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L’action Saint-Gobain reste bien orientée, mais les investisseurs exigent plus de preuves

Avec une progression de +13,82 % depuis le début de l’année et un bond de +85,12 % sur trois ans, le parcours boursier de Saint-Gobain impressionne. Pourtant, derrière cette belle performance se cachent des signaux plus nuancés. Le groupe continue de délivrer des résultats solides, mais la dynamique de croissance ralentit, les révisions des analystes se retournent, et la valorisation devient moins avantageuse. Alors que le titre cotait 97,58 € le 12 juin 2025 en matinée, faut-il encore y croire, ou attendre des confirmations ?

L’action Saint-Gobain reste bien orientée, mais les investisseurs exigent plus de preuves
Temps de lecture : 5 minute(s) - Par | Publié le 13-06-2025 06:00

Résilience industrielle mais ralentissement latent : les moteurs de la croissance à l’épreuve

Saint-Gobain a entamé 2025 sur une note de stabilité, avec un chiffre d’affaires en hausse de +3,2 % au premier trimestre à données publiées, atteignant 11,7 milliards d’euros. Cette progression, bien que modeste, repose essentiellement sur l’effet périmètre lié à quatre acquisitions majeures (CSR, Bailey, Cemix, FOSROC) qui contribuent à renforcer la présence du groupe dans des zones à fort potentiel, notamment l’Asie-Pacifique et l’Amérique latine.

À données comparables – c’est-à-dire en neutralisant les effets de change et de périmètre pour mieux évaluer la dynamique organique – les ventes reculent toutefois légèrement de -0,3 %. Autrement dit, à structure constante, l’activité stagne voire fléchit légèrement. Cette nuance est cruciale pour un investisseur avisé : elle indique que la croissance affichée ne reflète pas nécessairement un redressement des marchés finaux, mais en partie des effets d’intégration.

L’évolution des volumes confirme ce diagnostic : après un recul marqué au quatrième trimestre 2024 (-2,6 %), les volumes du T1 2025 sont quasiment stables à jours comparables (-0,3 %), mais encore en retrait à jours réels (-1,1 %). En clair, l’amélioration est réelle, mais encore fragile. Seule l’Asie-Pacifique tire véritablement son épingle du jeu avec +5,4 % de progression en volumes, grâce à l’Inde et au Vietnam.

Le groupe a toutefois démontré sa capacité à protéger ses marges dans cet environnement. En effet, les prix de vente ont progressé de +0,8 % malgré un contexte inflationniste limité, ce qui reflète une capacité à défendre la valeur ajoutée de son offre. C’est ici que la stratégie de montée en gamme prend tout son sens : des produits innovants, durables, et à forte technicité, comme les plaques FireLITE® ou les toitures ClimateFlex®, permettent au groupe de se distinguer et de maintenir une certaine discipline tarifaire.

Sur le plan géographique, les tendances sont contrastées :

* L’Europe du Nord redémarre avec une croissance organique de +2,0 %, portée par le redémarrage du marché de la rénovation dans les pays nordiques et une embellie en Allemagne, stimulée par un plan de relance massif.

* L’Europe du Sud, Moyen-Orient et Afrique, en revanche, reste sous pression (-4,9 % à données comparables), notamment en France (-7,0 %), bien que des signes encourageants apparaissent : reprise des transactions dans l’ancien, hausse des encours de crédit, redémarrage timide des chantiers.

* Les Amériques progressent de +3,0 % en interne, grâce à la bonne tenue de la rénovation en Amérique du Nord et à une forte dynamique au Brésil (+9,8 %), qui bénéficie d’une base de comparaison favorable et d’un enrichissement de l’offre.

* L’Asie-Pacifique, avec +3,9 % de croissance organique, confirme son rôle de relais structurel de croissance, portée par l’Inde. La Chine reste pénalisée par le marasme du neuf, mais le Vietnam montre un fort potentiel.

Enfin, les Solutions de Haute Performance, qui regroupent les produits à forte technicité pour la construction, la mobilité et l’industrie, sont stables globalement, mais les sous-segments divergent : +3,4 % pour la construction (notamment via la chimie), +0,9 % pour la mobilité, mais -2,6 % pour les activités industrielles, pénalisées par le contexte géopolitique.

