
Les modifications climatiques et environnementales sont un risque pour l'économie mondiale
Le réchauffement climatique aura un impact sur l'économie mondiale, entraînant une hausse des prix et un ralentissement de la croissance. Selon l'OCDE, il pourrait engendrer une perte de 10% du PIB mondial d'ici la fin du siècle si rien n'est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Les effets désastreux de la modification de notre environnement commencent à être ressentis un peu partout dans le monde. Vagues de canicules, sécheresses et évènements climatiques violents deviennent des phénomènes récurrents. Ils endommagent et détruisent des bâtiments et des cultures, nuisent à la santé et forcent des populations à se déplacer.
Ajoutées à la pénurie des ressources, ces catastrophes deviennent très coûteuses : les assureurs ont vu leurs charges liées au remboursement des sinistres multipliées par 5 en 30 ans. Une progression qui n'est pas tenable dans notre système économique actuel, et qui entraîne elle aussi irrémédiablement des risques financiers importants.
Après les accords de Paris, les gouvernements tentent de mettre en place des mesures pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés, ce qui nécessite un changement profond de modèle de société. La transition vers une économie verte nécessite de forts investissements et une mobilisation des acteurs de la finance à travers le monde, qu'ils soient privés ou publics.
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« Affronter le changement climatique, c'est un impératif »
Lors de la présentation du numéro de juin de la Revue de stabilité financière consacrée au verdissement du système financier, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a rappelé que les récents incendies en Californie et le niveau bas du Rhin ont eu des effets indéniables sur l'inflation. Selon lui, la gestion du risque climatique s'inscrit par conséquent dans le rôle des banques centrales, celle-ci ayant pour mission de veiller sur l'inflation et la croissance.
« Nous devons et nous pouvons agir à partir de nos instruments traditionnels de politique monétaire. Affronter le changement climatique, c'est un impératif », a-t-il insisté. Mais ce risque, qualifié de « lointain » et de « progressif », est difficile à appréhender pour les banques centrales, notamment dans un contexte de taux relativement bas où les marges de manœuvres sont très étroites.
Pourquoi les évènements climatiques ont-ils des effets sur l'inflation ?
Pour illustrer ce phénomène, on peut prendre l'exemple des productions agricoles. Que ce soit lors de sécheresses ou d'évènements violents (orages, grêles...), des cultures sont détruites. Par conséquent, moins de produits seront disponibles à la vente, et avec la rareté les prix augmenteront.
En parallèle, les assureurs seront mobilisés pour indemniser les sinistrés. Lorsque les évènements se produisent plus souvent, les assureurs doivent indemniser un nombre croissant de sinistres. Afin de continuer à rembourser, ils doivent donc augmenter les primes que paient leurs assurés.
Si les primes deviennent trop élevées, il est possible que certaines personnes renoncent à s'assurer convenablement pour une question de coût. Elles deviendront alors plus vulnérables lors des prochains sinistres, et seront parfois contraintes d'arrêter leur activité économique. Très schématiquement, cela entraîne à la fois une perte de production, donc une potentielle hausse des prix, ainsi qu'une augmentation du chômage.
Les banques centrales appellent à un verdissement de la finance

Créé à l'occasion du One Planet Summit, le NGFS (Network for Greening the Financial System) est un réseau de 36 banques centrales et superviseurs représentant 44% de l'économie mondiale et 45% des émissions de gaz à effet de serre.
Dans un rapport publié en avril 2019, ses membres appelaient conjointement à des actions pour verdir le système puisque « les modifications climatiques, et potentiellement les risques environnementaux, conduisent à des risques financiers ».
Selon Frank Elderson, président du NGFS, « les risques financiers auxquels le changement climatique nous expose sont complexes à analyser, sans précédent et pourtant très urgents. (...) Tant que les températures et le niveau des mers continueront de s'élever et, avec eux, les risques financiers liés au changement climatique, les banques centrales, les superviseurs et les institutions financières continueront d'accroître leur ambition pour toujours mieux prendre en compte ces risques et verdir le système financier. »
Le constat effectué, reste à se donner les moyens d'agir concrètement. Le réseau des banques centrales appelle donc à une action collective pour réajuster les pratiques financières dans la réalisation des objectifs des accords de Paris. Mais le travail n'en est qu'à ses débuts. Des travaux d'analyse et de recherche méthodologique doivent encore être réalisés, afin d'évaluer les risques et de trouver des solutions pour les atténuer.
