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À la Bourse de Paris, l'action L'Oréal cote aux alentours de 375 €, en hausse de +9,74 % depuis le début de l'année. Sur trois ans, elle affiche un gain solide de +19,19 %, malgré une volatilité accrue au cours de l'année 2024. À la lumière des résultats du premier trimestre et des dernières données d'évaluation financière, la question centrale est la suivante : le potentiel boursier de L'Oréal est-il suffisant pour justifier sa prime de valorisation face à un marché de la beauté en mutation ?
Au premier trimestre 2025, L’Oréal a enregistré un chiffre d’affaires de 11,73 milliards d’euros, en progression de +4,4 % à données publiées et de +3,5 % à données comparables. Cette performance s’inscrit dans un environnement macroéconomique tendu, marqué par des vents contraires aux États-Unis et une reprise encore fragile en Chine. La croissance bénéficie d’un effet de phasage lié à la transformation IT, qui a généré un surcroît de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires.Le moteur principal de cette dynamique est l’activité Luxe, en hausse de +7,3 % (et +5,8 % à données comparables), qui dépasse les 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires trimestriel. Cette division surperforme notamment dans le segment des parfums avec des succès commerciaux comme Libre et MYSLF d’Yves Saint Laurent, Paradoxe de Prada ou encore Idôle de Lancôme et bénéficie d’une très bonne dynamique en Europe et sur les marchés émergents. Le maquillage haut de gamme, en particulier chez YSL et Prada, contribue également à la croissance, tout comme le lancement de la crème Absolue Longevity de Lancôme, premier produit au PDRN de la marque.La division Produits Grand Public continue sa montée en gamme : elle affiche une croissance de +2,5 % et se distingue dans le soin capillaire, segment où les innovations comme Growth Booster d’Elsève ou Sleek & Stay de Fructis prennent rapidement des parts de marché. En revanche, le maquillage reste atone, surtout en Amérique du Nord, ce qui limite la performance globale de la division.La Beauté Dermatologique (+3,5 %) et les Produits Professionnels (+2,7 %) poursuivent leur expansion, avec des blockbusters comme Genesis (Kérastase) et Metal Detox (L’Oréal Professionnel). L’innovation est au cur de la stratégie, comme en témoigne le programme « stimulus beauté », décliné via les lancements de produits hautement différenciants dans plusieurs divisions.Enfin, sur le plan géographique, la zone SAPMENA-SSA (Asie du Sud, Moyen-Orient, Afrique) continue de dominer, avec une croissance de +12,2 %, suivie par l’Asie du Nord (+8,4 %) et l’Europe (+4,9 %). Les États-Unis déçoivent, avec une baisse de -1,4 %, mais l’effet de base lié à l’implémentation IT en 2024 relativise cette contre-performance.
Le pipeline d’innovation de L’Oréal reste une force structurante : le groupe aligne des lancements réguliers et ambitieux sur l’ensemble de ses divisions, soutenus par un investissement conséquent en recherche et développement (1,355 milliard d’euros en 2024). L’ouverture d’un centre R&D aux États-Unis, son plus grand hors de France, illustre cette volonté de renforcer son ancrage local tout en accélérant le développement de marques telles que CeraVe ou Kiehl’s.En matière ESG, L’Oréal maintient son leadership : triple « A » du CDP pour la 9e année consécutive, classé parmi les entreprises les plus éthiques par Ethisphere, et lancement d’un programme de 20 millions d’euros pour démocratiser l’accès aux soins dermatologiques. Ces initiatives confortent l’attrait du titre pour les investisseurs ISR.Sur le plan capitalistique, le groupe a lancé un programme de rachat d’actions pouvant atteindre 500 millions d’euros d’ici juin 2025, destiné à être annulé. Une opération favorable au bénéfice par action (BPA), qui soutient mécaniquement la valorisation.Pour autant, tout n’est pas aligné. D’un point de vue fondamental, les révisions bénéficiaires sont orientées à la baisse depuis avril 2025, ce qui pèse sur les anticipations. Le consensus sur la croissance bénéficiaire de long terme a été revu en baisse, ce qui interroge sur la capacité du groupe à maintenir son rythme de progression face à un marché de la beauté dont la croissance tend à se normaliser.En termes de risques opérationnels, les tensions douanières, notamment en Amérique latine et aux États-Unis, et la volatilité du change sont mentionnées dans le communiqué. L’impact potentiel des hausses de droits de douane est un sujet suivi de près, que L’Oréal entend compenser par sa marge brute déjà solide.
Le principal point d’attention pour les investisseurs réside dans la valorisation du titre. Avec un PER estimé à près de 27x pour 2025, L’Oréal se traite avec une prime de près de +50 % par rapport à la moyenne du secteur Produits Ménagers & Personnels (18). Cette prime reflète certes la qualité des fondamentaux, mais implique aussi une attente élevée en termes de génération de cash-flow et de croissance des bénéfices.La marge d’exploitation (EBIT) s’établit à 20 % en 2024, en ligne avec la moyenne historique de 19 %, et largement supérieure à celle du secteur (11 %). Le ROE (retour sur fonds propres) ressort également à 19 %, reflétant une bonne efficacité du capital employé. En revanche, le ratio « Book Value/Price » reste faible (18 %), ce qui souligne une valorisation boursière élevée au regard de l’actif net.Le dividende de 7,00 € versé en mai 2025 représente un rendement modeste de 1,9 %, mais il est bien couvert par les résultats (51 % du bénéfice estimé). Il s’inscrit dans une tendance de stabilité, cohérente avec la politique de distribution prudente de L’Oréal.L'objectif de cours varie de 374 à plus de 400 €, soit un potentiel de hausse discutable.
Dans un portefeuille type, l’action L’Oréal occupe historiquement une place défensive. Sa faible sensibilité aux marchés et sa résilience face aux phases baissières du marché confirment cette qualité défensive. De plus, sa volatilité mesurée (23 % sur 12 mois) est relativement faible pour une valeur de croissance de cette taille.Mais cette stabilité se paie cher. La prime de valorisation implique une capacité à délivrer régulièrement de la croissance à deux chiffres, une performance qui pourrait être mise à l’épreuve si les marchés développés s’essoufflent ou si les tensions sur les coûts persistent.Pour un investisseur long terme, L’Oréal reste une valeur de conviction : son modèle économique intégré, son portefeuille de marques global, sa discipline ESG et sa capacité d’innovation en font un actif stratégique. Toutefois, le timing d’entrée importe. Compte tenu des niveaux de valorisation, un point d’entrée plus attractif ou des signaux clairs de reprise des révisions à la hausse pourraient offrir un meilleur couple rendement/risque.
Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.
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