CAC 40 :
7 950,18 pts
-0.18%


Dernière mise à jour : 07/11/2025 - 17h39
Annonce
Medicis ?>




Altaprofits

La France tente de sortir de l'impasse avec un gouvernement remanié et un budget sous haute tension

Après une semaine de turbulences politiques sans précédent, le gouvernement Lecornu II a été officiellement nommé dimanche 12 octobre au soir. Cette nouvelle équipe, composée de 35 ministres mêlant figures politiques et personnalités de la société civile, devra présenter dès mardi un projet de budget 2026 dans un contexte de déficit public record et de menaces immédiates de censure. Le Premier ministre Sébastien Lecornu, renommé vendredi après avoir démissionné moins de 14 heures après sa première nomination, fait face à un calendrier parlementaire extrêmement contraint et à une opposition déterminée à faire tomber le gouvernement.

La France tente de sortir de l'impasse avec un gouvernement remanié et un budget sous haute tension
Temps de lecture : 3 minute(s) - Par La rédaction | Mis à jour le 13-10-2025 13:46 | Publié le 13-10-2025

Un gouvernement recomposé entre continuité et renouvellement

Le gouvernement Lecornu II se distingue par un équilibre entre visages familiers et nouvelles têtes issues du monde de l'entreprise. Sur les 35 membres de l'exécutif, huit proviennent de la société civile, dont trois nominations particulièrement remarquées. Jean-Pierre Farandou, ancien président de la SNCF entre 2019 et 2025, prend la tête du ministère du Travail et des Solidarités. Monique Barbut, ancienne présidente du WWF, hérite du portefeuille de la Transition écologique. Serge Papin, qui a dirigé Système U pendant 13 ans, devient ministre des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme.

Ces nominations sont censées illustrer la volonté affichée par Sébastien Lecornu de constituer un gouvernement « de mission », au-delà des clivages partisans. Sur le plan politique, la répartition des portefeuilles maintient la domination du parti présidentiel Renaissance avec 11 ministres, suivi par Les Républicains avec six représentants, le MoDem avec quatre postes, Horizons avec trois ministres, et un représentant chacun pour l'UDI et le groupe Liot. Parmi les reconductions notables figurent Gérald Darmanin à la Justice, Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères et Rachida Dati à la Culture. Laurent Nuñez fait son entrée place Beauvau en remplacement de Bruno Retailleau, tandis que Catherine Vautrin passe des Affaires sociales aux Armées. Cette composition a immédiatement provoqué la colère du parti Les Républicains, dont le président Bruno Retailleau a annoncé le lancement de procédures d'exclusion contre les membres de son parti ayant accepté de rejoindre l'exécutif, considérant cette démarche comme une trahison de la ligne du parti.

Annonce
Medicis

Une course contre la montre pour présenter le budget 2026

Le premier conseil des ministres du gouvernement Lecornu II se tiendra mardi 14 octobre à 10 heures, avec pour mission prioritaire de présenter le projet de loi de finances pour 2026. Le calendrier constitutionnel impose une contrainte sévère, puisque l'article 47 de la Constitution prévoit un délai de 70 jours pour l'examen parlementaire du budget avant le 31 décembre. La date limite de dépôt était fixée au 13 octobre, soit ce lundi, ce qui place d'emblée le gouvernement dans une situation de tension calendaire.

Si ces délais ne sont pas respectés, la France pourrait se retrouver contrainte de recourir à une loi spéciale, comme ce fut déjà le cas début 2025, reconduisant les crédits de l'année précédente et gelant de fait les investissements de l'État. Le contexte budgétaire français demeure particulièrement dégradé. Le déficit public pour 2024 s'est établi à 5,8% du PIB, soit 169,6 milliards d'euros, constituant le pire résultat enregistré hors période de crise depuis la guerre. Pour 2025, le déficit devrait atteindre 5,4% du PIB.

Face à cette situation, Sébastien Lecornu a révisé à la baisse ses ambitions d'assainissement des finances publiques, évoquant désormais un objectif de déficit en dessous de 5% du PIB pour 2026, contre 4,7% initialement visés. Chaque dixième de point de déficit supplémentaire correspond à près de trois milliards d'euros de dépenses additionnelles. La dette publique a poursuivi sa progression alarmante, atteignant 115,6% du PIB à la fin du deuxième trimestre 2025, soit 3 416,3 milliards d'euros. Cette trajectoire s'éloigne de l'objectif européen d'un déficit maximal de 3% du PIB, que la France s'était engagée à atteindre en 2029. La charge d'intérêt de la dette pourrait dépasser 70 milliards d'euros en 2026, devenant potentiellement le premier poste de dépenses de l'État.


Newsletter Ideal Investisseur
Comme 21 000 investisseurs,
Rejoignez le briefing quotidien d'Idéal Investisseur !

Je m'inscris


Les menaces politiques pèsent sur la survie du gouvernement et l'économie française

Dès l'annonce de la composition du gouvernement dimanche soir, les oppositions ont clarifié leurs intentions. Marine Le Pen a confirmé que le Rassemblement national déposerait une motion de censure dès lundi, accompagnée de l'Union des démocrates pour la République. La présidente des députés RN a déclaré que le président de la République devait annoncer au plus vite la dissolution de l'Assemblée nationale pour permettre au peuple français de s'exprimer. Du côté de La France insoumise, le coordinateur Manuel Bompard a dénoncé les derniers restes de la macronie montés sur le radeau de la Méduse, annonçant le dépôt immédiat d'une motion de censure. Eric Coquerel, président de la commission des finances à l'Assemblée nationale, y voit un pur gouvernement macroniste à l'image du budget qui sera transmis à l'Assemblée mardi matin.

La survie du gouvernement Lecornu II dépend largement de l'attitude du Parti socialiste, qui détient une position charnière dans l'équilibre parlementaire. Le premier secrétaire Olivier Faure s'est contenté d'un laconique pas de commentaire, tandis que le secrétaire général Pierre Jouvet a estimé qu'il n'y avait pas de très bons signes. Le PS a posé plusieurs conditions pour éviter la censure, notamment la suspension de la réforme des retraites et l'engagement de ne pas recourir à l'article 49.3 de la Constitution.

Au-delà des enjeux politiques, cette instabilité pèse lourdement sur l'économie française. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a estimé sur RTL que l'incertitude politique coûtait au moins 0,2 point de croissance au pays. Dans une formule particulièrement frappante, il a déclaré que la France, traditionnellement locomotive de l'Europe, était aujourd'hui le wagon de queue. La croissance française pour 2025 devrait se limiter à 0,7% du PIB, et les prévisions pour 2026 ont été revues à la baisse, passant de 1,2% à environ 1% voire 0,9%. Cette paralysie freine les décisions d'investissement et d'embauche des entreprises, comme l'a souligné Patrick Martin, président du Medef. Sur les marchés financiers, la France paie le prix de cette instabilité avec une prime de risque qui s'est creusée, alourdissant le coût de la dette publique.