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L'action Safran capitalise sur la vigueur de l'après-vente aéronautique, mais reste sensible aux incertitudes

L'action Safran s'échange autour de 259 €, en hausse de 22 % depuis le 1er janvier. En trois ans, la valeur du titre a presque triplé. Ce parcours boursier témoigne d'un regain de confiance porté par la dynamique opérationnelle retrouvée du groupe dans l'aéronautique civile. Mais cette valorisation élevée interroge : la croissance est-elle durable ou déjà intégrée dans les cours ? L'analyse des résultats du T1 2025, couplée à l'évaluation sectorielle, permet d'éclairer les perspectives.

L'action Safran capitalise sur la vigueur de l'après-vente aéronautique, mais reste sensible aux incertitudes
Temps de lecture : 4 minute(s) - Par | Publié le 18-06-2025 06:00 Photo : Adrien Daste / Safran 

Une performance commerciale portée par l’après-vente et l’équipement militaire

Au premier trimestre 2025, Safran a publié un chiffre d’affaires ajusté de 7,26 milliards d’euros, en hausse de 16,7 % par rapport à la même période de 2024, dont +13,9 % de croissance organique. Ce dynamisme provient d’abord de la propulsion aéronautique civile, mais aussi d’une progression équilibrée dans les autres segments – Équipements & Défense (+10,8 %) et Intérieurs d’avion (+13,8 %).

Dans le détail, le moteur de cette croissance est clairement l’après-vente. Sur le segment Propulsion, les ventes de pièces de rechange pour moteurs civils (en dollars) ont bondi de 25,1 %, avec une forte contribution des moteurs CFM56 et hautes puissances. Les services pour moteurs civils, essentiellement via les contrats à l’heure de vol du LEAP, progressent aussi de 17,6 %. La hausse du chiffre d'affaires a donc été portée davantage par le mix que par les volumes, car les livraisons de moteurs LEAP ont reculé de 13 % (319 unités contre 367 en T1 2024).

Le segment Équipements & Défense montre également une dynamique robuste. Les activités de nacelles, d’atterrissage et d’avionique soutiennent la progression. Les services, en particulier sur les systèmes d’atterrissage, affichent +13,2 % de croissance, et la première monte progresse de +9,1 %. À noter : les livraisons de nacelles A320neo ont bondi de 15 %, celles des nacelles pour aviation d’affaires de 50 %.

Enfin, l’activité Aircraft Interiors, un des segments historiquement les plus cycliques et sensibles aux investissements des compagnies aériennes, renoue avec une dynamique favorable. Elle dépasse désormais de 8 % son niveau du T1 2019. Les livraisons de sièges classe Affaires ont quasiment triplé (704 unités contre 242), signalant un retour en force des commandes premium, probablement dopées par les flux long-courriers.

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Entre croissance endogène et incertitudes exogènes

Malgré ces bons résultats, plusieurs facteurs externes viennent tempérer l’enthousiasme. Safran alerte ainsi sur le risque non quantifié des droits de douane américains dans le contexte de tensions commerciales. Le groupe indique avoir mis en place des actions pour en limiter les impacts : dialogue avec les clients, adaptation logistique, optimisation des flux via les zones franches, et demandes d’exemptions au titre de l’USMCA. Mais ces leviers restent incertains par nature et pourraient affecter les marges.

Autre enjeu : la chaîne d’approvisionnement. Le groupe prévoit une hausse des livraisons de moteurs LEAP entre +15 % et +20 % en 2025, mais rappelle que la capacité de production est sous pression. La moindre défaillance de fournisseur pourrait perturber le rythme de livraison, dans un contexte de saturation industrielle post-pandémie. En cela, la croissance organique repose sur des hypothèses optimistes et exigeantes.

Sur le plan stratégique, l'acquisition des activités d’actionnement et de commandes de vol de Collins Aerospace est toujours en attente d’approbation complète. La Commission européenne a donné un accord conditionnel début avril, mais la cession des activités nord-américaines à Woodward reste à finaliser. Ce dossier, structurant pour l’intégration verticale de Safran, pourrait modifier le périmètre en cours d’année.

Enfin, la conversion anticipée de la quasi-totalité des OCEANE 2028 et le programme de rachat d’actions (1,7 million à annuler) traduisent une gestion active de la structure financière. Cette opération réduit la dette, avec un impact marginal sur la trésorerie, mais reste un arbitrage à surveiller dans un environnement de taux incertain.




Un multiple élevé mais justifié par la croissance bénéficiaire

À 259 € environ à mi-juin 2025, l’action Safran affiche une performance de +22 % depuis le début de l’année et de +189 % sur trois ans. Ce parcours boursier se reflète dans les multiples. Le PER estimé à long terme est de 22,5, soit une prime de 36 % par rapport à la moyenne du secteur (16,5). Cela traduit des anticipations de croissance bénéficiaire élevées : entre 18 et 20 % selon les prévisions, contre une moyenne sectorielle de 15 %.

Du côté du dividende, le rendement attendu pour les 12 prochains mois est de 1,5 %, en-deçà de la moyenne du secteur (2,5 %). Ce taux de distribution représente environ 31 % des bénéfices estimés, signalant une politique prudente, orientée vers la rétention des profits pour financer la croissance.

La valeur comptable est faible en proportion du cours, avec un ratio BV/P de 12 % fin 2024, en recul par rapport à sa moyenne historique de 20 %. Ce niveau souligne une valorisation largement fondée sur les anticipations de croissance future plutôt que sur les actifs tangibles.

Sur le plan bilanciel, le ratio de solvabilité (fonds propres sur total des actifs) a reculé à 20 % fin 2024, en dessous de la moyenne sectorielle de 40 %. Cela traduit un recours plus marqué à l’endettement, dans un contexte où la dette long terme a été réduite à 4,07 Mds€, contre près de 5 Mds€ un an plus tôt.

Les analystes restent modérément confiants. Le consensus donne un objectif de cours compris entre 269 et 280 €, soit un potentiel de hausse limité à +10,8 %.

Enfin, la volatilité à 12 mois témoigne d’une sensibilité aux mouvements du marché, bien que Safran se comporte de manière plus défensive que la moyenne en période de stress boursier.



Un titre premium pour un portefeuille orienté croissance, mais qui demande de la vigilance

L’action Safran s’inscrit dans une dynamique clairement porteuse à court terme : croissance organique à deux chiffres, montée en puissance de l’après-vente civile, regain d’investissement dans les équipements intérieurs, retour de la demande premium sur les sièges, et impulsion géopolitique favorable à la défense. Cette trajectoire est crédible et soutenue par des fondamentaux solides.

Mais la valorisation actuelle, bien que fondée sur des anticipations bénéficiaires élevées, suppose une exécution sans accroc. Le marché accepte de payer une prime pour la croissance, à condition que les risques (droits de douane, chaîne d’approvisionnement, tensions sur les volumes LEAP) soient contenus. Le timing d’entrée apparaît donc plus pertinent à moyen terme, sur repli ou confirmation des résultats S1.

Dans un portefeuille type, Safran occupe une place de valeur cyclique orientée croissance, avec une dimension défensive dans les phases baissières. Elle conviendrait à un investisseur cherchant une exposition structurante au secteur aéronautique, avec une visibilité stratégique renforcée par la diversification civile/militaire. Mais elle ne saurait constituer un point d’entrée aveugle à ce niveau de valorisation.

Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.

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