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Comprendre la crise des subprimes de 2008



En 2008, le monde affronte une violente crise financière, suivie d'une crise économique. A son origine, des crédits hypothécaires destinés aux ménages américains modestes. Retour sur les mécanismes d'une contagion.

Temps de lecture : 4 minute(s) - | Mis à jour le 27-12-2020 22:54 | Publié le 06-04-2020 16:50  Photo : Shutterstock  

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Des crédits à taux variables distribués à des ménages peu solvables

A l'automne 2008, les marchés financiers mondiaux s'effondrent. La planète découvre subitement les conséquences d'une bulle créée de longue date sur les crédits immobiliers américains.

Dans les années 2000, de mauvaises pratiques bancaires s'étaient particulièrement développées outre-Atlantique. Certaines banques ont longtemps permis à des ménages américains peu solvables d'emprunter des sommes supérieures à leurs capacités de remboursement.

En contrepartie du risque pris, elles proposaient un taux d'intérêt variable (sans plafond), un peu plus élevé que le marché. Les sommes prêtées étaient garanties par une hypothèque. Ces crédits étaient nommés les « subprimes », par opposition aux crédits « primes », destinés aux particuliers solvables.

Les établissements prêteurs tablaient alors sur :
- des taux d'intérêt très bas qui garantissait que les emprunteurs puissent commencer à rembourser les premières mensualités,
- et une croissance continue des prix de l'immobilier qui leur permettait de se rembourser en saisissant le bien en cas de défaillance de l'emprunteur.

En France, ce type de crédit n'a pas existé : les banques limitent l'endettement des ménages à 30% de leurs revenus mensuels.

A lire : BNP Personal Finance condamnée pour les prêts toxiques « Helvet Immo »

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Une « titrisation » massive des crédits subprimes toxiques

Le marché des « subprimes » s'est très vite révélé trop risqué pour les établissements qui le pratiquaient. En effet, ce schéma ne fonctionnait qu'à condition que les taux restent bas, et que le marché immobilier continue de progresser. Deux phénomènes qui ne sont jamais éternels. D'ailleurs rapidement, les prix de l'immobilier avaient commencé à fléchir aux États-Unis.

Les spécialistes de ce type de crédit ont donc commencé à revendre leurs créances sous forme de titres financiers. C'est le mécanisme de la « titrisation ». Par exemple, une banque accorde un crédit de 200.000 dollars sur 10 ans à un ménage, avec un taux d'intérêt démarrant à 5%. Afin de ne pas attendre la fin des dix ans pour être remboursé et diminuer le risque d'insolvabilité, elle transforme cette créance en titres financiers pour la revendre. Elle émet alors 1000 obligations de 200 dollars, promettant aux acheteurs de ces titres un intérêt annuel de 5% minimum.

Ces obligations ont ensuite été achetées par d'autres établissements financiers. Ces derniers ont dilué le risque en créant des produits financiers complexes, dans lesquels elles ont mélangé les titres subprimes avec d'autres actifs moins risqués. Dès ce stade, la présence de ces titres toxiques est devenue de moins en moins évidente à repérer.

Ces produits structurés obligataires à « haut rendement » ont rapidement intéressé d'autres établissements financiers pour dynamiser leurs propres produits financiers. Beaucoup en ont acheté pour les intégrer dans les fonds d'investissement commercialisés auprès de particuliers et de professionnels.

Les crédits toxiques se sont dès lors retrouvés dilués partout dans le monde, dans des centaines de fonds d'investissement, SICAV, fonds de pension, assurances-vie... Tels des bombes à retardement, ils se cachaient dans les portefeuilles des particuliers et des sociétés financières sans que ceux-ci ne soient au courant.

La remontée des taux entraîne des défauts de remboursement massifs



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« Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel ». Entre 2004 et 2006, la banque centrale américaine a progressivement passé ses taux de 1 à 5,25%. Les taux des crédits immobiliers « subprimes » ont mécaniquement augmenté, conduisant de nombreux ménages emprunteurs à ne plus pouvoir payer leurs mensualités. En parallèle, les prix de l'immobilier ont commencé à baisser. En 2007, le marché immobilier américain avait déjà perdu 20%.

Les créanciers saisissent les biens des ménages devenus insolvables. Mais la chute des prix ne leur permet pas de couvrir le montant des dettes. C'est ensuite un effet cascade. De plus en plus de ménages deviennent insolvables et un nombre croissant de biens immobiliers se retrouvent sur le marché, ce qui amplifie la baisse des prix. En août 2007, 1 million de ménages font défaut.

