
Il manque 400.000 places en crèche
Beaucoup de jeunes parents savent qu'obtenir une place en crèche ressemble souvent au parcours du combattant. Selon la lettre de l'Observatoire nationale de la petite enfance (ONAPE) de novembre 2019, il n'y aurait en France que 19,5 places pour 100 enfants de moins de 3 ans. Ce sont donc plus de 8 familles sur 10 qui doivent trouver un autre mode de garde : grands parents, assistante maternelle, ou parent qui reste au foyer.
Pire, l'observatoire avance que la capacité d'accueil des jeunes enfants a baissé entre 2017 et 2018, tous modes de garde confondus. Bilan, selon le baromètre de l'économie de la petite enfance publié fin 2019 par la Fédération des Entreprises de Crèches (FFEC), « il manque 230 000 places de crèches en plus des 450 000 existantes pour satisfaire les besoins des 2,2 millions d'enfants de moins de 3 ans. A peine 50% des demandes de places de crèches sont satisfaites. » Cette réalité cache des capacités d'accueil très disparates selon les régions et les villes. Si Paris affiche plus de 55 places pour 100 enfants, l'Aisne ne peut accueillir que 6% des enfants, l'Oise et les Côtes d'Armor 9%.
Un point négatif pour l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, car l'absence de solution de garde force une part non négligeable des mères à rester au foyer. Et une potentielle perte de chance pour les enfants : selon une étude de l'INSERM dans le « Jounal of Epidemiology and Community Health » en 2018, la crèche serait le meilleur mode de garde pour les enfants. Les petits y seraient davantage stimulés grâce aux jeux, à la lecture et aux interactions avec les autres enfants et les auxiliaires.
Un plan d'aide à l'investissement
En manque de dotations, les collectivités ne peuvent pas financer suffisamment de places pour faire face à la demande. Pour la FFEC, « Le système français d'accueil de la petite enfance a besoin du secteur privé marchand, aux côtés du secteur public et associatif (...) Si le secteur marchand a réussi à générer plus de 50 000 places entre 2012 et 2018, il serait en mesure de générer d'ici 2025 75 000 berceaux supplémentaires ».
Afin d'inciter les acteurs économiques à investir dans les crèches, l'État a lancé un plan d'investissement pour l'accueil du jeune enfant (Piaje) au travers de la Caisse Nationale d'Allocations familiales (Cnaf). L'objectif : ouvrir 30.000 places supplémentaires entre 2018 et 2022.
Ce plan propose un financement pour les projets privés, pouvant aller de 7400 euros à 13 300 euros par berceau, sous conditions. Pour être éligible, la crèche doit être accessible à tous, répondre aux critères définis par la Cnaf et démontrer sa viabilité économique.
Évidemment, construire une crèche ne s'improvise pas. Ce type de local entre dans la catégorie des ERP au sens du code de la construction (Article R-123-2). Les crèches sont ainsi réglementées et soumises à des normes de sécurité très strictes. En général, il s'écoule un an entre la promesse de bail et l'ouverture de la crèche.
Les crèches intéressent les investisseurs

Une demande supérieure à l'offre et une incitation des pouvoirs publiques : il n'en faut pas moins pour que le secteur privé s'intéresse de près aux crèches, à l'instar de la société Alliance Foncière SAS. « Après 2 ans d'activité, 75 associés ont investi 4 millions d'euros », explique Fabrice HADJADJ, Directeur commercial du cabinet BBH Consult chargé de lever des fonds pour le compte de la société. « L'objectif est de construire 20 à 25 crèches par an dans les 5 prochaines années, soit l'équivalent de 200 à 250 places supplémentaires chaque année. »
Pour pouvoir lancer les projets, Alliance Foncière SAS réalise donc des tours de table d'investisseurs. L'entreprise, fondée par le groupe Mat- Finances déjà acteur du secteur depuis de nombreuses années, a ainsi lancé sa 2ème levée de fonds entre le 1er juillet et le 31 décembre pour financer 700 nouvelles places en crèches. Elle propose d'investir à partir de 25.000 euros dans la construction ou la transformation de locaux en crèches. « Chaque associé qui rentre au capital d'Alliance Foncière SAS souscrit à 65% d'actions et à 35% en compte courant, que nous lui reversons pendant 5 ans et mensuellement avec une rentabilité de 7% par an », explique Fabrice HADJADJ. La cinquième année, la société prend l'engagement de racheter les actions. « A la sortie, les plus-values sont soumises à la flat-tax », précise le conseiller en Corporate Finance.
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