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Un procès hors norme s'ouvre ce lundi 13 octobre à la Haute Cour de Londres contre cinq constructeurs automobiles majeurs, dont Renault et Stellantis. Cette procédure, qui durera trois mois, constitue un nouveau chapitre du scandale mondial du dieselgate. Au total, 1,6 million de conducteurs britanniques réclament des compensations, et les indemnisations pourraient atteindre plusieurs milliards de livres sterling. L'issue de ce procès pourrait établir un précédent juridique s'appliquant à neuf autres constructeurs faisant l'objet de plaintes similaires au Royaume-Uni.
Dix ans après le scandale qui a ébranlé l’industrie automobile mondiale, la Haute Cour de justice britannique examine depuis ce lundi une nouvelle affaire de « diesel truqué ». Cinq grands constructeurs – Renault, Stellantis (maison mère de Peugeot et Citroën), Mercedes-Benz, Ford et Nissan – sont accusés d’avoir équipé certains modèles de moteurs diesel de dispositifs destinés à tromper les tests d’émissions polluantes.Cette procédure collective, l’une des plus vastes jamais engagées au Royaume-Uni, pourrait concerner jusqu’à 1,6 million de conducteurs. Leurs avocats estiment que le montant global des indemnisations pourrait se chiffrer en plusieurs milliards de livres sterling.
Pendant environ douze semaines, les juges britanniques devront déterminer si les systèmes embarqués dans les véhicules incriminés ont effectivement permis d’identifier les phases de tests antipollution afin de réduire artificiellement les émissions d’oxydes d’azote. Ces pratiques, si elles sont confirmées, constitueraient une violation des réglementations environnementales en vigueur depuis la fin des années 2000.Les constructeurs concernés contestent fermement ces accusations. Ford et Mercedes qualifient les plaintes de « sans fondement ». Renault et Stellantis affirment que leurs véhicules respectaient les normes européennes au moment de leur commercialisation. Nissan n’a pas fait de commentaire.Selon le cabinet d’avocats Leigh Day, qui représente la majorité des plaignants, ce procès pourrait devenir une référence jurisprudentielle. Neuf autres fabricants – parmi lesquels Volkswagen-Porsche, BMW, Jaguar Land Rover, Toyota ou Hyundai-Kia – font également l’objet de procédures similaires au Royaume-Uni. Si la responsabilité des cinq constructeurs est reconnue, la décision pourrait servir de base à ces autres dossiers.
L’affaire dite du « Dieselgate » a éclaté en 2015, lorsque l’Agence américaine de protection de l’environnement a révélé que le groupe Volkswagen utilisait un logiciel permettant de fausser les mesures d’émissions polluantes. Depuis, le constructeur allemand a reconnu avoir équipé plus de 11 millions de véhicules dans le monde de ce type de dispositif, entraînant une facture supérieure à 30 milliards d’euros en amendes, rappels et indemnisations, principalement aux États-Unis.Au Royaume-Uni, Volkswagen avait été reconnu coupable en 2020 d’avoir utilisé un logiciel illégal et a conclu en 2022 un accord amiable de 193 millions de livres avec environ 91 000 conducteurs. Les nouvelles procédures ouvertes à Londres étendent désormais le champ de responsabilité à d’autres marques, européennes, américaines et asiatiques.
Au-delà de la question juridique, l’affaire relance le débat sur l’impact sanitaire de la pollution automobile. Les émissions d’oxydes d’azote, principales incriminées dans le Dieselgate, contribuent aux maladies respiratoires chroniques et aggravent la mortalité prématurée dans les grandes villes.Une étude du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA) publiée au printemps 2025 estimait que les moteurs diesel non conformes avaient causé plus de 16 000 décès prématurés en France entre 2009 et 2024, et pourraient provoquer 8 000 morts supplémentaires d’ici 2040 si rien n’est fait pour accélérer la transition.Pour les associations environnementales, ce nouveau procès pourrait inciter les États européens à durcir le contrôle des émissions réelles et à accélérer la sortie du diesel, encore massivement présent sur les routes malgré les objectifs de neutralité carbone.
En parallèle de la procédure britannique, Renault fait face en France à une enquête judiciaire distincte. Le parquet de Paris a requis, en juin 2025, un troisième procès pour tromperie aggravée, après ceux engagés contre Volkswagen et Peugeot-Citroën. Les investigations portent sur des modèles Euro 5 et Euro 6 vendus entre 2009 et 2017, soupçonnés d’avoir été calibrés pour limiter artificiellement leurs émissions lors des tests officiels.Ces affaires, qui se multiplient à travers l’Europe, rappellent que le Dieselgate reste un risque industriel et financier majeur pour les constructeurs. Au-delà des amendes, c’est la crédibilité technologique et la confiance du public dans toute une filière qui sont en jeu.