygues Construction grimpe de 17 %, porté par des contrats significatifs en France et à l’étranger, y compris un data center, un CHU à Rennes ou encore la modernisation d’aéroports à Chypre.

Colas enregistre aussi une forte dynamique commerciale, notamment grâce à deux contrats ferroviaires majeurs signés au Maroc et au Royaume-Uni. Le carnet rail est en hausse de 18 % sur un an. En revanche, Bouygues Immobilier reste plombé par un marché immobilier en panne et un carnet en repli de 11 %, bien que les réservations logement affichent une hausse encourageante de 12 %.

Chez Equans, le carnet de commandes atteint 26,4 milliards d’euros, en légère hausse. La transformation stratégique en cours porte ses fruits, mais une part d’attentisme est signalée sur certaines activités en Europe. La filiale vise toujours une marge de 5 % à l’horizon 2027, contre 3,8 % aujourd’hui, avec une génération de cash attendue solide (80 % à 100 % du ROCA avant BFR).

Bouygues Telecom, pour sa part, continue d’enrichir son portefeuille fibre (près de 39 millions de prises commercialisées) et mobile, mais son EBITDA après Loyer recule à 415 millions d’euros (-14 millions sur un an). L’opérateur est confronté à une pression sur ses marges dans un marché concurrentiel, malgré une croissance du chiffre d’affaires facturé aux clients (+6 %).

TF1 enfin, dans un marché publicitaire atone, maintient sa part d’audience sur les cibles stratégiques, tout en poursuivant son développement digital. Sa marge des activités s’établit à 8,3 %, en progression d’un point.




Un titre faiblement valorisé dans un secteur en redéfinition

Autour de 38,05 €, l’action Bouygues affiche une hausse de 33 % depuis le début de l’année, surperformant nettement son secteur (+13 %) et l’indice STOXX600 (+6,6 %). Elle reste néanmoins 4,5 % sous ses plus hauts annuels, ce qui reflète probablement le regain de prudence du marché face à la dynamique bénéficiaire.

D’un point de vue de valorisation, le titre présente un PER (Price Earnings Ratio) prévisionnel de 9,5, très inférieur à la moyenne du secteur (14). Ce niveau reflète à la fois une prudence sur les perspectives bénéficiaires (révisions en baisse depuis fin mai) et un attrait potentiel pour des investisseurs recherchant un point d’entrée sur une valeur faiblement valorisée.

En parallèle, le dividende attendu est de 5,5 %, un niveau élevé comparé à la moyenne sectorielle de 2,6 %, et raisonnablement couvert par les résultats anticipés. La valorisation reste attrayante en termes d’actifs nets, avec un cours de Bourse inférieur à la valeur comptable de l’entreprise.

La faiblesse relative des fonds propres (22 % contre 37 % dans le secteur), combinée à une rentabilité des capitaux (ROE) inférieure à la moyenne, explique en partie cette décote persistante. Mais la stabilisation du ROE à 8 % et le retour progressif à une croissance bénéficiaire (objectif près de +13 % à long terme) pourraient initier une revalorisation si les résultats semestriels confirment l’amélioration opérationnelle observée au T1.

À noter enfin : la sensibilité du titre aux marchés reste relativement faible, ce qui en fait une valeur défensive dans un portefeuille diversifié.



Profil défensif à surveiller, mais pas de catalyseur immédiat pour un rerating rapide

Dans une optique de portefeuille diversifié, Bouygues peut être considéré comme un titre de fond de portefeuille à profil défensif. L’entreprise affiche une faible sensibilité aux mouvements de marché et un rendement attractif. Son profil reste dominé par des activités récurrentes (infrastructures, télécoms, services), qui devraient jouer un rôle amortisseur en cas de retournement de cycle.

Cependant, plusieurs éléments incitent à la prudence dans l’immédiat. D’abord, le redressement des marges reste lent et inégal selon les branches. Ensuite, les révisions bénéficiaires sont orientées à la baisse depuis mai, ce qui limite les perspectives de rerating. Enfin, la visibilité sur l’environnement macroéconomique, en particulier dans la construction et les télécoms, reste incertaine.

L’action se traite avec une décote sectorielle significative, mais justifiée en partie par son profil de rentabilité inférieur à ses concurrents comme Vinci, Spie ou Eiffage. Le potentiel de hausse vers l’objectif de cours de 40 € (+5 %) est donc conditionné à des preuves tangibles de redressement bénéficiaire au second semestre.

Pour un investisseur prudent, la position peut être conservée comme composante défensive, en attendant les résultats du premier semestre prévus fin juillet. Pour un investisseur plus offensif, un renforcement n’est envisageable qu’en cas de stabilisation des révisions bénéficiaires et de confirmation des objectifs de marge, notamment chez Equans.

Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.

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