LVMH retrouve une croissance modeste au troisième trimestre dans un marché du luxe sous tension

Une amélioration progressive mais contrastée selon les divisions

La division Mode et Maroquinerie, qui représente près de la moitié du chiffre d'affaires du groupe et plus des deux tiers de ses profits, a limité son recul à 2% au troisième trimestre, affichant 8,5 milliards d'euros de revenus. Cette performance constitue une nette amélioration par rapport au deuxième trimestre où la baisse atteignait 9%. Le groupe attribue cette résistance à la résilience de la demande locale, alors que l'année 2024 avait bénéficié d'une forte croissance des dépenses touristiques, notamment au Japon.

Louis Vuitton a maintenu son élan créatif avec les derniers défilés de Nicolas Ghesquière et Pharrell Williams, ainsi que l'ouverture de l'espace muséal The Louis à Shanghai, qui a attiré un nombre très élevé de visiteurs. Le lancement de La Beauté Louis Vuitton, nouvelle ligne de maquillage dirigée par Pat McGrath, a également rencontré un franc succès. Chez Christian Dior, le nouveau directeur de la création Jonathan Anderson a présenté son interprétation contemporaine du new look, avec des premières collections très bien accueillies.

La division Distribution Sélective a réalisé la meilleure performance avec une croissance de 7%, portée par Sephora qui continue de gagner des parts de marché dans de nombreux pays et de consolider sa position de leader mondial. DFS a vu ses tendances s'améliorer au troisième trimestre, particulièrement à Macao et Hong Kong. Les divisions Parfums et Cosmétiques ainsi que Montres et Joaillerie ont progressé de 2% chacune, tandis que Vins et Spiritueux a enregistré une légère croissance de 1% après plusieurs trimestres difficiles, bénéficiant d'une amélioration séquentielle des champagnes et d'une bonne performance des vins rosés de Provence.

Des disparités géographiques marquées par les effets de change et le tourisme

L'analyse géographique révèle des tendances contrastées selon les marchés. L'Asie hors Japon, marché dominé par la Chine, a enregistré une croissance de 2% au troisième trimestre, marquant une amélioration notable par rapport aux neuf premiers mois de l'année. La directrice financière Cécile Cabanis a indiqué lors de la conférence téléphonique que la performance en Chine se rapproche de la stabilisation, même si le contexte macroéconomique du pays n'a pas changé et qu'il faudra du temps avant d'observer un rebond complet.

Les États-Unis ont affiché une progression de 3% en organique, témoignant de la robustesse de la demande locale dans un environnement pourtant marqué par les tarifs douaniers de l'administration Trump et les incertitudes budgétaires. L'Europe a en revanche enregistré un recul de 2%, pénalisée par la baisse des dépenses touristiques et les fluctuations de change qui ont pesé plus lourdement sur le trimestre qu'en début d'année.

Le Japon a subi une contraction de 13%, reflétant une base de comparaison élevée après la flambée des dépenses touristiques en 2024 lorsque le yen était particulièrement faible. L'impact des devises a représenté un frein de 5% sur les revenus reportés au troisième trimestre, contre 2% sur les neuf premiers mois, soulignant la volatilité persistante du dollar américain et du yuan chinois. Sur le premier semestre 2025, LVMH avait réalisé un chiffre d'affaires de 39,8 milliards d'euros avec un résultat opérationnel courant de 9 milliards d'euros, soit une marge de 22,6%, en baisse de 15% par rapport à 2024. La demande locale s'est révélée solide en Europe et aux États-Unis sur cette période.

Renouvellement créatif et prudence face aux défis structurels

LVMH a intensifié sa stratégie de renouvellement créatif avec plusieurs nominations majeures. Le 14 octobre, jour de publication des résultats, le groupe a annoncé la nomination de Maria Grazia Chiuri en tant que directrice de la création de Fendi, maison où elle avait débuté sa carrière à la fin des années 1980. Cette nomination intervient après le transfert de Jonathan Anderson de Loewe vers Dior, tandis que Michael Rider a pris la direction de Celine et que Jack McCollough et Lazaro Hernandez ont rejoint Loewe.

Cecile Cabanis a souligné que le rôle du directeur de la création ne se limite plus à dessiner de beaux vêtements mais consiste à créer une culture, et que la stratégie du groupe repose autant sur le renouvellement créatif que sur les initiatives retail et les améliorations de performance. Le programme environnemental LIFE 360 du groupe a permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% depuis 2019, deux ans avant l'objectif fixé.

Dans ses perspectives, LVMH se dit confiant tout en restant vigilant face à un environnement économique et géopolitique incertain et volatile. Le groupe maintient une stratégie centrée sur le renforcement de la désirabilité de ses marques, en s'appuyant sur l'authenticité et la qualité de ses produits, l'excellence de sa distribution et une organisation agile. Les analystes restent partagés sur la capacité du secteur à rebondir durablement, le marché mondial du luxe étant attendu en croissance de seulement 1% à 3% par an jusqu'à 2027, après avoir atteint 1.500 milliards d'euros en 2023. Le quatrième trimestre sera confronté à une base de comparaison difficile, et la direction n'anticipe pas de retour à la croissance avant 2026.