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Le titre Airbus a progressé de plus de 25 % depuis le début de l’année 2025 et de 113 % sur trois ans, pour atteindre 193,10 € le 17 septembre. Après une phase haussière prolongée, la tendance technique de court terme se montre baissière, tandis que la pression acheteuse reste modérée. Les analystes demeurent majoritairement favorables, avec un consensus d’achat et des objectifs de cours relevés, notamment par RBC Capital qui vise désormais 220 €. La question est de savoir si cette dynamique repose sur des fondamentaux solides et si la valorisation actuelle laisse encore de la place à la hausse.
Airbus a publié le 30 juillet ses résultats du premier semestre 2025, qui donnent un aperçu détaillé de ses forces et faiblesses. Le chiffre d’affaires consolidé a atteint 29,6 milliards d’euros, en hausse de 3 % par rapport à l’an dernier. Cette progression masque des évolutions contrastées selon les divisions. L’activité d’avions commerciaux, qui pèse plus de deux tiers du total, a vu ses revenus reculer de 2 % à 20,8 milliards, conséquence de livraisons légèrement inférieures : 306 appareils contre 323 sur le premier semestre 2024. La cadence industrielle est restée conforme aux plans, mais les livraisons sont concentrées sur le second semestre en raison de pénuries persistantes de moteurs sur la famille A320.En revanche, les segments Hélicoptères et Défense & Espace ont contribué positivement. Airbus Helicopters a vu ses revenus progresser de 16 % à 3,7 milliards, avec 138 unités livrées contre 124 un an plus tôt. La division Défense & Espace a enregistré une hausse de 17 % de ses revenus à 5,8 milliards, profitant d’une meilleure visibilité des programmes militaires et spatiaux. L’amélioration de la rentabilité y est particulièrement notable : l’EBIT ajusté est passé de -807 millions au premier semestre 2024 à +265 millions en 2025, signal clair du redressement en cours.Globalement, l’EBIT ajusté du groupe s’élève à 2,2 milliards, en forte progression de 58 % sur un an, malgré le recul de la rentabilité sur les avions commerciaux (1,7 milliard contre 2 milliards un an plus tôt). Le bénéfice net a presque doublé à 1,5 milliard (1,93 € par action contre 1,04 € un an plus tôt), démontrant la capacité d’Airbus à générer du résultat même dans un environnement industriel complexe.La contrepartie de ces performances est un free cash flow avant financement clients largement négatif à -1,6 milliard, contre -529 millions un an plus tôt. Cette détérioration reflète la constitution d’inventaires pour préparer la montée en cadence des programmes et le nombre important d’avions produits mais non livrés faute de moteurs. La position de trésorerie nette recule ainsi de 11,8 milliards fin 2024 à 7,0 milliards fin juin 2025. Même si le niveau reste confortable, la baisse de 41 % interpelle : la flexibilité financière d’Airbus s’amenuise alors que l’entreprise doit continuer d’investir dans ses programmes et gérer une supply chain tendue.Le carnet de commandes demeure impressionnant : 8 754 avions commerciaux fin juin, soit plus de dix ans de production au rythme actuel, auquel s’ajoutent 926 hélicoptères. Les commandes nettes d’avions atteignent 402 unités au premier semestre, contre 310 un an plus tôt, confirmant l’attrait du portefeuille. La livraison récente du premier A220-300 à Air Niugini illustre cette dynamique : l’A220 s’impose comme un pilier sur le segment des monocouloirs régionaux.Ainsi, le premier semestre 2025 révèle une entreprise robuste dans ses perspectives commerciales et capable d’améliorer ses marges dans ses divisions historiques, mais contrainte sur sa trésorerie par des tensions industrielles et des investissements lourds.
Le principal catalyseur pour Airbus demeure la vigueur exceptionnelle de la demande mondiale. Les commandes nettes de 402 avions au premier semestre traduisent la résilience du secteur aérien, avec des transporteurs qui modernisent leurs flottes pour répondre à la croissance du trafic et aux exigences environnementales. Le carnet de commandes record de 8 754 appareils confère une visibilité stratégique rare dans l’industrie. De plus, l’accord récent entre l’Union européenne et les États-Unis sur un retour à une politique de « zéro tarif » dans l’aéronautique civile constitue un facteur externe positif : il réduit l’incertitude sur les échanges transatlantiques, alors que les tensions commerciales avaient pesé sur les perspectives du secteur.Airbus a également bénéficié d’une bonne performance de ses divisions Hélicoptères et Défense & Espace. La croissance à deux chiffres des revenus et l’amélioration sensible de la rentabilité offrent un relais stratégique : ces activités plus diversifiées amortissent la cyclicité de l’aviation civile et bénéficient d’un contexte de dépenses de défense en hausse en Europe. Le redressement de la division spatiale est particulièrement significatif après plusieurs exercices marqués par des provisions.Cependant, les freins restent importants. D’abord, la chaîne d’approvisionnement reste le talon d’Achille. Les problèmes de moteurs sur la famille A320 limitent les livraisons et génèrent des stocks coûteux, alors que la demande est forte. Les tensions avec Spirit AeroSystems, fournisseur majeur, retardent le calendrier de montée en cadence de l’A350 et de l’A220. Airbus vise désormais 14 A220 par mois en 2026 et 12 A350 en 2028, mais la réalisation de ces objectifs dépend d’une normalisation durable des approvisionnements.Ensuite, la génération de cash flow est fragilisée. Le free cash flow négatif de -1,6 milliard au premier semestre met en lumière le coût de la montée en cadence et la dépendance d’Airbus à des livraisons de fin d’année pour redresser sa trésorerie. La guidance 2025 prévoit 820 livraisons et un free cash flow de 4,5 milliards, mais cette trajectoire suppose une fluidité de la supply chain au second semestre. Tout retard supplémentaire réduirait cette ambition et inquiéterait les investisseurs.Enfin, la volatilité du titre reste notable : le bêta est de 1,47, traduisant une sensibilité presque 50 % supérieure à celle du STOXX600. Le marché sanctionne également les mauvaises nouvelles, même si Airbus tend à être moins affecté que certains concurrents dans un environnement haussier. En d’autres termes, les catalyseurs structurels existent, mais les freins opérationnels et financiers imposent une vigilance de court terme.
