Continuer avec Google
Continuer avec Facebook
Continuer avec Apple
Après une envolée de plus de 90 % en un an, l’action Netflix a connu une nette correction de 5,10 % le 18 juillet, tombant à 1209,24 dollars. Ce repli intervient malgré des résultats T2 2025 records, marqués par une croissance de 16 % du chiffre d’affaires et une marge opérationnelle atteignant 34 %. En arrière-plan, les analystes révisent leurs prévisions à la baisse, tandis que la valorisation s’écarte de ses moyennes historiques. L’entreprise garde des fondamentaux robustes, mais le marché questionne désormais le prix à payer pour cette croissance.
Le deuxième trimestre 2025 a confirmé la solidité du modèle économique de Netflix. Le chiffre d'affaires s’est établi à 11,08 milliards de dollars, en hausse de 16 % sur un an. Cette progression repose sur une combinaison de croissance du nombre d’abonnés, de hausses tarifaires et de la montée en puissance de l’activité publicitaire. Toutes les zones géographiques ont contribué à cette performance, avec une croissance à deux chiffres en données ajustées des effets de change (notamment +23 % en Amérique latine et +23 % en Asie-Pacifique).Surtout, la rentabilité s’est envolée : le bénéfice opérationnel atteint 3,77 milliards de dollars, en hausse de 45 % par rapport à l’année précédente. La marge opérationnelle ressort à 34 %, contre 27 % un an plus tôt. Le bénéfice net grimpe à 3,12 milliards de dollars (+47 %), soit un bénéfice par action dilué de 7,19 dollars. Ces chiffres sont supérieurs aux attentes des analystes, qui tablaient sur un BPA de 7,09 $.Cette performance opérationnelle s’appuie sur une discipline stricte sur les coûts. Le coût des revenus est resté stable en pourcentage du chiffre d'affaires (48 %), tandis que les dépenses en marketing, technologie et administration sont restées maîtrisées. Le cash-flow libre a atteint 2,27 milliards de dollars au T2, permettant de financer les rachats d’actions (1,5 million de titres pour 1,6 Md$) et de réduire la dette. Le groupe a remboursé 1 Md$ de dette au trimestre, pour une dette nette ramenée à 6,1 Md$.Le bilan reste robuste : 8,2 milliards de liquidités, aucun recours à la dette court terme, et un ratio de capitaux propres à 47 % du total bilan. Le levier financier est maîtrisé, avec une dette long terme équivalente à 25 % du total actif.Mais en miroir de cette performance, la valorisation s’est tendue. Le PER 2025 ressort à 33, bien au-dessus de la médiane historique (24,5) et très supérieur à la moyenne du secteur des médias (20,6). Cette prime implique une attente élevée de croissance bénéficiaire — actuellement estimée à 28 % par an — qui pourrait être difficile à maintenir à mesure que la base de revenus s’élargit.
Le levier principal de la dynamique de Netflix reste son modèle intégré d’abonnement + publicité. L’expansion de l’offre avec publicité — désormais équipée de sa propre plateforme technologique maison (Netflix Ads Suite) — monte en puissance. Le chiffre d’affaires publicitaire est en passe de doubler en 2025 selon la direction, avec des taux d’engagement jugés supérieurs à ceux des concurrents. Le succès des négociations publicitaires en “upfront” témoigne d’un intérêt croissant des annonceurs.Autre catalyseur : un catalogue de contenus renouvelé, localisé et internationalisé. La saison 3 de Squid Game (122 millions de vues) ou encore le film KPop Demon Hunters (80 millions de vues et bande-son numéro 1 mondial) illustrent la capacité de Netflix à créer des phénomènes culturels mondiaux. Le T2 a été riche en nouveautés, et le second semestre s’annonce encore plus dense avec Stranger Things (final), Wednesday (saison 2) ou encore Happy Gilmore 2.Sur le front technologique, le nouveau design de l’interface TV et l’intégration croissante de recommandations personnalisées en temps réel devraient accroître l’engagement. Netflix parie également sur le jeu vidéo avec des extensions d’univers (ex. Squid Game : Unleashed) et de premières synergies avec Roblox et GTA.Mais cette mécanique est désormais soumise à plusieurs vents contraires.D’abord, certains analystes tendant à réviser les bénéfices à la baisse à horizon 2027 depuis quelques semaines. Un signal d’alerte alors même que les attentes de croissance sont particulièrement élevées.Ensuite, le ralentissement relatif de la croissance de l’engagement par abonné soulève des questions. Malgré une légère hausse du total d’heures vues, la consommation moyenne par foyer est restée stable depuis 2,5 ans selon Netflix, ce qui pourrait peser sur le potentiel de croissance organique.Enfin, la pression concurrentielle s’intensifie. YouTube domine désormais en part d’audience TV aux États-Unis, tandis que Disney, Amazon et des acteurs gratuits comme Pluto TV grignotent du temps d’attention. Sur ce terrain, Netflix se veut offensif mais prudent : l’entreprise refuse de surinvestir dans les droits sportifs classiques, préférant se concentrer sur des événements exclusifs ou co-produits (comme la NFL à Noël, la boxe ou la WWE).