A noter : un nombre croissant de sociétés financières proposent à leurs clients des « Investissements Socialement Responsables (ISR) ». Ces fonds sélectionnent les titres financiers dans lesquels est investi l'argent des épargnants selon des critères environnementaux et sociaux (« critères ESG »).
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Premières propositions d'actions
Le NGFS propose plusieurs leviers d'action. D'une part, commencer à intégrer les risques liés au climat dans le suivi de la stabilité financière. Le réseau souhaite également ajouter les facteurs liés au développement durable dans la gestion des portefeuilles pour compte propre. De même, il préconise un meilleur partage des données concernant l'évaluation des risques, et la mise en place de procédés destinés à mieux comprendre comment ils se traduisent, ainsi que les opportunités qui peuvent en découler en matière financière.
Enfin, le NGFS formule 2 recommandations à l'attention des responsables politiques internationaux. D'une part, la création d'un cadre homogène permettant de publier des données financières interprétables et fiables en la matière. Enfin, la création d'une classification des activités économiques en fonction de leur vulnérabilité au changement climatique ou de leur contribution à l'économie verte.
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La banque centrale émet la monnaie d'un pays (ou d'une zone comme la zone Euro) et exécute la politique monétaire définie.
Critères ESG :
Les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) permettent d'analyser le risque d'un investissement, à côté des risques purement financiers. Il s'agit d'examiner les risques de l'activité d'une entreprise au regard de son impact sur le climat, sur les aspects sociaux (dans l'ensemble de la société ou sur ses salariés), ainsi que les risques liés à la manière dont elle est gérée et contrôlée.
Inflation :
L'inflation peut se définir comme la hausse continue du niveau général des prix.
Une des conséquences de l'inflation est la perte de pouvoir d'achat de la monnaie. Lorsque les prix augmentent, la même quantité de monnaie ne suffit plus pour acheter les mêmes produits.
Par exemple, avec une inflation de 1,8% par an, un produit qui coûterait 100 € en 2022 pourrait coûter 101,8 € en 2023. Il faudrait donc augmenter la quantité de monnaie nécessaire pour acheter le produit.
ISR :
L'Investissement Socialement Responsable est un mode d'investissement, qui prend en compte des critères purement financiers ainsi que des critères extra-financiers. Les qualités de l'entreprise étudiée sont examinées sous l'angle de critères environnementaux (impact sur le climat notamment, pollution liée...), sociaux (impact dans la société ou sur les salariés) et de gouvernance (méthode de gestion). Ces critères sont souvent désignés par le sigle "ESG". Ces données extra-financières sont désormais reconnues comme exprimant un risque pour les entreprises, qui peut impacter leur rentabilité financière.
Certains produits d'investissement qui sélectionnent des entreprises par le prisme de ces critères peuvent demander à obtenir le label ISR. Ce label est destiné à ce que le produit financier soit identifiable par le public, et son obtention n'est pas obligatoire.
OCDE :
L’OCDE est une organisation internationale d’études économiques. Elle compte 36 pays membres (la plupart situés dans l’hémisphère nord à l’exception du Chili et de l’Australie). Elle est favorable au libre-échange et à la concurrence pour stimuler l’économie.
PIB - Produit Intérieur Brut :
Le PIB, ou Produit Intérieur Brut, est un indicateur économique qui correspond à la richesse produite dans un pays en un an. Il correspond à la somme des productions de biens et de services par les agents économiques vivant dans le pays dont il est question.
Portefeuille financier :
Un portefeuille est un ensemble de titres financiers détenu par un investisseur. Il peut être constitué d'actions, d'obligations, de parts de sociétés et de nombreux autres actifs.
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