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Le groupe a multiplié ses bénéfices par 23 au 3ème trimestre 2021. Bien qu'étant équivalents à ceux de 2018, ils risquent de mal passer alors que les prix de l'énergie plombent le pouvoir d'achat et que la COP26 s'annonce tendue.
TotalEnergies vient de publier ses résultats trimestriels. Ceux-ci ne manqueront pas de susciter des commentaires en pleine période de hausse des tarifs de l'énergie. En un an, le bénéfice du groupe a été multiplié par 23, passant de 202 millions d'euros à 4,6 milliards. Selon Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l'analyse des marchés pour eToro, « cette progression impressionnante des résultats est imputable à la flambée des prix du gaz en Asie et en Europe, en hausse de plus de 85% au troisième trimestre, profitant au pétrole, qui a fini en hausse de 14% au mois de septembre ».
L'analyse ne serait pas complète sans comparer cette progression fulgurante aux résultats trimestriels de 2019 et même de 2018, l'année 2020 ayant été marquée par la pandémie et ses conséquences. Bien que toujours positifs, les résultats financiers de TotalEnergies sont assez volatiles. Les bénéfices du 3ème trimestre sont équivalents à ceux de 2018 (4,55 milliards d'euros), mais en hausse de 25% par rapport à la même période de 2019. Il y a tout juste 2 ans, le groupe avait enregistré une chute de ses gains après l'effondrement du prix du pétrole.
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Alors que dans certaines régions d'Europe les prix ont dépassé les 2 euros par litre à la pompe, TotalEnergies s'attend à voir les tarifs encore progresser entre le dernier trimestre 2021 et le 2ème trimestre 2022. La faute notamment à l'augmentation de la demande de kérosène liée au redécollage du secteur aérien, conjuguée à la faiblesse des stocks. Mais il reste difficile pour une grande partie des particuliers de supporter la hausse du coût de l'énergie au détriment de leur pouvoir d'achat, tandis que les bénéfices annoncés par une société pétrolière majeure atteignent de tels sommets. D'autant que l'État semble être assez impuissant : l'annonce de l'attribution d'une « prime inflation » de 100 euros pour les personnes gagnant moins de 2.000 euros nets par mois ne semble pas convaincre tout le monde. Et inévitablement, une partie de l'argent public (et donc de la dette publique) vient financer les bénéfices des compagnies pétrolières, ce qui impose une double peine aux contribuables. La situation est d'autant plus délicate que le sujet reste sensible : en 2018, c'est la hausse des prix du carburant qui avait lancé le mouvement des gilets jaunes. Dans un contexte inflationniste* tel que nous le connaissons, ce type d'annonces pourrait raviver les tensions sociales.
Les résultats du groupe TotalEnergies risquent également de susciter la polémique sur le volet environnemental, alors que la COP26 doit s'ouvrir à compter du 1er novembre à Glasgow. La conférence sur les changements climatiques organisée par les Nations unies part déjà sur des bases fragiles. Le Secrétaire général Antonio Guterres et le Premier ministre britannique Boris Johnson ont déclaré que les tensions géopolitiques et la crise du covid 19 rendaient les négociations entre les 197 pays « très difficiles ». Or, les énergies fossiles sont autant pointées du doigt et que les attentes concernant la transition énergétique sont fortes. Dans ce contexte, TotalEnergies a annoncé que le groupe investirait 3 milliards de dollars dans les énergies renouvelables et l'électricité et qu'il équiperait environ 150 stations d'autoroutes françaises de bornes de rechargement électrique haute-puissance pour un budget de 200 millions d'euros. Un effort qui pourra sembler donner une impulsion utile à la sortie du pétrole pour certains, mais qui restera beaucoup trop modeste pour d'autres. Reste que les bénéfices annoncés ont de quoi inciter les investisseurs à poursuivre leurs achats de titres TotalEnergies, encouragés par le versement d'un dividende trimestriel de 0,66 euro par action et par un programme de rachat d'actions de 1,5 milliard de dollars annoncé pour le quatrième trimestre.
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