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Une stratégie bien exécutée, mais des vents contraires sur les perspectives

Les propos du PDG Benoît Bazin insistent sur la résilience du modèle décentralisé de Saint-Gobain, capable de s’adapter localement aux réalités de chaque marché. Cette organisation territorialisée permet d’absorber une grande partie des aléas logistiques, réglementaires et géopolitiques. L’absence d’exposition directe aux barrières douanières est un atout rare dans le secteur des matériaux.

Cette solidité se reflète aussi dans les comptes consolidés 2024 : un chiffre d’affaires annuel de 46,6 Mds €, un résultat d’exploitation stable à 4,995 Mds € (soit une marge de 11 %), un bénéfice net en progression à 2,844 Mds € et un dividende proposé à 2,20 € par action. Le free cash-flow rapporté aux revenus progresse à 11,2 %, ce qui traduit une amélioration de la génération de liquidités.

La structure bilancielle reste saine. Le ratio de liquidité court terme s’établit à 1,3, signe que le groupe couvre aisément ses engagements à court terme. Les capitaux propres atteignent 25,1 Mds €, représentant 41 % du total du bilan, et le ratio d’endettement long terme reste contenu à 24,8 %.

Mais ces chiffres flatteurs doivent être tempérés par l’évolution récente du consensus des analystes. Depuis fin mai, les révisions de bénéfices sont orientées à la baisse sur les 3 années à venir, même si le groupe maintient ses perspectives 2025, tablant sur une marge d’exploitation supérieure à 11 % et sur une reprise progressive des marchés européens au second semestre. Ces objectifs sont crédibles, mais conditionnés à la matérialisation d’une reprise effective, en particulier en France et dans les segments industriels. Le climat macroéconomique, encore incertain, reste un facteur de risque à surveiller.


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Une valorisation encore raisonnable, mais sans marge d’erreur

Sur le plan de la valorisation, le titre Saint-Gobain ne semble pas excessivement cher. Son PER (price to earnings ratio) projeté pour 2027 est proche de 13, en ligne avec la moyenne du secteur (14) mais supérieur à sa médiane historique de 10. Cela suggère que le marché anticipe une normalisation des bénéfices ou une croissance soutenue à moyen terme, ce qui rend le titre vulnérable à toute déception opérationnelle.

Le rendement du dividende est de 2,3 %, en retrait par rapport à sa moyenne historique de 3,3 %, et inférieur à celui du secteur (2,5 %). Bien que ce dividende soit bien couvert (31 % du bénéfice net), il n’apporte pas un argument différenciant en termes de revenu pour les investisseurs en quête de rendement.

Le ratio book value / price est de 59 %, contre une moyenne historique de 76 %, ce qui signifie que l’action est désormais valorisée au-dessus de la valeur nette comptable de ses actifs. Là encore, cela peut se justifier par des perspectives de croissance, mais le marché devient plus exigeant.

D’un point de vue boursier, le titre évolue à 6,2 % sous son plus haut annuel (105,90 €) et 38,2 % au-dessus de son plus bas (71,84 €). L’objectif de cours selon divers analystes se situe entre 105,90 et 109,30 €, soit un potentiel de hausse théorique de +10 % à horizon 12 mois. Cela reste raisonnable, mais n’offre pas de marge de sécurité pour l’investisseur contrariant.

Enfin, la sensibilité de l’action est élevée. Avec une volatilité sur 12 mois de 30 %, le titre peut connaître des amplitudes importantes. 



Une action cyclique de qualité, à suivre avec rigueur dans une optique de moyen terme

L’action Saint-Gobain demeure une valeur industrielle de premier plan, bien positionnée pour profiter des dynamiques de transition énergétique, de rénovation du bâti et de régionalisation de la production. Son modèle économique, robuste et adaptable, est porté par une organisation décentralisée, une stratégie d’acquisitions ciblées et une offre technologique différenciante.

Mais cette solidité ne garantit pas une surperformance boursière immédiate. Le ralentissement de la dynamique organique, la révision des bénéfices, la valorisation exigeante et les incertitudes macroéconomiques appellent à la prudence. Le titre conserve sa place dans un portefeuille industriel diversifié, mais sans le potentiel de surprise qui justifierait une surpondération sans confirmation.

L’investisseur long terme y trouvera une exposition cohérente à la résilience industrielle européenne et aux marchés émergents, avec un profil de croissance modérée et une politique de dividende disciplinée. En revanche, pour un investisseur plus tactique, mieux vaut attendre un signal de reprise sur les volumes ou une inflexion positive des révisions de bénéfices avant de renforcer la position.

Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.

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