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La filière télécom cherche un nouveau souffle



Le développement de l'industrie des télécoms en Europe et en France est globalement tiré, du côté du « fixe » par la fibre, et du côté du « mobile » par les réseaux 4 et surtout 5G. Mais l'arrivée à maturité de certains marchés couplée à certains freins conjoncturels pousse les acteurs de la filière à chercher des relais de croissance à l'étranger ou dans des secteurs d'activité connexes. Un changement de paradigme, pour une activité jusqu'alors réputée peu sensible aux aléas.


Temps de lecture : 5 minute(s) - | Mis à jour le 16-11-2022 13:54:00 | Publié le 27-09-2022 08:16 
La filière télécom cherche un nouveau souffle

La fin du cycle Covid ?

Le premier semestre 2022 se caractérise par une certaine constriction du marché. Avec l'assouplissement des mesures sanitaires liées à la Covid-19, le retour au présentiel met fin au tout distanciel et à ses effets induits sur la demande de connexion au très haut débit (THD). Ainsi le développement de la fibre retrouve son rythme de progression structurel : c'est le cas notamment chez Orange, retombé à quelque 263 000 nouveaux clients au T3 2022, après plusieurs trimestres au-dessus de 300 000, dont un pic à 388 000 au T4 2020.

L'activité se maintient donc car il reste encore beaucoup de choses à faire, notamment pour les opérateurs FAI/téléphonie. Du côté des abonnements, 50% seulement des locaux éligibles à la fibre sont effectivement équipés. Quant au déploiement, si 89% des zones très denses sont équipées en FttH, seuls 52% des zones périphériques aux grandes zones urbanisées le sont, ce qui maintient des perspectives durables à la fois pour les grands opérateurs d'infrastructure, comme pour ceux du déploiement.

Côté abonnements, l'ARCEP constate également un léger tassement : au T1 2022, on dénombrait 825 000 nouveaux abonnements contre 980 000 à la même période de l'année dernière. Signe précoce de la maturité du marché : la fibre optique pèse désormais pour 82 % du nombre total d'abonnements à très haut débit, et surtout, pour 51 % des abonnements internet à haut et à très haut débit. La fibre optique devient donc majoritaire en France pour la première fois, avec une percée de 11 % sur un an.

Les grands opérateurs cherchent donc logiquement à compenser l'énorme effort d'investissement d'infrastructure des 5 dernières années (14.9 milliards d'euros en 2022), par une augmentation progressive des coûts des abonnements (+5% en 2021), qui demeurent les moins chers d'Europe. Car si cette politique de prix a permis aux opérateurs français d'atteindre un excellent taux d'équipement, elle finit par peser sur leurs résultats dans une période où la courbe des abonnements s'infléchit.
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Tensions récurrentes sur le déploiement

Selon certaines projections toutefois, un rebond éphémère n'est pas à exclure à l'hiver. En effet, la crise énergétique pourrait contraindre le gouvernement à encourager les professions qui en ont la possibilité de recourir de nouveau au distanciel. Le confinement de 2020 avait notamment conduit à réduire la consommation globale d'énergie de 20% par rapport à 2019. Mais du côté du déploiement, les prestataires voient leur activité perturbée par des pénuries persistantes, entretenues par la conjonction des reconfinements successifs en Chine et de la guerre en Ukraine, ayant des répercussions concrètes sur l'offre de poteaux en bois et de semi-conducteurs par exemple. Chez le leader européen du déploiement Solutions 30, on constate « des difficultés d'approvisionnement récurrentes » qui entraînent des retards de chantiers, et donc un report de chiffre d'affaires dont la croissance s'est limitée à 0,7% au premier semestre 2022. La situation est la même sur toute la chaîne de valeur : Cisco déplorait récemment que « l'arriéré de commandes produits affiche un record pour l'année », poussant même l'équipementier américain à tenter de « re-designer » certains produits avec des composants disponibles.

