L'encadrement des loyers : une décision alibi pour masquer l'absence de politiques du logement
Cette démarche alibi ne fait qu'entretenir l'illusion que ces métropoles s'emparent du sujet épineux du logement. Or, en parallèle, elles expriment leur volonté de limiter la délivrance des permis de construire. C'est pourtant bien la construction de logements privés et sociaux qui permettra de résorber le déséquilibre entre l'offre et la demande, mais aussi de faire face à la croissance démographique dans les aires urbaines. Enfin, cette démarche témoigne de l'amnésie qui s'empare des collectivités : elles préfèrent ignorer les effets néfastes de cet encadrement déjà expérimenté par le passé pour se retrancher derrière une décision populaire dans l'opinion.
Des contraintes d'emprunts renforcées au plus mauvais moment
La crise n'arrange rien. Les emprunteurs, fragilisés par les mesures de chômage partiel, sont contraints d'ajourner leurs projets. Et les choses ne devraient pas s'améliorer puisque l'Autorité bancaire européenne entend imposer des contraintes supplémentaires aux banques françaises dès juin 2021 pour les nouveaux crédits accordés et dès juin 2022 pour les prêts renégociés.
Cette hyper-régulation doit cesser avant que la situation ne devienne réellement critique. Sans accès aux prêts, pas d'accès à la propriété ni d'investissements locatifs et une crise du logement qui va s'intensifier. Aujourd'hui, les établissements financiers ont droit de déroger aux critères du HCSF à hauteur de 15 % des crédits qu'elles accordent. Cette limite ne pourrait- elle pas être relevée à 30 % le temps que l'économie redémarre ?
La décence énergétique : une bonne intention, mais une mesure à contretemps
Alors que les Français n'ont jamais autant épargné, comment imaginer que les bailleurs fassent de la rénovation énergétique leur priorité dans les 2 ans à venir ? Pour les y inciter, le gouvernement a lancé le dispositif MaPrimeRénov', censé permettre à tous les citoyens de financer leurs travaux de rénovation environnementale. En dehors du fait que les bailleurs ne pourront déposer leurs dossiers qu'à compter du 1er juillet 2021, le reste à charge, souvent élevé, s'avère décourageant. La promesse d'une aide pour tous est donc loin d'être tenue et ce dispositif ne permettra pas de répondre à ce qui, demain, sera une obligation légale.
Lorsqu'on compile toutes ces annonces, on comprend vite que ni l'immobilier ni les Français ne sortiront gagnants de telles décisions. Le pays manque de logements, la crise sanitaire a encore ralenti les chantiers et l'État, à la peine sur le logement social, fait tout reposer sur le secteur privé auquel il ne cesse d'imposer de nouvelles contraintes. De quoi s'interroger sur la volonté des pouvoirs publics de s'occuper d'un secteur en difficulté, entre crise de l'offre et fragilisation de la demande.
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