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Avec une hausse modeste de +6,01 % depuis le 1er janvier 2025, l'action STMicroelectronics tente de se stabiliser après une forte correction intervenue en 2024. Sur trois ans, il reste en territoire négatif, à -25,42 %, reflet des turbulences qui ont secoué l'ensemble du secteur des semi-conducteurs. Malgré une embellie des révisions bénéficiaires depuis avril, le redressement de STMicroelectronics repose-t-il sur des fondamentaux solides, ou reste-t-il fragile dans un contexte industriel encore incertain ?
Les résultats 2024 publiés par STMicroelectronics révèlent une contraction significative de l’activité. Le chiffre d’affaires ressort à 12,27 milliards d’euros, en recul sensible par rapport aux 15,99 milliards de 2023. Cette baisse s’explique en grande partie par un retournement de cycle dans l’industrie des semi-conducteurs, particulièrement marqué sur les marchés industriels et grand public, où la demande s’est brutalement contractée après la surchauffe de 2021–2022.La marge brute chute également, passant de 7,67 milliards d’euros en 2023 à 4,83 milliards en 2024, soit un taux de marge de 39 % contre 48 % un an plus tôt. Le bénéfice net suit la même tendance : 1,44 milliard en 2024, contre 3,9 milliards en 2023. La marge nette avant impôts ressort à 14 %, en baisse par rapport à sa moyenne historique (19 %) mais encore supérieure à celle de nombreux acteurs du secteur.Cette dégradation reflète une combinaison de facteurs : ajustement des stocks clients, baisse des prix, tensions géopolitiques, et ralentissement de la demande en microcontrôleurs et capteurs destinés à l’automobile ou à l’électronique industrielle. Le seul segment qui montre une certaine résilience reste celui des MEMS (capteurs inertiels et capteurs de pression), portés par les besoins en détection intelligente.Les investissements dans la R&D restent néanmoins solides, à hauteur de 1,92 milliard d’euros (16 % du chiffre d’affaires), un niveau élevé qui traduit la volonté du groupe de rester à la pointe sur les technologies critiques comme la gestion de puissance, les composants RF, et les solutions pour l’intelligence artificielle embarquée.
Depuis avril, les analystes ont commencé à revoir à la hausse leurs estimations de bénéfices pour STMicroelectronics, avec une progression des prévisions de résultats par rapport aux estimations antérieures. Cette inflexion s’appuie sur une amélioration progressive du carnet de commandes dans certaines lignes de produits (notamment l’automobile électrique) et sur une gestion des coûts plus rigoureuse.Le profil financier reste rassurant. Le groupe affiche un ratio de fonds propres sur total des actifs de 71 %, en hausse par rapport à sa moyenne historique (64 %) et largement au-dessus de la moyenne sectorielle (46 %). Ce niveau traduit une faible dépendance à l’endettement : la dette long terme ne représente que 8 % du bilan, contre 11 % un an plus tôt. Le ratio de liquidité court terme s’élève à 3, bien supérieur au seuil de solvabilité couramment retenu de 1,5.La dynamique de cash-flow s’est nettement contractée en 2024 (le free cash-flow sur chiffre d’affaires recule à 36 %, contre 50 % en 2022), mais reste positive. Les investissements industriels massifs des années précédentes (notamment dans les fabs européennes) ont pesé sur la génération de trésorerie mais devraient porter leurs fruits à partir de 2026.Côté dividendes, la société propose un versement de 0,08 €, représentant un rendement modeste de 1,2 %. Cette distribution est largement couverte (seulement 16 % des bénéfices), ce qui permet au groupe de conserver des marges de manœuvre pour financer sa croissance.
Le PER estimé pour 2027 est de 13, bien en deçà de la moyenne du secteur technologique (17), ce qui pourrait faire croire à une sous-valorisation. En réalité, cette décote reflète à la fois une forte volatilité historique du titre et une cyclicité marquée de ses résultats.La valorisation est cependant soutenue par une croissance attendue des bénéfices à long terme de 36 %, ce qui reste exceptionnel dans un secteur déjà dynamique. L’indicateur de croissance ajustée au PER affiche un ratio très élevé de 2,8, témoignant d’un effet de rattrapage potentiel après un fort creux bénéficiaire.Sur le plan patrimonial, le ratio Book-to-Price s’établit à 77 %, très supérieur à la moyenne sectorielle (30 %). Cela signifie qu’une part importante de la valeur de marché repose sur des actifs tangibles, une caractéristique peu fréquente dans le secteur technologique. Ce niveau indique un certain degré de sécurité pour les investisseurs à long terme.Malgré cela, le consensus des analystes reste prudent : l'objectif de cours à 23,60 €, soit un potentiel de baisse de -8,5 % par rapport au cours du 12 juin. Cela reflète une appréciation technique déjà importante sur les dernières semaines, sans confirmation claire d’un rebond fondamental durable.
STMicroelectronics présente une forte sensibilité aux marchés actions, soit une volatilité presque deux fois supérieure à celle de l’indice STOXX600. Sa corrélation avec l’indice reste modérée, ce qui signifie que ses mouvements s’expliquent en grande partie par des facteurs spécifiques à l’entreprise ou au secteur. La volatilité sur 12 mois atteint 51 %, un niveau très élevé même pour une valeur technologique.Dans les phases baissières, STMicroelectronics tend à accentuer les mouvements du marché , ce qui en fait une valeur difficile à conserver dans des périodes d’aversion au risque. En revanche, elle bénéficie pleinement des retournements haussiers, ce qui en fait une option tactique pertinente pour les investisseurs avertis capables de piloter le timing d’achat.Le rebond technique entamé depuis le mois d’avril semble solide à court terme, avec une performance relative par rapport au STOXX600 sur les quatre dernières semaines. La tendance technique moyen terme est repassée en zone positive depuis le 2 mai.Pour les investisseurs de long terme, STMicroelectronics peut constituer un pari de conviction sur la montée en puissance de l’électronique embarquée (automobile, industrie, objets connectés). Néanmoins, l’entrée sur le titre nécessite une gestion rigoureuse du risque, avec un horizon d’investissement suffisamment long pour amortir les cycles baissiers, fréquents dans ce secteur.
Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.
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