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Vers la création d'une cryptomonnaie publique pour contrer le Libra Facebook ?

La création d'une monnaie virtuelle par Facebook a des raisons d'inquiéter les États. En réaction, certains hommes politiques dont le ministre de l'Économie français Bruno Le Maire, proposent de créer une monnaie numérique publique. Celle-ci serait émise par les Banques centrales.

Temps de lecture : 3 minute(s) - Par Jean Daverny | Mis à jour le 04-01-2021 12:01:00 | Publié le 10-09-2019 16:42  Photo : Bruno Le Maire lors du G7 Finances à Chantilly, juillet 2019  
Vers la création d'une cryptomonnaie publique pour contrer le Libra Facebook ?

Création d'une monnaie privée à portée mondiale : une vraie problématique économique

Les GAFA vont-elles entrer en guerre contre les États sur le terrain de la monnaie ? Facebook a annoncé au printemps être sur le point de lancer sa propre cryptomonnaie dénommée Libra. En parallèle, la messagerie russe Telegram achevait une levée de fonds de 1,7 milliard de dollars pour lancer le Gram.

La création de monnaie virtuelle est un enjeu de taille. Si le Bitcoin a atteint une certaine notoriété, peu de personnes en détiennent. Cette « monnaie » (qui n'en est pas une au sens légal) n'a qu'une valeur spéculative. Mais l'économie mondiale pourrait prochainement être bouleversée si une cryptomonnaie arrivait à se doter d'une valeur d'échange, c'est-à-dire à servir de moyen de paiement à un grand nombre d'utilisateurs dans le monde.

C'est justement ce que craignent certains États avec le lancement de la cryptomonnaie de Facebook. Avec plus de 2 milliards d'utilisateurs, la plateforme pourrait avoir la capacité de légitimer sa propre monnaie, en parallèle des monnaies officielles. Ce serait un chamboulement sans précédent, car son émission serait contrôlée par une entreprise privée.

En effet, la monnaie est l'un des moyens utilisés par les États pour mettre en œuvre leurs politiques. Les banques centrales régulent leur émission grâce à la modulation des taux directeurs dans le but de maîtriser l'inflation et stimuler l'économie. Par exemple, la politique actuelle des taux bas est sensée inciter les agents économiques à dépenser leur argent plutôt qu'à l'épargner, voire à souscrire à des crédits pour acheter des biens ou des services. Tout cela dans le but de doper la croissance et l'emploi.

De même, comme la dévaluation récente de la monnaie chinoise l'a démontrée, la maîtrise de la monnaie a également une forte influence dans les relations internationales. La monnaie est donc bien un enjeu stratégique lié à la souveraineté des États.

La création d'une cryptomonnaie privée est également problématique pour de nombreux pays en développement. Pour ceux qui n'ont pas accès aux services financiers comme la simple ouverture d'un compte bancaire, les monnaies virtuelles sont une réelle alternative pour répondre à un besoin que ne satisfait pas le système en place.

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Vers la création de cryptomonnaie par les Banques centrales ?

Le prochain lancement de monnaie virtuelle de Facebook agit comme un signal d'alarme : les États ne veulent pas de concurrence sur l'émission monétaire. En juillet 2019, lors du G7 Finances, les ministres des Finances de 7 des pays les plus puissants de la planète se sont dit « préoccupés » par ce projet. Yves Mersh, du conseil exécutif la Banque centrale européenne (BCE), a de son côté appelé à ne pas céder aux promesses « séduisantes mais perfides des sirènes de Facebook ».

Pour autant, les dirigeants ne semblent pas fermés aux nouvelles technologies. Le gouverneur de la Banque d'Angleterre a suggéré la création d'une cryptomonnaie émise par le secteur public. Il s'agirait d'une « devise synthétique hégémonique » mondiale et numérique, gérée « par un réseau de banques centrales ». Une monnaie qui serait également « un moyen de limiter l'influence dominante du dollar sur le commerce », une autre problématique économique.

En France, Bruno Le Maire a confirmé l'idée d'une cryptomonnaie publique au journal La Croix. Une proposition que le ministre de l'Économie devrait soumettre courant octobre lors de l'assemblée annuelle du FMI et de la banque mondiale.

« La France refuse qu'une entreprise privée se dote des moyens de la souveraineté d'un État », explique-t-il. Indiquant ne pas être fermé à l'innovation financière, il précise cependant que celle-ci « ne doit jamais se faire au détriment de la sécurité du consommateur ou de l'épargnant».

Selon le ministre, « le vrai défi pour les services de paiement est de réduire les délais de fonctionnement, les délais de transition et les coûts des opérations financières transfrontalières. Mais aussi d'offrir un accès facile aux populations dans les pays peu bancarisés ». Mais il est important d'engager « une réflexion sur une monnaie numérique publique émise par les banques centrales qui garantirait la sécurité totale des transactions, leur rapidité, leur simplicité et leur gratuité. »

En parallèle, les gouverneurs des banques centrales des pays du G7 ont décidé de créer un groupe de travail pour aborder ce sujet. L'objectif est de définir des normes et obligations à imposer à tout organisme privé qui voudrait lancer sa monnaie, ce qui reviendrait à restreindre considérablement leurs possibilités d'en créer.




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