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Le président de la Réserve fédérale américaine a confirmé mardi 14 octobre que la banque centrale poursuivrait son assouplissement monétaire face à un marché de l'emploi en perte de vitesse. Lors d'un discours devant l'Association nationale des économistes d'entreprise à Philadelphie, Jerome Powell a réaffirmé les inquiétudes de l'institution quant à la dégradation des conditions d'embauche, tout en reconnaissant une économie globalement plus robuste qu'anticipé. Cette position intermédiaire dessine les contours d'une politique monétaire mesurée, où chaque décision sera prise réunion après réunion, au gré des indicateurs disponibles.
Jerome Powell a exposé un tableau nuancé de l'économie américaine lors de son intervention du 14 octobre. Si la croissance économique semble suivre une trajectoire légèrement plus solide que prévu avant le blocage budgétaire, le marché du travail présente des signaux préoccupants. Le président de la Fed a souligné que les données disponibles, malgré l'absence de statistiques officielles sur l'emploi de septembre en raison du shutdown gouvernemental, suggèrent une persistance de faibles niveaux d'embauche et de licenciements. Les enquêtes auprès des ménages révèlent une perception dégradée des opportunités d'emploi, tandis que les entreprises rapportent moins de difficultés à recruter, traduisant un relâchement progressif de la demande de main-d'œuvre. Cette situation inhabituelle, où l'offre et la demande de travail ralentissent simultanément, crée un contexte délicat pour la banque centrale. Les données privées ADP ont d'ailleurs révélé une suppression de 32 000 emplois dans le secteur privé en septembre, marquant le déclin le plus prononcé depuis mars 2023 et la première période de deux mois consécutifs de pertes d'emplois depuis 2020. Les révisions historiques publiées par le Bureau of Labor Statistics ont par ailleurs montré que le nombre de créations d'emploi entre avril 2024 et mars 2025 aurait été surévalué de 911 000 postes. Powell a insisté sur le fait que les risques pesant sur le marché du travail semblent avoir augmenté, justifiant ainsi le changement d'orientation de la politique monétaire initié en septembre.
La Réserve fédérale a amorcé son cycle d'assouplissement monétaire en septembre 2025 avec une première réduction de 25 points de base, ramenant le taux des fonds fédéraux dans une fourchette de 4,00 % à 4,25 %. Cette décision, conforme aux attentes du marché, constitue la première baisse des coûts d'emprunt depuis décembre. Lors de cette réunion de septembre, les responsables de la Fed avaient publié de nouvelles projections économiques indiquant une baisse supplémentaire de 50 points de base d'ici la fin de 2025, puis d'un quart de point en 2026. Environ la moitié des responsables anticipent ainsi deux baisses de taux supplémentaires avant la fin de l'année, avec des réunions programmées fin octobre et en décembre. Les minutes du FOMC révèlent que la plupart des responsables ont jugé approprié de faire évoluer le taux vers un niveau plus neutre, considérant que les risques à la baisse pour l'emploi avaient augmenté. Cette orientation accommodante vise à éviter des tensions inutiles dans l'économie et le système financier, alors que le rythme actuel de créations d'emplois, estimé à 75 000 par mois depuis janvier, se situe en dessous du taux d'équilibre nécessaire pour stabiliser le chômage. Les investisseurs ont accueilli favorablement ces signaux, interprétant le discours de Powell comme une confirmation d'une nouvelle baisse lors de la prochaine réunion des 28 et 29 octobre. Les marchés obligataires ont réagi avec un léger recul des rendements des bons du Trésor, tandis que le dollar s'est affaibli face aux principales devises.
La Fed navigue dans un environnement particulièrement complexe où l'inflation demeure supérieure à l'objectif de 2 %, atteignant 2,9 % selon l'indice PCE préféré de la banque centrale. Powell a précisé que cette inflation élevée s'explique en grande partie par les droits de douane imposés par l'administration américaine, plutôt que par des pressions inflationnistes généralisées dans l'économie. Une majorité des responsables du FOMC continuent toutefois de souligner que les risques pour les perspectives d'inflation restent orientés à la hausse, créant ainsi une tension avec la nécessité de soutenir l'emploi. Le blocage budgétaire du gouvernement fédéral ajoute une couche supplémentaire d'incertitude, privant la Fed de données officielles essentielles pour évaluer la situation économique. Selon Jerome Powell, l'institution dispose néanmoins de suffisamment d'éléments issus de sources publiques et privées pour guider ses décisions jusqu'à la réunion d'octobre, mais il a averti que des difficultés pourraient survenir si la fermeture se prolonge. Le président de la Fed a également abordé la question du resserrement quantitatif, indiquant que la fin de ce processus de réduction du bilan, actuellement à 6 600 milliards de dollars, pourrait approcher dans les mois à venir. Certains indicateurs suggèrent en effet un resserrement progressif des conditions de liquidité sur les marchés monétaires. Powell a défendu la flexibilité de la Fed dans l'utilisation de son bilan, tout en reconnaissant avec le recul que l'institution aurait peut-être dû arrêter plus tôt ses achats d'actifs durant la pandémie.