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L’indice phare de Wall Street bat record sur record, porté par une poignée de géants technologiques. Mais derrière l’euphorie, la concentration extrême et des valorisations tendues réveillent les vieux démons de la bulle internet.
Jamais le S&P 500 n’avait semblé aussi puissant… et aussi vulnérable. Les dix plus grandes entreprises de l’indice — dominées par les colosses technologiques comme Nvidia, Microsoft, Apple ou Amazon — représentent désormais 39,5 % de sa capitalisation totale, un niveau inédit. Cette dépendance à un petit groupe de valeurs n’est pas sans conséquence : en avril dernier, une simple annonce de Donald Trump sur de nouvelles taxes douanières avait suffi à déclencher une mini-correction, les « Magnificent Seven » chutant plus vite que l’ensemble du marché.Derrière cette concentration, c’est la question de la valorisation qui alimente les débats. L’indice se négocie aujourd’hui à 3,23 fois le chiffre d’affaires des entreprises, plus que lors du pic de la bulle internet au début des années 2000. Autrement dit, les investisseurs paient plus que jamais chaque dollar de revenus générés. Le fameux ratio cours/bénéfices (PER), souvent scruté comme baromètre des excès, atteint 22,5 fois les bénéfices attendus sur les douze prochains mois, contre une moyenne de 16,8 depuis l’an 2000.
Pour leurs partisans, ces niveaux sont justifiés : les champions de l’intelligence artificielle et du cloud enregistrent des marges record et une croissance soutenue. Nvidia, dopé par l’explosion de la demande en processeurs graphiques, affiche des ventes en hausse de plus de 50 % par an. Microsoft, grâce à sa diversification dans l’IA et ses abonnements récurrents, continue de surprendre à la hausse. Dans ce contexte, certains estiment que ces sociétés « valent chaque centime investi ».Mais cette surperformance crée un effet pervers : tout le marché vit et meurt au rythme d’une poignée de titres. L’investisseur qui achète le S&P 500 par le biais d’un ETF pense diversifier son portefeuille sur 500 valeurs. En réalité, près de 40 % de son exposition se concentre sur dix entreprises. Si un choc venait à affecter ces mastodontes, l’ensemble de l’indice serait entraîné à la baisse. Comme le résume un stratégiste interrogé par eToro, « le problème n’est pas que ces sociétés soient chères, c’est que tout le monde est investi dans les mêmes titres. Quand viendra le moment de vendre, qui restera pour acheter ? ».
Pour l’heure, aucune correction sérieuse ne s’esquisse. Malgré un repli de 0,69 % lors de la dernière séance, le S&P 500 affiche encore une hausse de 9 % depuis le 1er janvier. Les investisseurs, dopés par la perspective d’une baisse des taux de la Fed et par la croissance encore solide des bénéfices, continuent d’alimenter le rallye. Pourtant, l’histoire rappelle que le mois de septembre est statistiquement le plus mauvais en Bourse depuis cinquante ans.Entre la concentration extrême sur un petit nombre de géants, des valorisations tendues et un climat macroéconomique incertain, le S&P 500 semble marcher sur une ligne de crête. L’indice pourrait continuer à s’envoler tant que les champions de l’IA surprennent à la hausse. Mais il suffirait d’un grain de sable — un ralentissement des résultats, une secousse géopolitique ou une hausse imprévue des taux — pour transformer l’euphorie en désillusion.