A lire : Affaire Madoff : l'escroquerie mise à jour par la crise des subprimes



L'économie mondiale contaminée

Les sociétés de crédit spécialisées dans les subprimes font rapidement faillite, faute de pouvoir récupérer leurs fonds. Sur les marchés, analystes et investisseurs commencent à douter car la crise prend de l'ampleur.

Bientôt, deux fonds d'investissement d'une grande banque américaine sont touchés, jetant la suspicion sur tous les autres fonds d'investissement. La confiance des investisseurs ébranlée, les marchés financiers subissent une première chute à l'été 2007.

Les banques sont à leur tour frappées doublement. Elles supportent le risque des crédits immobiliers et celui des subprimes intégrés dans leurs produits d'investissement, y compris dans les fonds les moins risqués (SICAV monétaires). Ne pouvant savoir combien de ces actifs toxiques elles possèdent, elles provisionnent des pertes comptables. Leurs capitaux propres chutent. Au printemps 2008, le fonds monétaire international (FMI) estime la perte globale liée aux subprimes à 945 milliards de dollars, dont 565 milliards d'euros pour les banques.

Les épargnants ne sont pas épargnés. Pensant avoir investi dans des produits monétaires sans risque, ils s'aperçoivent qu'ils ne peuvent pas récupérer leurs avoirs. Là encore, une crise de confiance s'installe. Des particuliers décident de retirer leurs fonds des banques, dont certaines seront conduites à rembourser les épargnants, ce qui les fragilise.

A l'automne 2008, tout s'accélère. La banque Lehman Brothers fait faillite, laissant derrière elle de nombreux créanciers partout dans le monde. Le 6 octobre, les marchés financiers chutent brutalement : les investisseurs inquiets se mettent soudain à vendre massivement leurs titres financiers. Lors de ce krach boursier, le CAC 40 perd 22 % en une semaine.

Face à une crise financière de grande ampleur et la fragilisation du secteur bancaire, les États viennent au secours des établissements financiers afin d'éviter un effondrement global. Par la suite, la crise bancaire se propage à l'économie réelle, notamment par la raréfaction des crédits. La crise économique durera ensuite près de 10 ans.

A lire : Du krach boursier à la crise économique, quels mécanismes ?

En matière financière, les produits les plus complexes sont souvent les plus risqués. Ils peuvent facilement cacher des mécanismes de fonctionnement très compliqués, voire des actifs toxiques.

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Mieux comprendre l’article
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Banque centrale :
La banque centrale émet la monnaie d'un pays (ou d'une zone comme la zone Euro) et exécute la politique monétaire définie.

Hypothèque :
L'hypothèque est une garantie prise sur un bien afin d'assurer le remboursement d'une dette. En immobilier, le crédit hypothécaire est un emprunt garanti par un bien immobilier du patrimoine de l'emprunteur.
L'hypothèque est donc une "sûreté". Elle est inscrite au bureau des hypothèques par un notaire et doit faire l'objet d'une mainlevée lorsque la dette n'existe plus ou lorsque le bien est vendu.

Les droits du créancier
D’après le Code civil, l’hypothèque constitue un « droit réel sur un immeuble affecté à l’acquittement d’une obligation ». Ainsi lorsqu’un organisme prêteur consent à financer le remboursement d’une dette via une hypothèque, cette hypothèque donne au créancier, certains privilèges et droits fondamentaux : soit le droit de préférence, qui fait de lui le créancier prioritaire sur d’autres créanciers, et le droit de suite qui lui permet d’exercer son droit sur le bien immobilier malgré que ce bien ait changé de propriétaire.

Le coût d’une hypothèque
Le coût global d’une hypothèque sur bien immobilier se calcule sur la base de certains éléments, dont les émoluments du notaire, lesquels sont calculés d’après une grille tarifaire fixée par décret et d’éventuels frais annexes. Il y aussi la contribution de sécurité immobilière qui s’élève à 0.05 % de l’emprunt, majoré de 20 %. Ensuite, les droits d’enregistrement qui correspondent à la taxe de publicité foncière au taux de 0,715 % sur les sommes garanties.


Taux directeur :
Les taux directeurs sont des taux d'intérêt fixés par une banque centrale. Ils permettent de réguler l'activité économique en agissant sur 3 leviers : le taux de rémunération des dépôts des banques, leur taux de refinancement et le taux d'escompte.


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