Certains acteurs du déploiement sont, de surcroît, confrontés à des enjeux structurels de qualité de service. Ainsi en 2021, les utilisateurs étaient 51% à déclarer avoir rencontré des problèmes liés à l'installation. Ce constat met en relief la structure du secteur avec des strates de sous-traitance pouvant aller jusqu'à sept. Les grands opérateurs ont-ils « tous sous-estimé ce problème », comme le suggère la présidente de l'ARCEP, Laure de la Raudière ? Quoi qu'il en soit, les nouveaux contrats « RC Centric » lancés par Orange ne semblent pas nécessairement annonciateurs d'améliorations. Certaines analyses évoquent même des sous-traitants travaillant à perte pour satisfaire les exigences non seulement d'Orange, au sommet de la pyramide, mais d'entreprises de rang 1, comme c'est par exemple le cas de Sogetrel en Charente, qui mettrait la pression dans cette région après s'être vu notifié le non-renouvellement de son contrat de sous-traitance avec Orange dans les Pays de la Loire. Une décision qui avait mis d'emblée en péril 160 emplois, selon des représentants du personnel.

Même topo chez Scopelec, qui a vu un important contrat non renouvelé par Orange pour les raisons de qualité évoquées. Ancien responsable CGT des sites de Scopelec à Perpignan, Marcel Marchitti déplore néanmoins que Scopelec « n'ait pas su se diversifier », et que « mettre tous ses œufs dans le même panier n'était pas une bonne idée ». Ils sont ainsi plusieurs syndicats à avoir pointé du doigt la forte dépendance de l'entreprise vis-à-vis d'Orange. Au bilan, la perte du contrat représente un manque à gagner de 150 millions d'euros par an, soit 40% du chiffre d'affaires de l'entreprise.


À la conquête des relais de croissance


En dépit de ce climat d'incertitude, les « majors » européennes semblent malgré tout tirer leur épingle du jeu. Au premier trimestre, Orange annonçait par exemple une amélioration de 0.9% du rendement de ses activités télécom. Deutsche Telekom, très implanté aux États-Unis, a déjà relevé par deux fois cette année ses perspectives annuelles, tirées par la performance de sa filiale américaine et la croissance de ses activités européennes. Bouygues Télécom, pour sa part, annonçait début août relever son objectif de croissance de l'Ebitda à plus de 8%.

Il faut dire que les poches de rentabilité potentielle sont nombreuses, comme les pays de l'UE où le taux d'équipement Ftth et 5G est encore limité. C'est le cas de l'Allemagne, qui affiche l'ambition de permettre un accès à la fibre pour tous à l'horizon 2030, afin de rattraper son retard et parvenir au « réveil numérique » du pays. L'Espagne a, quant à elle, récemment vu son opérateur Masmovil signer un accord de regroupement de ses activités avec Orange.

Solutions 30 voit le marché potentiel du même œil. L'Allemagne, par exemple, qui représente déjà 8% de son CA, ne dénombre que 10% de foyers reliés à la fibre. L'entreprise enregistre par ailleurs une croissance de 31,5% de son activité au Bénélux et de près de 60% en Italie. « Ces contrats tireront la croissance des semestres à venir », estime le PDG de l'entreprise, Gianbeppi Fortis. Au-delà du déploiement de la fibre et de la 5G, Solutions 30 entend aussi capitaliser durablement sur les opérations de maintenance, qui représentent plus de 60% de son CA. Le leader européen devrait donc logiquement profiter, comme l'anticipe son PDG, « des plans de relance liés aux fonds européens, qui entraînent des investissements massifs pour les infrastructures télécoms et de transition énergétique ».

Tout comme Solutions 30, Spie lorgne du côté de la transition énergétique. Ayant également subi des « retards dans la chaîne d'approvisionnement », son activité avait subi un recul de 2,7% au dernier trimestre 2021. Mais le spécialiste du génie multi-techniques, très actif dans le déploiement d'infrastructures de réseaux de communication, renoue désormais avec la croissance : +14% au premier semestre 2022, avec un CA réparti géographiquement en un gros tiers en France et deux petits tiers respectivement en Allemagne et dans le reste de l'Europe.

Comme le souligne Gauthier Louette, son PDG : « Notre carnet de commandes demeure à un niveau record, porté par l'accélération des tendances en matière de transition énergétique ». Une dynamique que le groupe explique notamment par le fait que « la plupart des clients de Spie intensifient leurs efforts et leurs engagements en faveur de l'énergie décarbonée, de l'efficacité énergétique et de la mobilité durable, créant ainsi une dynamique de marché favorable pour les services multi-techniques ».


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