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Aux États-Unis, les investissements liés à l’intelligence artificielle atteignent des niveaux vertigineux. Mais leur impact sur la croissance officielle reste faible, faute d’être correctement mesuré. Un paradoxe qui rappelle les débats des années 1980 sur la productivité des ordinateurs.
Depuis 2022, les revenus des entreprises américaines impliquées dans l’infrastructure de l’IA ont bondi de 400 milliards de dollars. À première vue, cela équivaut à près de 10 % de la hausse du PIB américain. Mais l’analyse de Goldman Sachs nuance ce chiffre : une fois corrigés les revenus hors États-Unis, l’inflation et les importations d’entrants, l’impact réel est ramené à 160 milliards de dollars, soit +0,7 % de PIB en trois ans (+0,3 % par an).
Problème : seule une fraction apparaît dans les statistiques officielles. Le Bureau of Economic Analysis (BEA) classe encore les semi-conducteurs – y compris les puces Nvidia – comme des consommations intermédiaires, et non comme des investissements. De même, le cloud dédié à l’entraînement des modèles IA n’est pas reconnu comme un actif productif. Résultat : le PIB officiel n’intègre qu’un gain de 45 milliards de dollars (+0,1 % par an).
Cette situation évoque la remarque de l’économiste Robert Solow : « On voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de productivité. » Aujourd’hui, c’est l’IA qu’on ne voit pas dans le PIB. Pourtant, l’investissement continue de croître, financé cette fois par les cash-flows colossaux des hyperscalers (Microsoft, Google, Amazon). Contrairement à la bulle Internet, il n’y a pas de surendettement massif : les entreprises investissent globalement moins qu’elles n’épargnent, et leurs marges restent solides.