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Dernière mise à jour : 07/11/2025 - 17h39
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Bouygues, Iliad et Orange s'unissent pour acquérir SFR à hauteur de 17 milliards d'euros

les trois principaux opérateurs français ont déposé une offre commune pour racheter l'essentiel des actifs d'Altice France, maison mère de SFR. Cette proposition, qui valorise les actifs visés à 17 milliards d'euros et l'ensemble du groupe à plus de 21 milliards, pourrait redessiner le paysage français des télécommunications en ramenant le marché à trois opérateurs. Bouygues Telecom capte 43% de la valeur, Iliad 30% et Orange 27%, chacun ciblant des segments complémentaires. Altice a cependant déclaré refuser cette offre quelques heures plus tard.

Bouygues, Iliad et Orange s'unissent pour acquérir SFR à hauteur de 17 milliards d'euros
Temps de lecture : 2 minute(s) - Par La rédaction | Mis à jour le 15-10-2025 11:49 | Publié le 15-10-2025

Une alliance inédite pour absorber le deuxième opérateur français

L'offre déposée mardi soir marque une première dans le secteur des télécommunications hexagonal. Bouygues Telecom, Free-Groupe Iliad et Orange ont formalisé une proposition conjointe non engageante visant à acquérir la majeure partie des activités de télécommunications d'Altice France. Le périmètre cible englobe presque tous les actifs de SFR, à l'exception notable des participations dans Intelcia, UltraEdge, XP Fibre et Altice Technical Services, ainsi que les activités ultramarines du groupe.

La répartition envisagée reflète les ambitions stratégiques de chaque acteur. Bouygues Telecom, qui s'adjuge la part la plus importante avec 43% de la valeur totale, récupérerait principalement l'activité professionnelle ainsi que le réseau mobile en zone rurale. Le groupe Iliad, avec 30%, partagerait également les clients entreprises aux côtés de Bouygues. Orange, malgré sa position de leader national, se contente de 27%, concentrant son intérêt sur les clients particuliers, les infrastructures et les fréquences hertziennes qu'il partagerait avec ses deux partenaires.

Selon Olivier Roussat, directeur général de Bouygues, cette démarche constitue la première étape d'un long processus sans garantie de succès. Le montant de 17 milliards d'euros pour les actifs ciblés fait ressortir une valorisation implicite de plus de 21 milliards d'euros pour l'ensemble d'Altice France, sur la base des informations publiques et des estimations d'analystes concernant les actifs exclus du périmètre.

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Le dénouement d'une crise financière historique

Cette offre intervient dans un contexte de restructuration majeure chez Altice France. Le 1er octobre 2025, le groupe a finalisé un accord historique avec ses créanciers, permettant de ramener sa dette de 24,1 milliards à 15,5 milliards d'euros. L'opération s'est traduite par l'effacement de 8,6 milliards d'euros de passif en échange d'une entrée au capital des prêteurs à hauteur de 45%.

Parmi ces créanciers figurent des fonds américains de premier plan tels que BlackRock, Pimco et Fidelity. Patrick Drahi conserve néanmoins le contrôle du groupe avec une participation majoritaire de 55%, renforcée par des actions à droits de vote multiples.

Depuis juillet 2023 et les soupçons de corruption visant Armando Pereira, bras droit de Patrick Drahi, Altice s'était retrouvé au cœur d'une crise sans précédent. L'empire du milliardaire cumulait alors près de 60 milliards d'euros de dettes. Pour éviter un défaut de paiement imminent en 2027, Patrick Drahi avait multiplié les cessions d'actifs, vendant notamment BFM TV et RMC à Rodolphe Saadé pour 1,55 milliard d'euros en mars 2024, puis Teads pour 1 milliard de dollars et ses parts dans l'opérateur britannique BT pour 4,1 milliards d'euros. Ces ventes ont permis de convaincre les créanciers d'accepter une restructuration évitant la faillite pure et simple du groupe.


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Un parcours semé d'obstacles réglementaires et sociaux

Si les trois opérateurs parviennent à s'entendre avec Patrick Drahi sur les conditions financières, le chemin vers la finalisation reste parsemé d'embûches. L'offre non engageante doit d'abord être acceptée par Altice France, étape qui pourrait nécessiter des négociations sur le prix de rachat avant d'aboutir à une proposition ferme. Une fois cette seconde offre déposée, l'examen par les autorités de la concurrence devrait durer environ 18 mois selon les estimations de Bouygues Telecom.

Le retour à trois opérateurs, du jamais vu depuis l'arrivée de Free sur le marché mobile en 2012, soulève des interrogations sur le maintien de la concurrence et sur l'évolution des tarifs pour les consommateurs. Marc Ferracci, ancien ministre de l'industrie, s'était d'ailleurs déclaré attentif à la protection des consommateurs lors d'un échange début juillet sur BFM Business.

Les actifs qui ne pourraient être transférés immédiatement seraient placés dans une société commune chargée de la transition et de la migration progressive des 25 millions de clients de SFR. Cette structure s'appuierait sur les collaborateurs actuels du groupe Altice. Les syndicats, notamment la CFDT et l'UNSA, redoutent des suppressions d'emplois massives. Olivier Lelong, délégué syndical central CFDT à SFR, évoquait sur France Inter le risque de voir plus de 6 000 personnes perdre leur emploi à court ou moyen terme. Une audience d'appel concernant le plan de sauvegarde accélérée d'Altice France est prévue le 4 novembre 2025.