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Voyage au cœur d’une introduction en Bourse

Elle est souvent perçue, à tort, comme réservée aux grandes structures ou aux start-up en hypercroissance. Pourtant, les PME et ETI peuvent aussi venir y lever des fonds afin d'assurer leur développement, s'internationaliser et gagner en visibilité.
Article extrait du magazine print Idéal Investisseur n°4.

Voyage au cœur d’une introduction en Bourse
Temps de lecture : 5 minute(s) - Par Caroline Courvoisier | Mis à jour le 05-06-2025 10:49 | Publié le 05-06-2025 10:33 Photo : Introduction en bourse de LightOn, Euronext Paris 
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Accélérer sans perdre le contrôle

Qu’est-ce qui pousse une entreprise à entrer en Bourse ? Pour STIF, entreprise familiale de composants industriels cotée sur Euronext Growth depuis décembre 2023, l’objectif était de financer une implantation aux États-Unis. « Nous avions décelé une belle opportunité de marché », explique José Burgos, son P.-D.G. L’idée de l’introduction sur le marché (ou IPO, Initial Public Offering) s’est imposée en découvrant qu’une PME, réalisant moins de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires et sans bénéfice, avait levé 20 millions d’euros sur le marché quelques mois plus tôt. « Nous venions d’acquérir une deuxième usine en France à crédit. Solliciter de nouveau les banques ne semblait pas envisageable. Et si notre précédent LBO s’était bien passé, nous ne souhaitions pas retourner vers le private equity. »

Une option également écartée par LightOn, start-up d’IA générative pour entreprises, qui a sonné la cloche d’Euronext en novembre 2024. «Nous avions besoin de moyens pour développer notre force commerciale, renforcer notre ingénierie et financer la puissance de calcul nécessaire à nos modèles de langage. Mais nous ne voulions pas perdre notre indépendance en ouvrant notre capital à des fonds », explique Laurent Daudet, son cofondateur. Au-delà du partage de la gouvernance, l’envie de développer une technologie souveraine s’est aussi imposée face aux propositions de fonds américains. «C’est tout l’intérêt de l’IPO par rapport à une levée de fonds classique. Vous pouvez vendre 30% de l’entreprise et rester aux commandes », résume Vincent Le Sann, directeur général adjoint de Portzamparc, banque d’investissement leader en France sur les introductions en Bourse, avec une opération sur trois réalisée depuis 5 ans.

Pour d’autres sociétés, l’introduction en Bourse est une solution pour s’imposer sur son marché. «Nous avions une bonne rentabilité, mais une croissance trop lente par rapport à nos concurrents », développe Pascal Imbert, P.-D.G. et cofondateur du cabinet de conseil en stratégie Wavestone. En 2001, il utilise les 10 millions d’euros levés en Bourse, contre 30 % du capital de la société, pour financer sa croissance externe et renforcer ses équipes. « Nous étions positionnés sur les très grands comptes. Le fait d’être cotés a contribué à rassurer nos clients, à développer notre portefeuille et à nous rendre plus attractifs en matière de recrutement, notamment en proposant aux salariés des mécanismes de participation au capital. »

Un marathon de 6 à 12 mois

Une fois la décision prise, les candidats à l’IPO doivent constituer un dossier solide, modifier les statuts de la société si nécessaire et trouver les premiers investisseurs. Des étapes qui imposent d’être accompagné par une équipe rodée : avocat, agence de communication financière, expert-comptable, et surtout banque d’investissement, véritable chef d’orchestre de l’opération. « Il faut compter six mois de préparation effective, mais en réalité, le projet mûrit souvent pendant un an », précise Vincent Le Sann.

L’une des étapes clés est la création du document d’enregistrement, carte d’identité de l’entreprise qui sera soumise à l’AMF. Mais la constitution du dossier investisseurs est tout aussi importante, car 25 % de la levée de fonds doit être sécurisée avant l’ouverture des souscriptions au public. « La partie la plus chronophage, c’est d’aller convaincre les investisseurs institutionnels », note José Burgos. Or, un facteur peut tout faire basculer : la valorisation.