L’action Netflix affiche un PER prévisionnel de 33 pour 2025, soit une valorisation 60 % plus élevée que la moyenne sectorielle. À première vue, cette prime semble justifiée par la qualité du modèle économique, la solidité financière et la croissance bénéficiaire attendue. Mais à y regarder de plus près, plusieurs signaux nuancent cette lecture.Le ratio Book Value / Price est faible (6 %), en baisse par rapport à sa moyenne historique (9 %) et très éloigné de la moyenne sectorielle (40 %). Cela suggère une valorisation éloignée des fondamentaux comptables, typique des valeurs de croissance mais vulnérable en cas de retournement.Le consensus des analystes vise un chiffre d’affaires annuel de 44,9 milliards de dollars pour 2025 et un BPA de 25,90 dollars. Au cours de 1209,24 $, cela donne un PER implicite de 46,7 — encore plus élevé que le PER long terme affiché. L’objectif de cours fixé à 1350 $ correspond à un potentiel théorique de +12 %, mais reste conditionné à la capacité de Netflix à dépasser ses prévisions de croissance tout en maintenant ses marges élevées.Autre indicateur clé : la volatilité à 12 mois est de 31 %, supérieure à la moyenne des grandes capitalisations. Le beta (0,9) et la corrélation de 0,6 au S&P500 montrent une certaine indépendance du titre, mais aussi une sensibilité significative aux aléas spécifiques. Sur le plan technique, la tendance reste haussière depuis avril, mais le recul de 5,1 % du 18 juillet rompt temporairement cette dynamique. Il pourrait s’agir d’un test de support à court terme.
L’action Netflix reste emblématique d’un segment de marché en quête de croissance rentable. Avec un chiffre d’affaires en hausse de 16 %, un free cash-flow semestriel supérieur à 5,2 milliards de dollars et une politique active de rachat d’actions, le titre coche les cases d’une gestion orientée création de valeur pour l’actionnaire. Son positionnement global, sa capacité à générer des hits mondiaux et son contrôle des coûts en font une valeur structurante pour un portefeuille croissance.Mais l’horizon s’est légèrement assombri. Les premières révisions bénéficiaires négatives, l’affaiblissement relatif du momentum boursier et la valorisation déjà exigeante invitent à la prudence. La dynamique d’ensemble reste solide, mais l’écart entre prix de marché et valeur théorique devient un sujet stratégique pour les investisseurs.Dans une optique long terme, Netflix conserve une place justifiée dans une poche croissance, notamment en substitution partielle à d’autres GAFAN en phase de plateau. Pour les investisseurs plus tactiques, l’absence de dividende et la valorisation élevée incitent à privilégier une approche opportuniste. Le seuil des 1200 $ pourrait devenir une zone de consolidation. En dessous, un retour vers 1100 $ remettrait en question la prime actuelle.L’action est donc à considérer comme une valeur de conviction dans une stratégie croissance, à condition d’en surveiller activement les signaux techniques et les ajustements du consensus. Le marché exige désormais des preuves concrètes de poursuite de la dynamique bénéficiaire. Faute de cela, la prime pourrait se comprimer.
➸ L’action Publicis Groupe face à un dilemme de valorisation malgré des résultats semestriels solides
➸ Crédit immobilier : un atterrissage en douceur, mais la reprise reste hypothétique
➸ Marché boursier américain : forte volatilité sur les valeurs financières et technologiques