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Avec une baisse de près de 23 % depuis janvier et une chute de plus de 50 % sur trois ans, l’action Pernod Ricard traverse une période délicate en Bourse. Pourtant, le groupe affirme ses fondamentaux en recentrant son portefeuille et en s’adaptant à un contexte mondial chahuté. La question est désormais de savoir si la purge boursière est allée trop loin.
Sur les neuf premiers mois de son exercice 2024/2025, clos fin mars, Pernod Ricard a enregistré un chiffre d’affaires de 8,45 milliards d’euros, en recul de -4 % en organique et -5 % en données publiées. La baisse du chiffre d’affaires au troisième trimestre atteint -3 %, marquant un léger redressement par rapport aux deux premiers trimestres. Cette relative amélioration reste cependant freinée par des effets techniques – notamment en Inde (dédouanement) et en Chine (cognac) – qui devraient se normaliser au quatrième trimestre.En Amérique du Nord, qui pèse lourd dans les résultats du groupe, la situation reste contrastée. Aux États-Unis, la croissance de +2 % sur le trimestre masque une base de comparaison favorable et un déstockage partiel chez les distributeurs. Sur neuf mois, le recul atteint -5 %. Toutefois, le redressement progressif du sell-out, notamment grâce aux succès des RTD (ready-to-drink) Absolut Ocean Spray et des innovations sur Kahlua et Jameson, traduit une capacité de rebond. Le Canada et le Brésil affichent des performances solides.En Europe, la situation est plus nuancée : la France progresse, mais l’Espagne et l’Allemagne reculent. L’Asie reste pénalisée par la Chine, dont les ventes chutent de -22 % sur neuf mois. Le marché y demeure difficile, avec une demande affaiblie pour le cognac Martell. En revanche, d’autres marques (Absolut, Jameson, Olmeca) s’y développent rapidement. L’Inde continue de croître (+5 % sur neuf mois) malgré les difficultés techniques passagères. Le Travel Retail, en fort recul (-31 % sur le trimestre), reste affecté par la suppression du duty-free pour le cognac en Chine.La pression sur les volumes est limitée (+1 % sur neuf mois), mais c’est le mix prix (-5 %) qui pèse, en raison de la géographie défavorable et d’une moindre premiumisation dans certains marchés. Le groupe maintient toutefois une marge opérationnelle stable, grâce à une discipline stricte sur les coûts, une allocation agile de ses ressources et la poursuite de gains d’efficacité.Le dividende intérimaire de 2,35 € par action sera versé fin juillet, en ligne avec une politique de distribution prudente et régulière, sans accroissement du taux de distribution au regard des performances courantes. La priorité reste donnée à la génération de cash-flow, confirmée comme axe stratégique pour l’année.
Le 30 avril 2025, Pernod Ricard a finalisé la cession de l’ensemble de son portefeuille de vins stratégiques internationaux à Australian Wine Holdco Limited, maison-mère d’Accolade Wines. Cette transaction concerne un volume annuel de 10 millions de caisses, issues de marques bien établies comme Jacob’s Creek, Stoneleigh, Brancott Estate ou Campo Viejo.Cette opération, annoncée dès juillet 2024, s’inscrit dans la volonté du groupe de concentrer ses ressources sur les segments les plus rentables : les spiritueux premium et le champagne. Le vin, segment historiquement plus basique en termes de marges, représentait une part non négligeable du portefeuille en volume, mais relativement marginale en valeur. Le management l’avait clairement présenté comme non stratégique dans un environnement où la sophistication de l’offre et la désirabilité des marques jouent un rôle croissant.La cession de ces actifs permet donc de libérer des ressources financières et opérationnelles pour renforcer les piliers du portefeuille : la vodka Absolut, les scotchs Ballantine’s, Chivas Regal et Royal Salute, le whisky Jameson, le cognac Martell, ainsi que les champagnes Perrier-Jouët et Mumm. Cette logique s’inscrit dans une approche de « premiumisation disciplinée », avec des lancements produits ciblés, des hausses de prix sélectives, et un marketing plus qualitatif que quantitatif.À cela s’ajoute une volonté affirmée d’ancrer davantage les marques dans leurs marchés clés, avec une stratégie différenciée selon les zones géographiques. L’Amérique du Nord, l’Inde, et les marchés émergents dynamiques sont prioritaires, tandis que l’Europe mature et la Chine font l’objet d’un ajustement tactique.Le recentrage se double d’une rationalisation progressive du portefeuille, avec un management plus actif des marques locales et des investissements plus sélectifs. Les dépenses de promotion resteront cette année limitées à 16 % du chiffre d’affaires, confirmant un pilotage rigoureux des marges.
