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Luxembourg tokenisé : en avance sur son temps

La finance publique européenne entre dans l’ère numérique. Le Grand-Duché du Luxembourg vient de réaliser une première en émettant ses certificats de trésorerie digitaux (CTD) via une infrastructure blockchain. Une opération encore marginale à l’échelle des marchés, mais hautement symbolique dans le contexte actuel d’évolution des pratiques souveraines.

Luxembourg tokenisé : en avance sur son temps
Temps de lecture : 2 minute(s) - Par | Mis à jour le 18-06-2025 17:08 | Publié le 18-06-2025 17:05

Le Luxembourg franchit le cap du DLT souverain

Le 16 juin, la Trésorerie de l’État luxembourgeois a émis pour 50 millions d’euros de certificats de trésorerie digitaux. Ces instruments à six mois, zéro coupon, sont émis à 99,030 % et remboursés à l’échéance au pair. Ils ne bouleversent pas l’ordre budgétaire, mais installent durablement la technologie DLT (Distributed Ledger Technology) dans l’arsenal souverain. Concrètement, c’est la plateforme Orion développée par HSBC et hébergée au Luxembourg qui a permis l’émission, le règlement, l’inscription et la conservation des titres. Une infrastructure 100 % numérique, gérée localement, qui renforce la maîtrise stratégique des flux.

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Pourquoi ça change la donne

Cette première émission marque plusieurs ruptures. D’abord sur le plan technique : la DLT abolit la nécessité de multiples intermédiaires pour la tenue de registres, réduit les délais de traitement, et accroît la sécurité des transactions. Ensuite, sur le plan réglementaire : le Luxembourg est l'un des seuls États de la zone euro à disposer d’un cadre juridique déjà opérationnel pour couvrir l’ensemble du cycle de vie des actifs numériques. Quatre lois ont été votées depuis 2019, permettant notamment la reconnaissance juridique des enregistrements en blockchain et leur opposabilité aux tiers. À l’échelle européenne, seuls deux pays ont testé l’émission de dette souveraine sur DLT : la France (via la Banque centrale avec des tests sur titres d’État) et désormais le Luxembourg, qui va plus loin avec une infrastructure de marché opérationnelle.


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Un hub financier qui s’installe dans la durée

Au-delà de l’effet vitrine, cette opération s’inscrit dans une stratégie long terme. Le ministère des Finances, par la voix de Gilles Roth, ne cache pas son ambition de faire du Luxembourg un pionnier de la tokenisation publique. L’émission des CTD vient après plusieurs cotations obligataires sur DLT par la Bourse de Luxembourg (LuxSE), qui dispose déjà de sa propre plateforme d’affichage de titres numériques (LuxSE SOL). Le Luxembourg est également l’un des rares États européens à avoir articulé ses objectifs réglementaires, technologiques et commerciaux pour créer un écosystème de la finance digitale cohérent. Les investisseurs, de leur côté, ont salué l’opération : sécurité juridique, transparence, rapidité de règlement, tout y est.



Vers une obligation souveraine numérique ?

Cette opération n’est qu’un prélude. Selon les autorités luxembourgeoises, une obligation souveraine émise sur blockchain est déjà à l’étude. Ce serait un pas de plus vers une architecture de marché souverain entièrement digitale, qui pourrait servir de référence dans l’Union européenne. À moyen terme, cette modernisation des instruments financiers publics pourrait améliorer la gestion de la dette, réduire les coûts opérationnels, et ouvrir la voie à de nouvelles formes de participation au financement de l’État. Mais elle pose aussi de nouvelles questions : quel rôle pour les infrastructures traditionnelles ? Quid de la souveraineté des données et de l’interopérabilité européenne ?

Le Luxembourg joue une carte singulière : celle d’un État agile, capable de faire coïncider innovation technologique, cadre juridique stable et politique de place. La tokenisation des instruments financiers souverains n’en est qu’à ses débuts, mais le Grand-Duché avance vite, et surtout, avec méthode. Dans un contexte où la maîtrise technologique devient un enjeu de souveraineté, cette émission de CTD pourrait bien être le signal faible d’un futur marché secondaire numérique, européen… ou davantage fragmenté.

Saxo

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