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La Bourse de Paris a terminé la séance du lundi 20 octobre 2025 sur une progression modeste de 0,39%, s'inscrivant à 8 191 points en clôture. Cette performance en demi-teinte masque toutefois des évolutions contrastées au sein de l'indice phare, marqué par l'envolée spectaculaire de Kering après l'annonce d'une cession stratégique, mais également par l'effondrement de BNP Paribas suite à une décision judiciaire américaine. La séance a été ponctuée par un nouveau record historique atteint en cours de journée, avant un léger repli en fin de cotation, dans un contexte où les investisseurs digèrent la dégradation de la note souveraine française par l'agence S&P Global Ratings.
Le groupe de luxe Kering s'est imposé comme la vedette incontestée de la séance, bondissant de 4,83% à 324,50 euros. Cette envolée fait suite à l'annonce de la cession de sa division beauté à L'Oréal pour un montant de 4 milliards d'euros, une opération stratégique saluée par les marchés qui permet au groupe de se recentrer sur ses marques phares. L'Oréal, acquéreur de cette division, a également profité de cette opération avec une progression de 1,20% à 395,35 euros, les investisseurs y voyant une opportunité de renforcement dans le segment de la beauté premium. Le secteur technologique a également brillé avec STMicroelectronics en deuxième position du palmarès, gagnant 4,59% à 25,96 euros. Cette performance s'inscrit dans un mouvement plus large de rebond des semi-conducteurs européens. Les valeurs de la défense ont poursuivi leur ascension, Thales progressant de 3,71% à 254,50 euros, soutenu par la persistance des tensions géopolitiques en Ukraine et la résurgence du conflit à Gaza qui alimentent la demande pour les équipements militaires. Safran a emboîté le pas avec une hausse de 2,09% à 303,10 euros. L'aéronautique a également profité d'un vent favorable, Airbus s'adjugeant 1,65% à 203,70 euros après la finalisation d'une commande importante de 30 appareils A350 par la compagnie indienne IndiGo. Le secteur automobile a montré de belles dispositions avec Stellantis en hausse de 2,30% et Renault progressant de 1,60%, tandis que les poids lourds du luxe LVMH et Hermès consolidaient leurs positions avec des gains respectifs de 1,06% et 1,23%.
À l'opposé, BNP Paribas a subi un véritable krach boursier, chutant de 7,73% à 69,10 euros, ce qui en fait de loin la plus forte baisse de l'indice. Cette déroute fait suite à une décision de justice américaine particulièrement sévère : un jury a tenu la première banque française responsable d'avoir contribué au maintien du régime brutal d'Omar al-Bashir au Soudan, condamnant l'établissement à verser plus de 20 millions de dollars de dommages et intérêts à trois plaignants. Cette affaire ravive les questions sur la conformité et les risques juridiques pesant sur les grandes banques internationales, et pourrait ouvrir la voie à d'autres actions en justice. L'onde de choc s'est propagée à l'ensemble du secteur bancaire français, déjà fragilisé par les inquiétudes sur la santé financière de l'État. Société Générale a ainsi reculé de 1,19% à 53 euros, tandis que Crédit Agricole perdait 0,82% à 16,36 euros. Cette défiance envers les établissements bancaires tricolores intervient au moment où S&P Global Ratings vient d'abaisser la note souveraine de la France, ajoutant une couche supplémentaire d'incertitude. Les valeurs des services publics ont également souffert, Veolia Environnement abandonnant 1,30%, Orange cédant 1,22%, et Engie reculant de 0,41%. Le groupe d'assurance AXA n'a pas été épargné avec un repli de 0,74%, témoignant d'une prudence généralisée des investisseurs vis-à-vis des valeurs financières et réglementées.
Au-delà des mouvements individuels, la séance a été placée sous le signe de la dégradation surprise de la note de crédit de la France par S&P Global Ratings, qui a abaissé vendredi la notation du pays de AA- à A+. L'agence a justifié cette décision par des risques accrus pesant sur la consolidation budgétaire et une incertitude persistante concernant les finances publiques, malgré la présentation du projet de budget 2026 au Parlement. Cette révision à la baisse reflète les préoccupations croissantes sur la trajectoire de la dette française et la capacité du gouvernement à mettre en uvre les réformes nécessaires. Les rendements obligataires français ont d'ailleurs légèrement rebondi, l'OAT à 10 ans remontant à 3,38% contre un plus bas de deux mois à 3,31% la semaine précédente. Les investisseurs attendent désormais avec appréhension la revue de Moody's prévue le 24 octobre, où la perspective pourrait passer de stable à négative. Malgré ce contexte macro-économique tendu, le CAC 40 a réussi à toucher un nouveau sommet historique en séance, atteignant brièvement 8 239 points avant de se replier légèrement en fin de journée. Cette résilience témoigne de la capacité des marchés à dissocier la performance des entreprises de la situation budgétaire de l'État, même si cette dichotomie pourrait ne pas tenir indéfiniment si la situation des finances publiques continue de se dégrader.