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Un vent d'inquiétude souffle sur l'industrie automobile française. Le Sénat, au travers d'un rapport très détaillé, évoque une menace de "crash" pour une filière qui emploie 800 000 salariés. Face à une chute de 20% des immatriculations en six ans et une production nationale en net déclin, la chambre haute propose 18 mesures de sauvetage. Ce dossier, désormais critique, mobilise aussi bien les acteurs industriels que politiques.
Depuis 2019, le secteur automobile français connaît une dégradation rapide de ses fondamentaux, marquée par une chute marquée des ventes et une perte de compétitivité industrielle. Selon le rapport sénatorial, les immatriculations annuelles ont reculé de 20%, reflétant une désaffection croissante pour les véhicules produits dans l’Hexagone. Ce mouvement s’accompagne d’une perte de substance pour un secteur qui emploie 800 000 personnes, dont 350 000 chez les constructeurs et 450 000 dans la sous-traitance et les services associés. Les sénateurs décrivent une « crise profonde et durable », aggravée par la pression de la mondialisation, la montée en puissance de la Chine et les faiblesses structurelles du tissu industriel français, notamment le manque d’automatisation et de compétences qualifiées.
La transition accélérée vers le véhicule électrique fragilise encore davantage le secteur. L’industrie automobile, historiquement dépendante de la motorisation thermique, est confrontée à un changement de paradigme qui remet en cause des dizaines de milliers d’emplois spécialisés. En France, l’interdiction programmée des voitures neuves thermiques amplifie l’incertitude : les sous-traitants et manufacturiers traditionnels peinent à s’adapter à une offre largement dominée par l’importation et la technologie étrangère. Les sénateurs soulignent aussi le manque de flexibilité et la faible anticipation des besoins en formation, alors que la mutation des métiers s’accélère. L’ensemble de la filière réclame une stratégie industrielle cohérente afin d’éviter ce « suicide industriel » dont l’ombre plane sur l’industrie, selon les termes du rapport.
Face à l’urgence, le Sénat a formalisé une série de 18 propositions, mêlant interventions publiques et incitations au positionnement technologique. Ces mesures, allant du soutien direct à l’investissement industriel à la revalorisation des filières de formation, visent à pallier le déficit d’innovation et l’érosion de l’emploi qualifié. Parmi les axes envisagés : un appui renforcé à la robotisation des usines, le déploiement de dispositifs incitatifs pour la relocalisation des productions et l’adaptation du cadre réglementaire lié à la transition écologique. Certains points, jugés « essentiels » par les experts du secteur, ciblent l’offre de financement et la sécurisation des compétences-clés pour accompagner la montée en gamme technologique. Les sénateurs insistent également sur la nécessité d’un dialogue social rénové pour faciliter la reconversion professionnelle, vital dans un contexte de mutation profonde des marchés et des technologies.