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Malgré un intérêt croissant pour les placements financiers, la majorité des Français restent vulnérables à leurs réflexes psychologiques d’épargnants. Selon une étude OpinionWay pour BlackRock, 82 % d’entre eux reconnaissent être influencés par des biais comportementaux.
L’essor de l’investissement individuel en France n’a pas encore effacé les réflexes de prudence hérités d’une longue tradition d’épargne sécuritaire. Selon le sondage OpinionWay réalisé pour BlackRock en septembre 2025 auprès d’un millier de personnes représentatives, 44 % des Français reconnaissent spontanément l’aversion au risque comme leur principal biais d’investissement. Autrement dit, face à deux scénarios équivalents – un rendement garanti à 3 % ou une espérance de gain équivalente assortie d’un risque de perte –, près de six Français sur dix choisissent la sécurité. Les écarts sont significatifs selon le profil : 59 % des femmes se montrent réticentes à la prise de risque, contre 50 % des hommes, tandis que les jeunes générations font preuve d’une plus grande appétence (57 % des 18-24 ans et 48 % des 25-34 ans). Cette prudence reste toutefois relative : 55 % des Français déclarent déjà investir ou envisager d’investir, signe que la culture boursière s’installe progressivement dans le patrimoine financier des ménages. Mais la connaissance des outils d’investissement demeure parcellaire. Seul un Français sur deux déclare maîtriser au moins une notion boursière de base (57 %), essentiellement les actions (49 %). Les concepts plus techniques – obligations, indices boursiers, portefeuilles de titres – ne sont bien compris que par un tiers des sondés. Les ETF, pourtant en forte croissance, ne sont bien connus que de 15 % des répondants, selon les chiffres croisés de l’Autorité des marchés financiers.
Au-delà de la peur de perdre, l’étude révèle d’autres biais persistants. Le biais de familiarité, d’abord, pousse 56 % des Français à privilégier un investissement dans un secteur ou une zone qu’ils connaissent, même au détriment du rendement. Le biais de suivisme, ensuite, reste fortement ancré : 46 % des sondés reconnaissent consulter avant tout leur entourage (amis, collègues, famille) avant de décider, plutôt que des professionnels. Cette dimension sociale de l’investissement est d’ailleurs plus marquée chez les femmes (50 %) que chez les hommes (42 %). Ces comportements s’expliquent souvent par un manque d’information structurée. 78 % des Français estiment que leurs mauvaises décisions financières proviennent avant tout d’un déficit ou d’une mauvaise compréhension de l’information, plutôt que de leurs propres biais. Pour autant, la prise de conscience progresse : près de six Français sur dix (59 %) reconnaissent que ces biais peuvent avoir des effets négatifs sur leurs placements, qu’il s’agisse d’opportunités manquées ou de pertes réelles. Face à ce constat, l’éducation financière apparaît comme la clé d’une évolution durable. 58 % des répondants déclarent vouloir renforcer leurs connaissances en matière d’investissement, via des sources traditionnelles (presse économique, conseillers financiers) mais aussi via les réseaux sociaux, surtout chez les plus jeunes. « Les acteurs financiers ont un rôle clé à jouer pour démocratiser les principes de base — diversification, gestion du risque, horizon long terme », souligne Estelle Castres, directrice générale de BlackRock France, qui appelle à un effort collectif d’acculturation.
Dans un contexte où les marchés deviennent plus accessibles grâce aux plateformes et aux produits indiciels, cette éducation reste la meilleure réponse à l’un des paradoxes français : un pays d’épargnants attachés à la sécurité, mais de plus en plus conscients que l’immobilisme peut, lui aussi, coûter cher.