Continuer avec Google
Continuer avec Facebook
Continuer avec Apple
Après deux années d’ajustement, l’immobilier de prestige parisien retrouve de l’élan. Porté par le retour des acheteurs étrangers, une offre raréfiée et la prime aux biens rénovés, le marché du luxe affiche une reprise discrète mais solide.
Le signal était attendu : après un recul cumulé de près de 10 % entre 2022 et 2024, les prix du haut de gamme parisien cessent de s’éroder. Selon le dernier baromètre Vaneau, les promesses de vente ont bondi de +56 % sur un an. La capitale, longtemps plombée par la hausse des taux et la prudence fiscale des acheteurs étrangers, retrouve un attrait que même la conjoncture n’entame plus. Le retour des acquéreurs internationaux est le moteur de cette reprise. Ils représentent désormais 28 % des ventes enregistrées par Vaneau, un niveau inédit depuis 2019. Américains, Britanniques, Suisses et Moyen-Orientaux profitent d’un euro affaibli et de prix stabilisés pour revenir sur des adresses emblématiques : Saint-Germain-des-Prés, le Marais, le Trocadéro ou l’île Saint-Louis. Leur logique est claire : se positionner sur des biens rares avant que le marché reparte franchement. Du côté des Français, la demande se concentre sur les biens “clé en main”, parfaitement rénovés et sans défaut technique. L’écart de prix entre un bien rénové et un logement à travaux dépasse désormais +20 %. La rareté des appartements parfaits, couplée à un volume d’offres encore réduit, soutient les valeurs. Dans le triangle d’or, les transactions dépassent toujours 18 000 €/m² pour les biens d’exception.
Cette reprise reste toutefois très sélective. Le marché s’organise désormais à deux vitesses : d’un côté, des biens sans défaut, vendus en quelques semaines à des prix fermes ; de l’autre, des logements nécessitant rénovation, parfois en vente depuis plus d’un an. La baisse des taux directeurs engagée par la BCE n’a pas encore produit ses pleins effets, mais elle commence à réduire la nervosité des acheteurs. Autre moteur : le retour de la confiance. Les professionnels notent une accélération des visites et une reprise des signatures sans conditions suspensives, signe d’une clientèle solvable. « Nous assistons à une vraie réactivation du marché de prestige, tiré par les acheteurs étrangers et les Français de retour des placements financiers », explique Charles-Marie Jottras, président du groupe Daniel Féau – Vaneau. Pour les investisseurs, l’immobilier parisien demeure une valeur refuge tangible, avec un rendement implicite supérieur à l’obligataire réel en environnement désinflationniste. Les ventes de résidences secondaires et pieds-à-terre parisiens progressent également, notamment via des SCI familiales ou des acquisitions patrimoniales. Les acheteurs recherchent un refuge culturel et émotionnel, plus qu’une simple opération financière. « Un bien parisien, c’est aussi un symbole de transmission », ajoute un notaire du 7? arrondissement.
Au-delà des chiffres, c’est une redéfinition du luxe immobilier qui se joue. La demande ne vise plus seulement la localisation, mais la qualité de vie, les vues, la lumière, le silence, les matériaux. L’adresse compte toujours, mais l’émotion prime désormais. Le marché s’aligne ainsi sur les standards internationaux de Londres, New York ou Milan : rareté, excellence et authenticité. Si les perspectives économiques globales demeurent incertaines, Paris conserve son aura mondiale. L’organisation des Jeux olympiques a accéléré la rénovation de nombreux quartiers et renforcé l’attractivité de la capitale. Les prix ne reviendront pas à leurs sommets de 2021, mais le cycle de correction semble terminé. Le haut de gamme a repris sa marche : discrète, sélective, mais résolument ascendante.