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À quelques jours du vote de confiance du 8 septembre, la menace d’une chute du gouvernement Bayrou pèse lourdement sur les marchés. Derrière l’incertitude politique, c’est la trajectoire budgétaire de la France qui inquiète : déficit public durablement au-dessus de 5 % du PIB, charge d’intérêts en hausse et crédibilité en question auprès des agences de notation. Selon UBS France Weekly, la situation risque de se détériorer avant de s’améliorer.
Le vote de confiance du 8 septembre s’annonce décisif. François Bayrou, fragilisé par un soutien parlementaire incertain, pourrait voir son gouvernement renversé. Emmanuel Macron serait alors contraint de nommer un nouveau Premier ministre, mais rien ne garantit qu’une majorité stable puisse se dégager dans un Parlement éclaté.Ce scénario n’est pas anodin. En cas de blocage politique, l’examen du projet de loi de finances pour 2026 pourrait être retardé, voire suspendu. Comme le rappelle Claudia Panseri, Chief Investment Officer chez UBS WM France, le risque existe de devoir recourir à une loi spéciale pour prolonger le budget 2025, comme ce fut le cas l’an dernier.Le calendrier est particulièrement contraint : le budget doit être présenté au Parlement avant le 7 octobre, et transmis à la Commission européenne au 15 octobre. Faute d’un plan crédible de consolidation, Bruxelles pourrait rappeler Paris à l’ordre. Pour UBS, la probabilité d’un déficit public supérieur à 5 % du PIB jusqu’en 2027 reste élevée, bien au-delà des objectifs affichés (4,6 % en 2026, 4,1 % en 2027).
Les investisseurs ne sont pas restés sourds à cette instabilité. L’écart de taux entre les obligations françaises (OAT) et allemandes (Bunds) a atteint fin août son plus haut niveau depuis 2017. Plus inquiétant encore, les rendements des OAT dépassent déjà ceux des obligations italiennes sur certaines maturités courtes.Cette dégradation reflète une prime de risque accrue. UBS observe que les investisseurs privilégient désormais les obligations d’État les mieux notées, notamment l’Allemagne, et se tournent vers des pays dont le profil budgétaire s’améliore comme l’Irlande, le Portugal ou la Grèce. À l’inverse, la France souffre d’une perte de crédibilité croissante. « Nous anticipons qu’au moins une agence de notation, probablement Fitch, abaissera la note souveraine française à A+ dans les douze prochains mois, peut-être dès le 12 septembre », souligne Claudia Panseri.Les marchés actions ne sont pas épargnés : le CAC 40 a reculé de 3 % fin août, sous-performant de près d’un point les indices de la zone euro. Les valeurs financières et d’infrastructures apparaissent particulièrement exposées, alors que les grands groupes tournés vers l’international subissent aussi les incertitudes liées au commerce mondial. UBS estime que l’impact observé sur les actions françaises correspond déjà à la moitié de celui des élections anticipées de juin 2024 – et le risque de nouvelles secousses demeure.
En clair, le danger ne réside pas seulement dans la politique intérieure française. C’est la combinaison d’un déficit élevé, d’un resserrement budgétaire inévitable et d’un blocage institutionnel qui inquiète. Tant que Paris n’apportera pas de réponse crédible, la prime de risque française continuera de grimper, avec des conséquences directes sur la dette et sur le financement de l’économie.