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L'économie singapourienne a enregistré une expansion de 2,9% en glissement annuel au troisième trimestre 2025, dépassant les anticipations des analystes qui tablaient sur 2%. Cette performance, bien qu'en net ralentissement par rapport aux 4,5% du trimestre précédent, témoigne d'une certaine résilience face aux vents contraires du commerce mondial. La cité-État, considérée comme un baromètre de l'économie mondiale en raison de son ouverture commerciale, parvient à maintenir une dynamique positive malgré les droits de douane américains qui pèsent sur ses secteurs exportateurs.
Le ministère du Commerce et de l'Industrie de Singapour a publié le 14 octobre des estimations préliminaires qui révèlent un ralentissement significatif de l'activité économique au troisième trimestre 2025. La croissance de 2,9% en glissement annuel marque le rythme d'expansion le plus faible observé depuis deux ans, bien qu'elle demeure supérieure aux projections du consensus économique. Sur une base trimestrielle corrigée des variations saisonnières, le produit intérieur brut a progressé de 1,3%, contre 1,5% au deuxième trimestre, signalant une décélération progressive mais contrôlée de l'activité. Cette évolution s'inscrit dans un contexte international marqué par l'intensification des restrictions commerciales imposées par l'administration américaine, qui ont notamment ciblé les secteurs pharmaceutique et électronique avec des tarifs pouvant atteindre 100% sur certains produits brevetés. Le secteur manufacturier, pilier traditionnel de l'économie singapourienne, a particulièrement ressenti ces pressions avec une croissance nulle en glissement annuel, contrastant fortement avec l'expansion de 5% enregistrée trois mois plus tôt. Les clusters de fabrication biomédicale et manufacturière générale ont subi des baisses de production qui ont neutralisé les gains réalisés dans d'autres segments industriels. Néanmoins, sur une base trimestrielle, le secteur manufacturier a rebondi avec une hausse de 6,1%, inversant la contraction de 0,7% observée au trimestre précédent. Cette volatilité reflète les stratégies d'anticipation des entreprises face aux barrières tarifaires, avec des phénomènes de préchargement des exportations qui ont temporairement soutenu l'activité avant de s'estomper.
L'analyse sectorielle révèle des trajectoires divergentes au sein de l'économie singapourienne. Le secteur de la construction a maintenu une dynamique positive avec une croissance de 3,1% en glissement annuel, bien qu'en décélération par rapport aux 6,2% du trimestre précédent. Cette expansion s'est appuyée sur la progression simultanée des projets publics et privés, témoignant d'une demande intérieure encore robuste. Toutefois, sur une base trimestrielle, le secteur a enregistré une contraction de 1,2%, inversant les 6,5% de croissance du deuxième trimestre, ce qui suggère une normalisation après une phase d'accélération exceptionnelle. Les industries de services ont affiché des performances contrastées, avec le commerce de gros et de détail ainsi que les secteurs du transport et de l'entreposage progressant collectivement de 2,5% en glissement annuel, contre 4,9% lors du trimestre précédent. Cette modération s'explique en partie par l'atténuation des activités de préchargement commercial qui avaient artificiellement gonflé les volumes au premier semestre. Les secteurs de l'information et des communications, de la finance et de l'assurance, ainsi que les services professionnels ont enregistré une croissance de 4,4% en glissement annuel, prolongeant la dynamique de 4,3% du trimestre précédent et démontrant la solidité des activités à forte valeur ajoutée. L'hébergement et la restauration ont globalement progressé de 4,1%, soutenus par l'augmentation des arrivées de visiteurs internationaux, bien que le secteur de la restauration ait pâti de l'intensification des voyages à l'étranger des résidents singapouriens.
L'Autorité monétaire de Singapour a indiqué que l'économie a enregistré une croissance de 3,9% sur les neuf premiers mois de 2025, un rythme supérieur à la tendance qui devrait se normaliser dans les trimestres à venir. La banque centrale a maintenu sa politique monétaire inchangée lors de sa réunion du 14 octobre, préservant le taux d'appréciation du dollar singapourien par rapport au panier de devises de ses principaux partenaires commerciaux. Cette décision reflète un équilibre entre une croissance économique plus solide que prévu et une inflation maîtrisée, l'inflation sous-jacente ayant ralenti à 0,3% en août, son niveau le plus bas depuis février 2021. Le ministère du Commerce avait relevé en août ses prévisions de croissance pour l'ensemble de l'année 2025, les portant à une fourchette de 1,5% à 2,5% contre une estimation initiale de 0% à 2%, reflétant la performance supérieure aux attentes du premier semestre. Toutefois, les perspectives demeurent assombries par l'incertitude persistante sur le commerce mondial, avec des risques orientés à la baisse selon les autorités. Les économistes privés ont révisé leurs anticipations, certains tablant désormais sur une croissance annuelle proche de 3%, voire 3,5%, même si le quatrième trimestre devrait connaître un ralentissement marqué avec une expansion potentiellement inférieure à 1% en glissement annuel. Les tarifs sectoriels américains, notamment sur les produits pharmaceutiques qui représentent environ 4 milliards de dollars singapouriens d'exportations vers les États-Unis, constituent une menace substantielle pour les secteurs orientés vers l'exportation, d'autant que des mesures similaires pourraient être étendues aux semi-conducteurs, secteur dans lequel Singapour occupe une position stratégique dans la chaîne d'approvisionnement mondiale.
