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Le marché américain a conclu jeudi sur une note contrastée, les indices majeurs restant quasi inchangés malgré la baisse de taux de la Banque centrale fédérale. Tandis que les valeurs technologiques et les industriels liés à l'intelligence artificielle s'envolent, portés par des résultats solides et des perspectives d'investissement massives, d'autres secteurs s'enfoncent, notamment après la débâcle de Fiserv. Le marché digère un message mitigé de Jérôme Powell, qui a jeté un froid en affirmant qu'une nouvelle baisse des taux en décembre n'était nullement certaine.
La Réserve fédérale a procédé mercredi à une nouvelle baisse de 25 points de base de ses taux directeurs, ramenant la fourchette cible à 3,75%-4%, confirmant ainsi les attentes du marché. Cette décision intervient dans un contexte d'inflation persistante et de préoccupations croissantes concernant l'emploi. Cependant, Jérôme Powell a porté un coup aux espérances des investisseurs en soulignant que le chemin vers une nouvelle réduction en décembre était loin d'être tracé. Une réduction supplémentaire du taux directeur en décembre ne peut être considérée comme acquise , a déclaré le président de la Fed, notant que le comité nourrit des opinions fortement divergentes sur la marche à suivre. Cette prudence reflète la position délicate de l'institution : maintenir l'emploi tout en contenant une inflation qui reste supérieure à ses cibles dans de nombreux domaines. Le vote n'a pas été unanime, avec un responsable de la banque centrale appelant à une baisse plus importante de 50 points de base et un autre préconisant le maintien des taux. La Fed a également annoncé l'arrêt, à partir du 1er décembre, de sa réduction progressive de son bilan (quantitative tightening), redirigeant ses investissements de titres vers les bons du Trésor pour assurer une liquidité suffisante aux marchés monétaires. Cette annonce visait à prévenir une nouvelle crise de liquidité bancaire.
Le secteur des semi-conducteurs a connu une journée extraordinaire, avec plusieurs valeurs affichant des gains à deux chiffres. Teradyne, le fabricant d'équipements de test, a bondi de 20,47%, porté par des résultats meilleurs que prévu stimulés par la demande robuste pour les solutions de test appliquées aux puces d'intelligence artificielle. Le quatrième trimestre devrait marquer une accélération, avec une croissance séquentielle de 25% attendue selon les prévisions de gestion. Seagate Technology a surgi de 19,11%, validant la confiance des investisseurs dans la demande future de stockage haute capacité pour les data centers. Western Digital a progressé de 13,18%, bénéficiant de la dynamique du secteur du stockage. Ces mouvements s'inscrivent dans un contexte d'annonces massives concernant les dépenses en capital (capex) des géants de la technologie. Microsoft, Alphabet et Meta ont tous augmenté leurs prévisions de dépenses d'infrastructure pour 2025 et affirmé que les investissements en 2026 seraient encore plus importants. Google prévoit désormais entre 91 et 93 milliards de dollars, Microsoft déclare que sa demande en capacité de cloud dépasse régulièrement l'offre, tandis que Meta dirige entre 70 et 72 milliards de dollars exclusivement vers l'infrastructure IA. Ces chiffres, qui dépassent les budgets d'États souverains, alimentent un optimisme quant à la réalité de la révolution de l'IA et sa capacité à générer des rendements. Caterpillar, le géant du matériel lourd, a grimpé de 11,63%, bénéficiant de la demande accrue pour l'équipement de construction et d'exploitation minière destiné à soutenir cette course technologique. Centene Corporation a bondi de 12,50%, Cummins de 6,51%, tandis que les industriels spécialisés dans l'énergie et l'électricité ont également enregistré des gains significatifs.
Alors que les secteurs technologique et industriel triomphaient, d'autres domaines connaissaient des débâcles spectaculaires. Fiserv, le géant américain des services de paiement et de technologie bancaire, a plongé de 44,04%, sa pire performance en tant que société cotée, après avoir choqué le marché avec une réduction drastique de ses perspectives. Le groupe a abaissé sa prévision de croissance organique annuelle de 10% à seulement 3,5%-4,5%, reconnaissant des attentes antérieures jugées objectivement difficiles à atteindre . Les bénéfices attendus pour l'année ont chuté de 10,15-10,30 dollars par action à 8,50-8,60 dollars, une réduction de près d'un tiers. Le nouveau directeur général Mike Lyons a attribué cette débâcle à une sur-estimation des perspectives de croissance en Argentine, à un manque d'investissement en produits clés et à une gestion inefficace des priorités. Cette catastrophe a contaminé ses pairs : Global Payments a reculé de 7,50%, Fidelity National Information Services de 6,72%, et Corpay de 6,12%. Dans le secteur plus large des technologies logicielles, Adobe s'est repliée de 6,13%, tandis qu'Enphase Energy, le leader du solaire résidentiel, s'est effondré de 15,15% après avoir fourni des prévisions d'avertissement pour le quatrième trimestre, confirmant la faiblesse de la demande européenne malgré une résurgence américaine. Caesars Entertainment a plongé de 15,21%, reflétant une nervosité plus large concernant les secteurs discréétionnaires face aux incertitudes macroéconomiques et commerciales. Ces mouvements contrastés soulignent une dichotomie de marché croissante, où les bénéficiaires de l'investissement massif en IA prospèrent tandis que les secteurs traditionnels et cycliques pâtissent d'une demande incertaine et de perspectives commerciales dégradées.
