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Depuis la crise financière de 2008, les États-Unis ont bâti une domination boursière sans précédent. Cependant, un décalage semble se creuser entre la réalité économique et la valorisation des actifs, remettant en question la solidité structurelle de ce que certains appellent l'« exceptionnalisme américain ».
Jamais les marchés n’ont accordé autant de poids aux États-Unis. Les actions américaines représentent près de 66 % du MSCI ACWI, alors que le pays ne pèse que 25 % du PIB mondial. Cette distorsion est alimentée par la montée en puissance de la gestion passive, qui canalise mécaniquement les flux vers les entreprises américaines. Chaque euro investi dans un fonds indiciel mondial finance ainsi majoritairement Wall Street, indépendamment de la performance relative des autres économies.Laurent Chaudeurge, membre du comité d’investissement de BDL Capital Management, souligne que cette dépendance est préoccupante : « La suprématie américaine n’est pas seulement le reflet de la croissance passée, elle est aussi le produit d’une mécanique d’allocation aveugle, déconnectée des fondamentaux. » Le parallèle avec le Japon des années 80, dont la capitalisation avait alors largement dépassé son poids économique avant de retomber, est souvent cité.
Sur presque tous les indicateurs, les États-Unis apparaissent moins solides que le reste du monde. Leur croissance potentielle est limitée à 1,8 % en 2025 contre 3,5 % pour le « monde hors USA ». Leur dette atteint 125 % du PIB contre 90 % ailleurs, leur déficit budgétaire dépasse 6 %, et leur taux d’épargne est famélique à 3,5 %, quand l’Asie et l’Europe dépassent les 20 %. Autant de faiblesses qui, en théorie, devraient se traduire par des valorisations boursières plus faibles.Or c’est l’inverse : le PER américain approche 22x, un niveau comparable à la bulle TMT des années 2000, contre 12x pour le reste du monde. Pour BDL Capital Management, cette survalorisation s’explique par l’« exceptionnalisme perçu », mais risque de déboucher sur une désillusion. D’autant que la baisse programmée du dollar, encouragée par l’administration Trump via ses politiques tarifaires et budgétaires, pourrait accentuer le déséquilibre. Une devise plus faible allège certes le « twin deficit » américain, mais réduit l’attrait des actifs US pour les investisseurs étrangers.