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Avec plus de 2 150 exits et 7 193 levées de fonds recensés depuis 2022, la French Tech traverse une phase de recomposition. Le premier semestre 2025 illustre ce paradoxe : moins d’opérations, mais des transactions plus grosses et plus sélectives. L’étude semestrielle de Y Ventures décrypte un marché qui bascule vers la maturité, porté par les méga-deals et la montée en puissance du Growth et du Private Equity.
Le marché français du M&A dans la tech enregistre en 2025 son premier rebond en valeur depuis deux ans. Pourtant, les volumes d’exits ont reculé de 13 % au premier semestre, à seulement 257 opérations – l’un des niveaux les plus bas observés depuis 2022. La dynamique est donc contrastée : d’un côté, un ralentissement quantitatif lié à un contexte macroéconomique et géopolitique incertain ; de l’autre, une flambée des montants agrégés (+33 %), portée par quelques transactions emblématiques. La cession d’Exclusive Networks (2,2 milliards d’euros), la vente d’Esker (1,6 milliard d’euros) ou encore l’opération sur Opcore (~0,4 milliard d’euros) symbolisent cette montée en gamme.
Cette évolution s’accompagne d’un changement de profil des deals. Les transactions “large cap” représentaient 4 % des exits en 2022 ; elles atteignent désormais 11 % en 2025. Ce basculement traduit une nouvelle maturité de l’écosystème, capable de produire des cibles de taille significative qui attirent des acquéreurs stratégiques comme des fonds de private equity.
Côté levées de fonds, le premier semestre 2025 confirme le caractère transitionnel du marché français. Avec 629 tours de table pour 3,0 milliards d’euros, l’activité recule de 10 % en volume et de 26 % en valeur par rapport au semestre précédent. La France fait mieux que l’Europe en termes de volumes (-10 % contre -44 %), mais reste en retrait en valeur (-26 % contre -12 %). Autrement dit, les opérations sont plus nombreuses que chez nos voisins, mais les tickets restent plus modestes.
La structure des levées illustre une recomposition nette : les petites opérations (<5 M€) progressent (+6 %), de même que les levées intermédiaires (5–50 M€, +8 %), tandis que les méga-deals supérieurs à 50 M€ s’effondrent (-43 %). Le capital-risque recule fortement : il ne pèse plus que 31 % de la valeur totale des levées, contre 56 % un an plus tôt. Ce sont désormais les financements Growth et Private Equity qui prennent le relais, concentrant les capitaux sur des entreprises plus matures, à la rentabilité mieux démontrée.
Certains secteurs tirent leur épingle du jeu. L’Industrial & Engineering Tech progresse de 45 % en valeur, soutenu par les levées de Loft Orbital (170 M€) et Sipearl (130 M€). La FinTech (+23 %) et la HealthTech (+22 %) retrouvent des couleurs, tandis que la Greentech marque le pas (-59 %). Quant à l’intelligence artificielle, vedette de 2024 grâce aux tours records de Mistral AI et Poolside AI (>500 M€ chacun), elle reste présente mais à une échelle plus mesurée, avec des levées notables comme Nabla (61 M€), Veesion (53 M€) ou Bioptimus (41 M€).
En filigrane, l’étude de Y Ventures dessine une French Tech en recomposition profonde : moins de volume, davantage de sélectivité, mais aussi une montée en puissance des opérations de grande taille. Autrement dit, un écosystème qui se rapproche progressivement de la maturité des marchés anglo-saxons, où la concentration des capitaux accompagne les entreprises les plus solides vers une nouvelle phase de croissance.