Continuer avec Google
Continuer avec Facebook
Continuer avec Apple
Le Fonds monétaire international a publié le 14 octobre ses dernières Perspectives de l'économie mondiale, révélant une croissance mondiale attendue à 3,2% en 2025 et 3,1% en 2026, contre 3,3% en 2024. Si ces chiffres marquent un ralentissement progressif, ils représentent néanmoins une révision à la hausse par rapport aux projections d'avril dernier, lorsque l'institution tablait sur 2,8%. Cette amélioration s'explique par une meilleure résistance des économies face aux tensions commerciales, notamment grâce à l'agilité du secteur privé et à des facteurs de soutien temporaires.
Les nouvelles projections du FMI interviennent dans un contexte marqué par une incertitude persistante sur les politiques commerciales américaines. L'institution de Washington observe que la croissance mondiale devrait s'établir autour de 1,5% dans les économies avancées et juste au-dessus de 4% dans les pays émergents et en développement pour la période 2025-2026. Ces chiffres masquent toutefois des disparités régionales importantes. Les États-Unis devraient connaître un ralentissement marqué, avec une croissance ramenée à 2% en 2025 contre 2,8% en 2024, tandis que la zone euro afficherait une progression de 1,2% en 2025 selon les estimations consolidées. La Chine, dont l'économie reste tributaire des exportations et des déséquilibres structurels, verrait sa croissance ralentir à 4% en 2025. L'Inde, en revanche, maintiendrait une dynamique plus favorable avec 6,6% de croissance attendue pour l'exercice fiscal 2025-2026, bénéficiant d'une forte consommation intérieure et d'une demande domestique robuste. Le commerce mondial, quant à lui, devrait croître de seulement 2,9% en moyenne sur 2025-2026, bien en deçà des 3,5% enregistrés en 2024, témoignant de la fragmentation persistante des échanges internationaux. Cette décélération intervient malgré un effet de rattrapage lié aux anticipations d'importations au premier semestre 2025.
La relative résistance de l'économie mondiale s'explique par plusieurs facteurs identifiés par Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI. Les droits de douane effectifs américains s'élèvent en moyenne à 17,5% aujourd'hui, un niveau inférieur aux 23% initialement annoncés en avril. Le secteur privé a démontré une capacité d'adaptation remarquable en accélérant les expéditions de marchandises vers les États-Unis avant l'instauration des nouvelles barrières tarifaires, un phénomène particulièrement visible dans les pays émergents. Les conditions financières se sont révélées plus favorables que prévu, notamment grâce à la dépréciation du dollar au premier semestre, allégeant le fardeau de la dette des économies en développement. Plusieurs grandes économies ont par ailleurs mis en œuvre des politiques de relance budgétaire, la Chine et la zone euro en tête, soutenant ainsi l'activité malgré les vents contraires. L'Allemagne prévoit notamment une expansion budgétaire qui devrait porter la croissance de la zone euro en 2026. Les investissements massifs dans l'intelligence artificielle ont également joué un rôle de soutien, bien que le FMI mette en garde contre une possible réévaluation brutale des valorisations technologiques si les gains de productivité attendus déçoivent. Ces différents éléments expliquent pourquoi l'impact des mesures protectionnistes américaines s'avère, à ce stade, plus contenu qu'anticipé.
Malgré cette résistance relative, les perspectives demeurent fragiles et les risques restent orientés à la baisse selon le FMI. L'incertitude prolongée concernant les politiques commerciales pèse déjà sur les décisions d'investissement des entreprises. L'institution souligne qu'en excluant le secteur technologique, les investissements mondiaux affichent en réalité une baisse par rapport à 2024. Les tensions commerciales pourraient s'intensifier, avec des risques de nouvelles hausses tarifaires ou de mesures de rétorsion qui n'ont pour l'instant été que partiellement déployées. Les politiques migratoires plus restrictives aux États-Unis constituent un autre choc d'offre négatif, réduisant la disponibilité de main-d'œuvre étrangère dans un contexte de vieillissement démographique. Sur le plan budgétaire, la dette publique mondiale devrait frôler 100% du PIB d'ici la fin de la décennie, avec plus d'un tiers des pays voyant leur endettement augmenter en 2025. Cette situation limite les marges de manœuvre des gouvernements pour faire face à de nouveaux chocs. L'inflation, si elle devrait globalement reculer, restera supérieure à l'objectif de 2% aux États-Unis, avec des risques haussiers liés à la transmission progressive des tarifs douaniers aux prix à la consommation. Pour les pays émergents et en développement, la contraction de l'aide publique internationale et les coûts d'emprunt élevés restreignent le financement extérieur, alors que dans de nombreux pays à faible revenu, les paiements d'intérêts absorbent environ 15% des recettes budgétaires.