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L’action Airbus entre résilience industrielle et tensions de valorisation

Après un parcours boursier en forte hausse sur trois ans (+60,51 %), l'action Airbus semble marquer une pause en 2025, avec une progression plus mesurée de +5,13 % depuis le 1er janvier. Alors que le groupe a publié des résultats solides au premier trimestre et que le consensus des analystes reste globalement positif, la question se pose : Airbus dispose-t-il encore d'un véritable potentiel d'appréciation à court et moyen terme, ou faut-il désormais se montrer plus sélectif ?

L’action Airbus entre résilience industrielle et tensions de valorisation
Temps de lecture : 4 minute(s) - Par | Publié le 17-06-2025 06:00

Un premier trimestre soutenu par le carnet de commandes et la diversification

Le chiffre d’affaires consolidé d’Airbus au premier trimestre 2025 s’établit à 13,5 milliards d’euros, en progression de +6 % sur un an. Dans le détail, les activités d’aviation commerciale représentent 9,5 milliards (+4 %), les hélicoptères 1,6 milliard (+10 %), et la défense & espace 2,7 milliards (+11 %). Cette dynamique reflète une solidité opérationnelle dans un environnement encore marqué par des tensions sur la chaîne d’approvisionnement.

Airbus a livré 136 avions commerciaux au T1 (contre 142 au T1 2024), avec une ventilation équilibrée entre les différentes gammes (17 A220, 106 A320, 4 A330 et 9 A350). Si ce recul du nombre de livraisons aurait pu peser sur la performance, il est plus que compensé par un effet de change favorable et une maîtrise des coûts de production. Le groupe maintient sa trajectoire de montée en cadence vers 75 avions A320 par mois en 2027, et poursuit l’objectif de 820 livraisons sur l’année.

Dans les hélicoptères, les 51 unités livrées (+1 sur un an) confirment la robustesse de cette branche, dopée par le lancement du H140 et par la progression des services associés. Côté défense, les commandes atteignent 2,6 milliards d’euros, en forte hausse par rapport au T1 2024 (2,0 milliards), avec une amélioration sensible de la rentabilité.

L’EBIT ajusté, indicateur clef de la rentabilité opérationnelle, progresse de +8 % à 624 millions d’euros. En revanche, l’EBIT publié recule de -22 % à 473 millions d’euros, en raison notamment de charges ponctuelles liées au plan d’adaptation des effectifs dans la division Défense & Espace et à des ajustements comptables divers.

Enfin, la génération de cash reste temporairement négative (-296 millions d’euros de free cash flow), mais en très nette amélioration par rapport au T1 2024 (-1,799 milliard). Elle reflète les investissements liés au ramp-up de production et au renouvellement de la chaîne d’assemblage.

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L’innovation et la défense européenne en soutien, mais les incertitudes persistent

Le carnet de commandes d’Airbus reste extrêmement solide, avec 8 726 avions commerciaux en portefeuille au 31 mars 2025, un chiffre en progression par rapport à l’an dernier. Les commandes nettes du trimestre atteignent 204 appareils, contre 170 au T1 2024. Le contexte géopolitique, bien qu’incertain, joue en faveur des activités de défense du groupe, qui bénéficient d’un soutien accru des États européens dans le cadre de la relocalisation stratégique de certaines capacités.

L’activité Hélicoptères, souvent considérée comme un amortisseur conjoncturel, confirme sa pertinence stratégique, notamment sur les marchés civils en forte demande (sauvetage, sécurité, maintenance offshore). La diversité de l’offre et la performance sur les services permettent à cette division de maintenir une dynamique favorable.

Airbus continue par ailleurs d’investir massivement dans sa transformation technologique. Les dépenses de R&D se sont élevées à 673 millions d’euros au T1, en repli par rapport au T1 2024 (743 millions), mais restent significatives pour un groupe industriel. L’objectif est de sécuriser sa feuille de route environnementale (avions bas carbone, hydrogène, SAF) tout en maintenant sa compétitivité face à des concurrents américains sous perfusion de soutien étatique.

Toutefois, plusieurs éléments de friction subsistent. Le groupe évoque des tensions persistantes avec certains fournisseurs stratégiques, notamment Spirit AeroSystems, qui freinent temporairement le ramp-up de l’A350 et de l’A220. Ces difficultés ne remettent pas en cause les objectifs annuels, mais soulignent la dépendance aux partenaires industriels. Par ailleurs, les incertitudes sur les droits de douane internationaux et sur la vigueur de la reprise du trafic aérien dans certaines zones (notamment Asie) pourraient peser sur les marges à terme.

Enfin, la baisse de la trésorerie nette à 11,0 milliards d’euros (contre 11,8 fin 2024) reste à surveiller, même si elle demeure confortable dans l’absolu.




Une valorisation encore modérée au regard de la croissance attendue

Sur le plan de la valorisation, le titre Airbus reste raisonnablement évalué. Le PER estimé à long terme est de 18x, en ligne avec la moyenne du secteur (17) mais sensiblement au-dessus de sa médiane historique (15). Ce niveau de valorisation semble justifié par une croissance bénéficiaire attendue de +20 % par an à horizon 3 ans, supérieure à celle du secteur (+15 %).

La rentabilité sur fonds propres (ROE) est solide à 22 %, très supérieure à la moyenne sectorielle (12 %), ce qui traduit une bonne efficacité dans l’allocation du capital. La marge EBIT reste quant à elle un cran en dessous des leaders du secteur (7 % contre 9 %), mais elle s’améliore (9 % au dernier point trimestriel), ce qui reflète les efforts de productivité en cours.

Du côté de la valorisation bilancielle, Airbus affiche une valeur comptable équivalente à 16 % de son cours de Bourse (Book-to-Price), un ratio relativement faible. Il traduit un actif net par action limité, cohérent avec un modèle peu capitalistique par rapport aux cash-flows futurs attendus.

Le dividende prévu pour 2025 est de 3,00 €, soit un rendement de 1,7 %. Ce niveau est faible comparé à d’autres valeurs industrielles européennes, mais le taux de distribution reste prudent (30 % des bénéfices estimés), laissant une marge de manœuvre pour la croissance future.

Le consensus fixe un objectif de cours compris entre 1884 et 188 €, soit un potentiel de hausse de +15 à 16% % environ. Ce potentiel repose sur une combinaison d’arguments : montée en cadence de la production, redressement progressif des marges, carnet de commandes pléthorique et discipline financière retrouvée.



Une valeur cyclique robuste pour portefeuille offensif bien calibré

Airbus apparaît aujourd’hui comme une valeur cyclique de qualité, bien positionnée pour profiter de la reprise de l’aviation commerciale tout en bénéficiant du soutien structurel des budgets de défense européens. Sa volatilité reste élevée et sa sensibilité aux variations du marché la rendent inadaptée aux profils purement défensifs.

Néanmoins, sa capacité à surperformer dans les phases haussières et sa valorisation encore modérée au regard des perspectives bénéficiaires en font un actif attrayant pour un portefeuille offensif ou diversifié à dominante industrielle.

Pour les investisseurs long terme, Airbus conserve de solides atouts structurels. Le timing d’entrée semble pertinent autour des niveaux actuels, à condition d’accepter un certain degré de volatilité. Un renforcement pourrait être envisagé en cas de repli vers les 150 €, zone historiquement plus attractive. En revanche, une montée brutale au-delà des 180 € sans confirmation des marges ou du cash-flow dégagé rendrait le titre plus vulnérable à une correction.

Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.

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