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Dernière mise à jour : 10/11/2025 - 14h29
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France : la note souveraine sous tension

Après la dégradation surprise de S&P Global, les regards se tournent vers Moody’s. L’agence américaine doit rendre son verdict sur la dette française à la fin du mois d’octobre. En cas d’abaissement, la France rejoindrait le club des États notés en catégorie “intermédiaire”, avec à la clé une hausse durable de ses coûts d’emprunt.

France : la note souveraine sous tension
Temps de lecture : 2 minute(s) - Par | Mis à jour le 22-10-2025 15:11 | Publié le 22-10-2025 15:10

Une crédibilité budgétaire fragilisée

La dette publique française atteint désormais près de 3 200 milliards d’euros, soit 112 % du PIB, un niveau inédit en temps de paix. Ce poids colossal alimente depuis plusieurs années la méfiance des agences de notation. En mai dernier, S&P Global Ratings avait abaissé la note de la France d’un cran, de AA à AA–, évoquant des “perspectives d’assainissement limitées” et une “trajectoire budgétaire incertaine”.

Tous les regards se tournent donc vers Moody’s, dont le verdict est attendu le 25 octobre. L’agence américaine maintient pour l’instant la note Aa3, équivalente à celle de la Belgique, mais les signaux d’alerte se multiplient. Le gouvernement mise sur la désinflation et la reprise de la croissance pour stabiliser le ratio dette/PIB dès 2026. Mais les économies promises (16 milliards d’euros sur le budget 2025) reposent sur des hypothèses fragiles : un baril sous les 80 dollars et une croissance de 1,4 %. La récente remontée des taux longs à plus de 3,5 % sur les obligations françaises rend l’objectif plus incertain.

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Des marchés en apnée bienveillante

Curieusement, les marchés réagissent peu. Le CAC 40 reste solide, porté par la vigueur du luxe et la détente sino-américaine. Les investisseurs institutionnels semblent avoir intégré l’idée que la France ne sera pas la prochaine Italie, malgré une trajectoire budgétaire comparable. “Les opérateurs de marché sont conscients de la fragilité structurelle de la dette française, mais ils font le pari implicite que la BCE continuera de jouer le rôle de bouclier invisible”, observe un stratégiste obligataire.

Ce pari est risqué. La Banque centrale européenne réduit progressivement son portefeuille d’obligations souveraines et ne réinvestira plus l’intégralité des titres arrivant à échéance. Autrement dit, la France devra compter davantage sur les investisseurs privés pour financer sa dette — à un moment où la confiance budgétaire s’effrite. Le choc fiscal post-élections américaines pourrait aussi compliquer la donne. Si Donald Trump poursuit sa politique de relocalisation et de dépenses publiques massives, la hausse des rendements américains pourrait mécaniquement renchérir le coût du capital en Europe. Et les investisseurs internationaux, déjà sous-exposés à la dette française, pourraient continuer de réduire leur part.


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Une souveraineté à reconstruire

Derrière les chiffres se cache un enjeu politique plus profond : la souveraineté financière. La France s’endette massivement pour financer la transition écologique, la défense, les retraites et la politique sociale. Autant de priorités légitimes, mais dont la somme pèse lourd sur la crédibilité budgétaire. “Il est probable que Moody’s abaisse la note ou passe à une perspective négative, ce qui reviendrait au même”, estime un économiste d’IG France. “Mais le vrai risque, c’est la perte de confiance progressive des marchés plutôt qu’un choc immédiat.”

Dans ce contexte, le signal envoyé aux investisseurs étrangers sera crucial. La dette française reste recherchée pour sa liquidité et sa notation encore élevée, mais l’écart de confiance avec l’Allemagne ou les Pays-Bas se creuse. Si la France veut préserver sa marge de manœuvre, elle devra démontrer qu’elle reste capable de maîtriser sa trajectoire budgétaire sans recourir à la BCE comme assurance tous risques.