La valorisation d’Airbus reflète l’équilibre entre son potentiel de croissance et ses contraintes financières. Le PER prospectif de long terme s’élève à 18,7, contre 16,3 pour la moyenne sectorielle. Airbus se paie donc avec une prime, mais cette prime s’appuie sur une croissance bénéficiaire attendue de 20,5 % par an, supérieure de plus de cinq points à celle de ses pairs (15,6 %). Sur le plan historique, l’action reste également chère, au-dessus de sa médiane à 14,9 observée sur cinq ans.En comparaison, Safran affiche un PER plus élevé (23) et une croissance bénéficiaire de 21 %, tandis que Boeing se traite à 40 fois les bénéfices pour une croissance attendue à trois chiffres liée à son redressement post-crises. Airbus apparaît donc comme un compromis : une prime de valorisation justifiée par la visibilité de son carnet et une croissance rentable, sans excès spéculatif.Le rendement du dividende est aussi inférieur à la moyenne du secteur (2,4 %). Toutefois, le dividende de 3 € par action projeté en 2025 représente seulement 31,6 % des bénéfices, ce qui garantit sa soutenabilité. Airbus n’est donc pas un titre de rendement, mais le dividende reste un complément stable et sécurisé.Les analystes se montrent favorables : le consensus reste plutôt à l'achat. Les objectifs de cours ont été régulièrement relevés ces derniers mois : le médian est passé de 182 € il y a trois mois à 201 € aujourd’hui, soit un potentiel de hausse de 5 %. RBC Capital se montre encore plus optimiste avec un objectif passé de 200 à 220 € il y a quelques jours, ce qui implique une hausse de près de 14 % par rapport au cours actuel.
L’action Airbus se situe à la croisée des chemins entre une valeur de croissance et une valeur cyclique. Sa volatilité de près de 30 % sur un an et son bêta élevé la classent clairement parmi les titres sensibles aux cycles économiques et aux aléas du secteur aéronautique. Elle ne convient pas à un investisseur strictement défensif, mais elle constitue un levier d’exposition à la croissance mondiale du trafic aérien et à la transition vers des flottes plus efficientes.Dans un portefeuille, Airbus joue le rôle d’un pilier sur l’aéronautique civile, complété par des relais dans l’hélicoptère et la défense. Sa stratégie d’augmentation progressive des cadences (objectif de 75 A320 par mois en 2027, 14 A220 par mois en 2026) laisse entrevoir, si tout se passe bien, une trajectoire de croissance soutenue, mais dépendante d’une supply chain stabilisée. L’intégration prévue de certaines activités de Spirit AeroSystems, attendue fin 2025, renforcera son contrôle industriel, mais suppose un accompagnement financier et opérationnel rigoureux.Le titre se distingue aussi par un équilibre prudent entre rémunération des actionnaires et investissements. Le dividende reste modeste mais bien couvert, tandis que l’effort de R&D (1,4 milliard au premier semestre) confirme l’engagement dans la compétitivité future, notamment sur l’avion décarboné. Airbus ne privilégie donc pas le court terme mais construit une trajectoire industrielle de long terme, cohérente avec son carnet.Pour l’investisseur, le timing d’entrée n'en est pas moins délicat. La consolidation récente du titre et la tendance technique de court terme incitent à attendre un point d’appui plus clair avant d’initier une position importante. Mais la visibilité offerte par le carnet, l’appui du consensus d’analystes et la perspective d’une normalisation de la trésorerie en fin d’année soutiennent un scénario positif à horizon 12-18 mois.Airbus n’est pas un titre de rendement mais une valeur de croissance exposée aux cycles et aux risques industriels. Bien positionné dans un portefeuille diversifié, il représente une opportunité stratégique pour s’exposer à l’aéronautique mondiale, à condition d’accepter une volatilité marquée et une exigence de suivi attentif.
Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre purement indicatif et ne constituent en aucun cas une recommandation d’investissement, une incitation à acheter ou vendre un actif financier, ni un conseil en placement. Le lecteur est invité à réaliser ses propres recherches avant toute décision. Les investissements en bourse comportent des risques, notamment de perte en capital. La performance passée d’un actif ou d’un marché ne présage en rien de ses performances futures. Toute décision d’investissement doit être prise en tenant compte de votre situation financière personnelle, de vos objectifs et de votre tolérance au risque.