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À l’approche de la Journée internationale du testament, le 13 septembre, une enquête de l’ASAC-FAPES et de l’IFOP révèle une réalité préoccupante : seuls 10 % des Français ont rédigé un testament. Malgré l’importance des enjeux financiers et familiaux, la majorité continue de repousser l’anticipation de sa succession.
Les chiffres sont éloquents : à peine un Français sur dix a rédigé un testament, et seuls 22 % envisagent de le faire. Autrement dit, un tiers de la population seulement a pris ou prévoit de prendre cette précaution. Pire, cette proportion recule de cinq points par rapport à 2024.Les motivations de ceux qui franchissent le pas reflètent une logique pragmatique. Protéger son conjoint reste la première raison invoquée (55 %), devant la transmission de biens mobiliers comme des bijoux ou objets de valeur (33 %), ou encore la volonté de modifier la répartition de l’héritage entre héritiers (23 %).Ce déficit d’anticipation s’explique par plusieurs facteurs : la complexité perçue des démarches, le tabou culturel autour de la mort, mais aussi l’idée largement partagée que la loi organise déjà la succession. Pourtant, le droit français, s’il prévoit une réserve héréditaire, ne permet pas toujours de traduire la volonté personnelle du défunt.« Trop de Français repoussent encore la rédaction de leur testament ou la personnalisation de leur clause bénéficiaire, alors même que ces outils simples permettent d’anticiper sereinement et d’affirmer clairement ses volontés », souligne Nathalie Lejeune, directrice générale de FAPES Diffusion (ASAC-FAPES).
Au-delà du testament, l’assurance vie s’impose comme l’instrument préféré des Français pour préparer la transmission. Plus d’un sur deux (53 %) en détient, mais seuls 40 % ont pris la peine d’aller au-delà des ayants droit légaux dans leur clause bénéficiaire.Ce manque de personnalisation réduit l’efficacité du dispositif : alors que l’assurance vie permet d’adapter précisément la transmission en fonction de la situation familiale (enfants d’un premier mariage, proches non héritiers, petits-enfants), beaucoup se contentent de laisser s’appliquer la règle par défaut.Pourtant, l’outil est d’une souplesse inégalée : désignation libre des bénéficiaires, exonération de droits de succession jusqu’à certains plafonds, possibilité de lisser la transmission au fil du temps. En ne l’utilisant pas pleinement, les Français se privent d’un levier majeur d’optimisation patrimoniale et fiscale.Les notaires et assureurs rappellent qu’il suffit souvent de quelques lignes bien rédigées pour éviter des conflits familiaux ou des situations de blocage. Dans un pays où les héritages représentent un enjeu croissant de répartition des richesses, cette passivité interroge.
La question dépasse la seule sphère financière. Anticiper sa succession, c’est aussi préserver l’harmonie familiale. Trop de litiges naissent d’un flou autour des volontés du défunt, laissant place à des interprétations divergentes. À l’inverse, un testament clair et des clauses bénéficiaires adaptées peuvent désamorcer des tensions et assurer une transition apaisée.L’Observatoire rappelle que la transmission patrimoniale va devenir un enjeu majeur des quinze prochaines années, avec la vague d’héritages issue du baby-boom. Dans ce contexte, la pédagogie sur les outils de planification doit s’intensifier. Campagnes de sensibilisation, accompagnement par les professionnels, incitations fiscales : autant de leviers pour encourager les Français à passer à l’action.Si la France se singularise par un attachement fort à la solidarité intergénérationnelle, ce paradoxe reste entier : protéger ses proches est une priorité affichée, mais la préparation concrète de la transmission reste marginale. Entre déni et procrastination, l’enjeu est pourtant clair : anticiper, c’est éviter des fractures familiales et valoriser un patrimoine construit souvent sur toute une vie.