Le prix d’introduction résulte à la fois d’une projection financière et d’un dialogue avec les investisseurs. «On a accepté de s’introduire avec une valorisation faible, bien en dessous de ce qu’on avait espéré », confie le P.-D.G. de STIF. En l’espèce, la décision s’est révélée payante, puisqu’elle a permis de créer une dynamique positive sur le titre en limitant le risque de décrochage post-introduction. Une stratégie partagée chez Wavestone : « On a poussé un peu la valorisation, mais on voulait rester raisonnables », raconte Pascal Imbert. « L’introduction, c’est une étape. Ensuite, il faut tenir ses promesses. Si ça ne monte pas, vous traînez une mauvaise réputation pendant des années. » D’autant que rien ne garantit une évolution favorable du titre. Pluxee, émanation de Sodexo introduite en Bourse en 2024 à 26 euros, cotait 18 euros début avril 2025. D’autres ont carrément mis la clé sous la porte, comme Lysogene, société biopharmaceutique introduite en 2017 et liquidée en 2023.

S'adapter à sa nouvelle vie de société cotée

Une fois la cloche d’Euronext sonnée, la cotation impose de nouvelles règles de transparence. « C’est beaucoup moins chronophage qu’on ne l’imagine », résume Vincent Le Sann. « Deux journées par an pour rencontrer les investisseurs : c’est beaucoup moins que le temps passé avec des fonds qui sont à votre board pour un LBO. » Pour Pascal Imbert, ces rencontres permettent aussi de prendre du recul : « Certains investisseurs vous challengent régulièrement, cela permet de se poser les bonnes questions, car l’actionnaire de long terme a les mêmes objectifs que vous. »

Parmi les dirigeants interrogés, aucun ne regrette son choix. Chez LightOn, l’engagement suscité a particulièrement marqué les esprits. « Plus de 6000 investisseurs individuels ont souscrit, cela nous a surpris », souligne Laurent Daudet. « L’exposition médiatique a aussi attiré des talents qui ne nous connaissaient pas. C’est un vrai bénéfice. » Le constat est le même chez STIF, pour qui l’IPO a permis de presque doubler le chiffre d’affaires en seulement un an. Wavestone est passé de 20 à 940 millions d’euros de chiffre d’affaires, 25 ans après sa première cotation. Après quelques émissions supplémentaires d’actions, les cofondateurs détiennent toujours environ 60 % du capital. « La dilution n’a jamais été un sujet d’inquiétude pour nous. Nous avons toujours fait le choix de la croissance, même si cela impliquait d’émettre de nouvelles actions. Racheter nos titres ne nous a jamais semblé une bonne idée : cela aurait réduit notre capacité à financer des opportunités. »

Un coût significatif, payé grâce à la levée de fonds

Quant au coût de l’opération, il reste important : entre 8 % et 10 % des montants levés. Mais il ne pèse pas directement sur la trésorerie. « Ce sont des frais prélevés sur la levée elle-même, il n’est pas nécessaire de les avancer », précise le directeur général adjoint de Portzamparc. Une nuance importante, mais qui suscite des inquiétudes : qu’en est-il, si l’IPO ne réussit pas ? « Comme nos honoraires dépendent du succès, nous ne nous engageons que sur des projets solides. C’est une démarche de confiance réciproque », explique Vincent Le Sann.

L’IPO coche beaucoup de cases, mais est-elle pour autant une bonne option pour toutes les entreprises ? « Beaucoup d’entrepreneurs pensent que c’est réservé à des sociétés déjà matures. Je veux leur dire que c’est possible. Mais ce n’est pas une réponse universelle », explique Laurent Daudet. « Il faut vraiment que la société ait du chiffre d’affaires et des revenus récurrents », complète José Burgos. « Surtout qu’aujourd’hui, le marché est plus dur. » De fait : en 2024, seules 4 sociétés ont été introduites en Bourse sur Euronext et Euronext Growth, contre 8 en 2023 et 12 en 2022.

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