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Les marchés américains ont clôturé jeudi sur une note prudente mais positive, le S&P 500 gagnant 0,58 % et le Dow Jones progressant de 0,31 %. Cependant, cette apparente sérénité masque des mouvements de fond importants, avec des divergences spectaculaires entre secteurs. Tandis que les valeurs industrielles et technologiques sélectives brillent, le secteur de l'assurance-maladie traverse une crise majeure, cristallisée par l'effondrement de Molina Healthcare. Cette séance reflète la persistance des tensions économiques structurelles aux États-Unis, particulièrement dans le secteur de la santé où les coûts médicaux explosent, dépassant largement les primes versées par les assureurs.
Le secteur industriel brille à nouveau, mené par une constellation de valeurs revitalisées. Dow Inc., le géant chimique, caracole en tête des gains quotidiens avec une spectaculaire progression de 12,95 %, clôturant à 24,51 dollars. Cette envolée intervient après les résultats trimestriels de la société, révélant une dynamique plus forte qu'anticipé malgré un contexte macroéconomique morose. Dover Corporation suit en retrait avec une hausse plus modérée de 8,12 %, tandis que Honeywell International gagne 6,81 %. Ces performances solides reflètent une demande sous-jacente plus robuste dans l'industrie lourde et les équipements spécialisés. Les sociétés pétrolières participent également à ce mouvement, avec Valero Energy progressant de 6,96 % après avoir dépassé ses estimations de bénéfices au troisième trimestre, portée par des marges de raffinage exceptionnelles et une utilisation des raffineries record de 97 %. Le secteur énergétique tire parti de la vigueur persistante des prix du pétrole, Brent s'établissant à 76 dollars le baril. Ce redynamisme des industriels suggère que certains secteurs commencent à absorber les pressions inflationnistes sans sacrifier les marges bénéficiaires. Cependant, cette euphorie n'efface pas les inquiétudes plus larges concernant la trajectoire économique, particulièrement face aux tensions géopolitiques et aux élections américaines imminentes.
La technologie offre un portrait nuancé en cette fin octobre, avec des vainqueurs spectaculaires et des dégâts collatéraux notables. Monolithic Power Systems grimpe de 6,93 % à 1 070,80 dollars, bénéficiant de la vigueur persistante de la demande de semi-conducteurs pour l'intelligence artificielle. D'autres fabricants de puces affichent également des gains respectables : KLA Corporation progresse de 4,01 %, tandis que Lam Research et Teradyne avancent respectivement de 4,45 % et 4,47 %. Intuitive Surgical, le fleuron de la robotique chirurgicale, s'apprécie de 4,61 %. Cependant, cette belle dynamique est fortement ternie par le débâcle de Super Micro Computer, qui plonge de 8,72 %, clôturant à 47,92 dollars. Le fabricant de serveurs AI, autrefois vedette du marché avec une progression de 2 000 % sur deux ans, souffre toujours des accusations d'irrégularités comptables formulées par Hindenburg Research, aggravées par la démission de son auditeur Ernst & Young en septembre. Cette fracture entre certaines valeurs technologiques et l'effondrement de Super Micro reflète une discrimination croissante des investisseurs, privilégiant les entreprises aux bilans irréprochables et aux perspectives de croissance durables sur celles entachées de doutes réglementaires.
Le secteur de l'assurance-maladie subit un véritable séisme, Molina Healthcare s'écroulant de 17,49 % à 161 dollars, la pire performance de la journée au sein du S&P 500. Cette dégringolade fait suite à des résultats trimestriels catastrophiques qui ont choqué Wall Street. La société a rapporté des bénéfices par action ajustés de seulement 1,84 dollar, loin en deçà des attentes de 3,89 dollars, soit une déception de 52,7 %. Le diagnostic est implacable : les coûts médicaux explosent hors de contrôle, particulièrement dans le segment des marchés de l'Affordable Care Act où le ratio de coûts médicaux consolidés a atteint un alarmant 92,6 % contre 89,2 % un an auparavant. Pour chaque dollar de prime encaissé, Molina dépense désormais plus de 90 cents en soins médicaux, une insoutenabilité économique. L'augmentation provient d'une utilisation beaucoup plus élevée que prévue des services de santé par les assurés, notamment en soins de longue durée, médicaments onéreux incluant les GLP-1, et services de santé comportementale. La riposte de la direction a été brutale : révision à la baisse de la guidance annuelle 2025 de 26,3 %, à environ 14 dollars par action au lieu des prévisions antérieures. Cette débâcle provoque un effet de contagion immédiat, Centene Corporation reculant de 4,61 %, UnitedHealth, Humana et Elevance Health subissant également des pressions. Le marché se demande anxieusement si l'ensemble du secteur de l'assurance-santé n'est pas entré dans une crise structurelle durable, alimentée par l'inflation médicale galopante que les primes ne peuvent plus suivre.