À 84,40 € le 1er juillet 2025, l’action Pernod Ricard affiche une baisse de -22,5 % depuis le 1er janvier, et de -51,8 % sur trois ans. Le repli est d’autant plus marquant qu’il contraste avec la performance du secteur des biens de consommation, resté globalement stable sur la période. Cette correction prolongée a ramené la valorisation du titre à des niveaux historiquement bas.Le PER à 12 mois glissants est désormais inférieur à 17, soit une décote de près de 30 % par rapport à la moyenne historique du groupe (environ 24). La rentabilité des fonds propres est pourtant restée relativement stable (ROE estimé à 12 %), et la marge opérationnelle n’a pas connu de dégradation significative. La valeur comptable par action ressort à 57 €, soit 67 % du cours actuel, un niveau rarement observé dans l’histoire récente du groupe.La dynamique technique reste toutefois orientée à la baisse. Le titre n’a pas encore franchi de seuil de retournement clair et sous-performe encore le secteur de référence. L’absence de catalyseur à court terme, hors rattrapage attendu au quatrième trimestre, explique cette prudence persistante des investisseurs.Sur le front des analystes, les avis divergent. Edward Mundy (Jefferies) considère le titre comme une opportunité d’achat, avec un objectif inchangé à 120 €. Il anticipe une reprise progressive de la croissance en Amérique du Nord et une normalisation en Chine au second semestre. D’autres experts se montrent plus mesurés, avec des objectifs autour de 113 €, privilégiant une approche prudente en raison de la faible visibilité et de la dépendance aux marchés asiatiques.En l’état, le potentiel de revalorisation à horizon 12 mois se situe entre +34 % et +42 %, ce qui traduit un niveau d’attrait intéressant pour un investisseur de moyen terme, mais conditionné à la confirmation du redressement opérationnel et à une stabilisation macroéconomique.
Pernod Ricard se présente aujourd’hui comme une valeur contrariante. Les fondamentaux restent solides : portefeuille de marques mondialement connues, présence équilibrée, capacité à maintenir les marges dans un environnement complexe, génération de cash préservée, et stratégie de recentrage claire. Mais le marché doute encore de la capacité du groupe à réenclencher une dynamique de croissance rentable à court terme.La pression sur les volumes, le mix défavorable, la dépendance à la Chine pour le cognac, et la montée en puissance de concurrents locaux dans certains marchés sont autant de défis à relever. La stratégie est claire, mais le cycle de mise en œuvre prendra du temps, notamment dans les zones où la premiumisation exige une reconstruction des canaux et de la marque.À moyen terme, la valorisation redevenue attractive ouvre une fenêtre pour les investisseurs patients. Le titre peut être vu comme une ligne satellite dans un portefeuille diversifié, orienté consommation mondiale ou marques de prestige, avec un horizon d’investissement d’au moins 18 à 24 mois.Pour les profils plus tactiques, l’entrée pourrait être envisagée sur confirmation d’un point bas technique ou publication rassurante lors des résultats annuels en août. La tendance actuelle invite à la prudence, mais les niveaux atteints deviennent intéressants, notamment si la stabilisation se confirme au S2 2024/25.
Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.
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