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La 15e édition du rapport Expected Returns de Robeco trace les perspectives économiques mondiales pour la période 2026–2030. Derrière la promesse d’une « renaissance » technologique portée par l’intelligence artificielle, les stratèges redoutent des vents contraires puissants : dette souveraine, inflation persistante, fragmentation géopolitique et politiques publiques incohérentes. Résultat : une croissance mondiale modérée, un environnement d’investissement plus sélectif et un futur où la diversification reste plus que jamais nécessaire.
Le scénario central de Robeco – baptisé « la Renaissance sans souffle » – table sur une croissance mondiale contenue. Le PIB américain progresserait de 2,1 % par an, tandis que la zone euro, le Japon et les émergents amélioreraient légèrement leur trajectoire. L’inflation resterait installée autour de 2,5 % dans les pays développés, avec une moyenne un peu plus élevée aux États-Unis (2,75 %), pénalisés par la baisse de l’immigration et la hausse des droits de douane.
Autour de ce scénario de base (50 % de probabilité), deux hypothèses alternatives complètent la grille de lecture :
La Renaissance lumineuse (15 %) : l’IA est massivement adoptée, la productivité s’accélère, l’inflation se stabilise, et les tensions géopolitiques s’apaisent. La mondialisation retrouve des couleurs et la croissance dépasse les tendances historiques.
Le Déclin spectaculaire (35 %) : les institutions internationales se fragilisent, la domination du dollar est remise en cause, les banques centrales perdent leur indépendance et la stagflation s’installe.
Autrement dit, les prochaines années s’annoncent marquées par une incertitude structurelle, où le meilleur comme le pire restent possibles.
Pour Robeco, ces scénarios appellent à revoir les allocations d’actifs. Les valorisations des actions américaines et du high yield apparaissent déjà tendues, laissant craindre des risques de correction. À l’inverse, les marchés émergents et la dette souveraine en devises fortes offrent, selon l’équipe de recherche, des perspectives de performance relatives plus favorables.
La leçon pour les investisseurs est claire : le monde qui vient sera plus sélectif, avec moins d’opportunités systématiques et plus de risques différenciés. Les classes d’actifs offrant des primes de risque supérieures à la moyenne deviendront plus rares. La discipline d’allocation, la gestion par scénarios et l’ouverture à des couvertures alternatives (matières premières, immobilier coté, stratégies non traditionnelles) seront essentielles.
Les auteurs soulignent également quatre thèmes structurants pour les années à venir :
l’utilisation du machine learning pour identifier de l’alpha dans les petites capitalisations,
la remise en question du rôle des dettes souveraines comme valeurs refuges,
la recherche d’alternatives liquides au private equity,
et le maintien du cap sur l’investissement durable, malgré un contexte plus polarisé.
Pour Peter van der Welle, stratégiste multi-actifs chez Robeco, “l’IA promet une renaissance de la productivité, mais cette renaissance manquera de souffle”. Dans un monde plein de paradoxes, les grandes inventions continueront de voir le jour, mais les vents contraires structurels limiteront leur portée économique. Pour les investisseurs, l’heure est à la prudence, à la diversification et à la préparation d’un futur incertain.