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Depuis la publication de résultats supérieurs aux attentes au T1 2025, l'action Eurofins a repris un certain lustre en Bourse. En progression de plus de 20 % depuis le 1er janvier, le titre s'est rapproché de ses sommets annuels, effaçant une partie de la sous-performance accumulée depuis 2022. La société a également lancé un nouveau programme de rachat d'actions, ce qui confirme sa capacité à générer du cash et à piloter activement sa structure de capital. Reste à savoir si cette trajectoire haussière pourra s'inscrire dans la durée, alors que la croissance organique demeure modérée et que certains segments, notamment en Amérique du Nord, peinent encore à convaincre.
Eurofins a publié un chiffre d’affaires trimestriel de 1,767 milliard d’euros au premier trimestre 2025, en hausse de 6,9 % par rapport à la même période l’an dernier.Derrière cette croissance globale, la composante « organique » — c’est-à-dire hors acquisitions, cessions ou effets de change — ressort à +2,6 %, voire +3,9 % une fois corrigée de l’effet calendaire (jours ouvrés).La croissance organique est un indicateur clé de la performance « intrinsèque » d’une entreprise. Elle reflète la capacité d’un groupe à faire croître ses ventes à périmètre constant. En l’occurrence, Eurofins montre une croissance modeste mais positive, ce qui est un bon signal dans un contexte économique incertain.Les tests alimentaires, environnementaux et biopharmaceutiques — ses trois principaux piliers — ont bien résisté. La France reste pénalisée par la baisse des remboursements sur les actes de biologie médicale, mais cela semble compensé par les bonnes performances à l’international. L’intégration réussie de SYNLAB Espagne et de dix autres acquisitions renforce également le périmètre consolidé.La direction reste confiante : elle anticipe pour 2025 une croissance organique comprise entre 4 % et 6 %, un chiffre d’affaires additionnel de 250 M€ provenant des acquisitions, et une progression de la marge d’EBITDA au-delà de 22,3 % — le niveau atteint en 2024.La marge d’EBITDA, ou marge opérationnelle brute, mesure la part de richesse créée par l’entreprise avant amortissements, intérêts et impôts. Elle est un bon indicateur de la rentabilité récurrente. Une hausse prévue vers 24 % à horizon 2027 traduirait une amélioration de l’efficience, notamment grâce aux investissements dans l’automatisation, la digitalisation des process et la réduction des coûts fixes.Enfin, Eurofins vise un cash-flow libre de plus d’un milliard d’euros pour 2025, c’est-à-dire l’excédent de trésorerie après investissements. Ce niveau élevé permet à l’entreprise d’autofinancer sa croissance, de verser un dividende, et de racheter ses propres actions — autant de leviers favorables à la valorisation de l’action.
Le marché a bien accueilli ces annonces. Depuis le 1er janvier, le cours de l’action a progressé de plus de 20 %, atteignant 58,82 € au 10 juin, un plus-haut annuel. Il reste néanmoins 28 % en dessous de son niveau d’il y a trois ans, preuve que la normalisation post-COVID et la réévaluation du modèle n’ont pas encore permis un retour aux sommets.Parallèlement, Eurofins a annoncé le 25 avril le lancement de son sixième programme de rachat d’actions. Ce mécanisme permet à une entreprise de racheter ses propres titres sur le marché, ce qui réduit le nombre d’actions en circulation. À bénéfice constant, cela augmente mécaniquement le bénéfice par action (BPA), et donc le potentiel de hausse du cours boursier. Cette stratégie est souvent vue comme un signal de confiance de la part de la direction.Le programme autorise un rachat maximal équivalent à 4,5 % du capital. La tranche actuelle, qui court jusqu’au 30 mai, porte sur 8 millions de titres, soit environ 4,4 % du capital. Cette opération fait suite au cinquième programme, qui avait permis le rachat de 3,7 millions d’actions.Du côté du bilan, Eurofins reste prudent. En avril, le groupe a émis 400 M€ d’obligations hybrides (instruments financiers entre actions et dettes), afin de refinancer des dettes existantes à des conditions favorables. L’objectif est de maintenir un levier financier (dette nette / EBITDA) entre 1,5x et 2,5x, avec un objectif de réduction progressive à l’horizon 2027.Le levier financier, ou gearing, mesure l’endettement relatif à la capacité de génération de cash opérationnel. Un levier trop élevé peut fragiliser une entreprise. Celui d’Eurofins reste modéré, traduisant un profil de risque maîtrisé.
La valorisation actuelle d’Eurofins reste raisonnable au regard de son historique. Le PER 2025 est estimé à 13 (contre 14 en 2024), un niveau inférieur à la moyenne sectorielle (13) et très en dessous de la médiane historique de l’entreprise (18). Cela suggère que le marché intègre encore une certaine prudence dans ses anticipations.Le PER (Price Earnings Ratio) mesure le prix payé par les investisseurs pour un euro de bénéfice. Plus il est élevé, plus le titre est « cher » relativement à ses profits. À l’inverse, un PER bas peut indiquer une décote, ou des doutes sur les perspectives de croissance.Le BPA (bénéfice par action) est attendu à 3,57 € en 2025, en progression par rapport à 2024. Le dividende proposé de 0,60 € par action offre un rendement de 1,1 %, modeste mais largement couvert par les bénéfices, ce qui en garantit la pérennité.En termes de structure financière, Eurofins dispose de 40 % de fonds propres dans son bilan — un ratio stable et en ligne avec ses standards passés. La valorisation par les actifs nets s’est également améliorée : la valeur comptable représente désormais 47 % du cours de Bourse, contre une moyenne historique de 31 %. Cela suggère une décote encore présente sur les actifs, malgré la hausse récente.La valeur comptable par action, ou Book Value, représente la valeur nette des actifs de l’entreprise, après déduction des dettes. Un ratio élevé Book-to-Price indique que l’action se paie à un prix raisonnable comparé aux actifs sous-jacents.Le consensus des analystes est globalement positif. Mais l’objectif de cours moyen est fixé de 58 euros à 66 € selon les analystes, signe d'un sentiment mitigé quant au potentiel de progression à court terme.
Au total, l’action Eurofins conserve un profil attractif pour un investisseur de long terme à la recherche de résilience et de qualité. L’entreprise est solidement positionnée sur des marchés porteurs : sécurité alimentaire, santé humaine, environnement. Son modèle économique est peu cyclique, avec une majorité de revenus récurrents, locaux et peu sensibles aux aléas macroéconomiques.Mais la dynamique actuelle, bien que positive, appelle encore à la prudence. La croissance organique reste contenue, les marges doivent s’améliorer, et les acquisitions doivent démontrer leur contribution à la rentabilité. Tant que ces éléments ne sont pas consolidés, le titre pourrait faire l’objet de prises de profits à court terme, notamment après le rallye observé au printemps.Dans une allocation stratégique, Eurofins trouve sa place dans la poche « défensive de croissance » d’un portefeuille diversifié. Sa faible volatilité relative et sa capacité à surperformer dans les phases de marché baissier en font un actif de stabilité, à condition d’adopter un horizon d’investissement d’au moins 18 à 24 mois.
Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.
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